La peur de la deuxième vague

Moins de réanimations
(Photo AFP)

Il suffit de lire le bilan de la lutte contre la pandémie pour admettre que le confinement a produit des résultats très encourageants. Plusieurs facteurs expliquent cependant que le gouvernement hésite  à entrer dans le déconfinement dès le 11 mai.

LENTEMENT, mais sûrement, le nombre de patients en réanimation diminue, ainsi que le nombre d’admissions à l’hôpital et celui des cas nouveaux. La vie de 62 000 personnes ou plus a été sauvée parce que nos concitoyens sont restés chez eux et ont pratiqué les gestes-barrière.  Les pouvoirs publics ont donc décidé de fixer au 11 mai la date du début du déconfinement, ce qui semble avoir déclenché un relâchement de la discipline populaire et risque d’entraîner très vite une deuxième vague qui serait calamiteuse : elle effacerait les résultats positifs qui ont été obtenus par un système sanitaire certes à bout de souffle mais dont il faut saluer les progrès remarquables. La dialectique politicienne n’a pas peu contribué au désordre de la pensée nationale. Le public, toujours rétif, entend des voix discordantes, des accusations de type diffamatoire et des explications confuses dans la bouche de l’exécutif. Il faut le répéter sans cesse : les hésitations du gouvernement, qui, comme les meilleurs de nos scientifiques, a fait le choix de procéder selon la méthode empirique, doit gérer non seulement l’intérêt général, sanitaire, économique et social, mais aussi les effets imprévisibles de son action, sont parfaitement compréhensibles. Alors, oui, nous avons manqué de masques et de lits de réanimation. Oui, le gouvernement, très maladroitement, a prétendu que les masques étaient  inutiles parce qu’il ne les avait pas, puis qu’ils étaient indispensables parce qu’il les avait. Dans cette affaire, qui peut prétendre avoir toujours raison, qui ne se défausse jamais ?

Bouc émissaire.

Un peu de sang-froid, le minimum d’optimisme auquel nous sommes autorisés par les vies sauvées et le recul incontestable du virus, un peu de confiance accordée au gouvernement que nous ne pouvons pas légitimement changer avant les élections de 2022 devaient maintenir la cohésion nationale. Il n’en est rien car, si nombre de critiques sont acceptables et méritent un  débat, d’autres sont superflues, dictées par des intérêts partisans et souvent par la mauvaise foi. Mais il ne s’agit pas d’une partie de ping-pong. Il s’agit d’un enjeu dont dépend la survie de la société française. Or, quand l’opposition et les syndicats poussent des hurlements de colère à s’égosiller, quand diverses associations déposent plainte contre l’État, espérant de la sorte clouer au pilori des hommes et des femmes  confrontés à un fléau dont beaucoup de paramètres sont inconnus, quand s’exprime le parti du déconfinement immédiat et total, au mépris de la raison, quand en outre des forcenés du règlement de comptes veulent absolument désigner un bouc émissaire, les conditions ne sont pas réunies pour favoriser le lent retour à la normale. Qui est le traître ? Celui qui se dresse, au nom de sa propre conception de la démocratie, contre son gouvernement, ou celui qui s’efforce de mettre au point une méthode efficace de recherche de la solution et prend tous les risques de sa décision ?

L’injustice faite aux médecins et chercheurs.

Le plus grave, peut-être, c’est d’ignorer complètement l’effort fourni par les soignants qui n’est pas seulement admirable, mais efficace, pour mieux prétendre que nous vivons un enfer créé de toutes pièces par un exécutif ignare ou incompétent. Or c’est le même corps médical qui soigne les patients et les guérit par dizaines de milliers, et qui, en même temps, conseille les décideurs politiques. Quand on ne fait pas confiance au gouvernement, on ne fait pas confiance non plus aux médecins et chercheurs qui représentent pourtant notre unique espoir de vaincre la crise. On ne devrait pas pouvoir opposer à une majorité élue les divers sabotages commis par d’autres élus, mais minoritaires ; on ne devrait pas, dans une période de douleur nationale, jouer avec les institutions ; on ne devrait pas compliquer une tâche gouvernementale déjà aussi périlleuse. La victoire n’aura pas lieu si le pays ne l’obtient pas ici et maintenant. Ceux qui, au nom de leur droit, prolongent la crise par leurs discours et leurs initiatives désordonnées et surtout haineuses, sans rapport avec l’intérêt immédiat de la nation, commettent une faute historique. Dans cette société de 67 millions de plaideurs, qui a déjà accouché d’une procédure contre nos dirigeants devant la Cour de Justice de la République, les accusateurs risquent, à leur tour, de devoir s’expliquer un jour devant des juges.

RICHARD LISCIA

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10 réponses à La peur de la deuxième vague

  1. Alan dit :

    Tout à fait d’accord, merci Richard Liscia

  2. phban dit :

    Très juste, l’heure est à la cohésion, les semeurs de dissension devraient avoir honte.

  3. PICOT dit :

    Pas d’accord. 60 000 vies sauvées par le confinement? C’est bien. Mais combien de vies perdues par le retard à l’allumage (pas de masques, pas assez de tests, de places en réanimation, pas assez de respirateurs, etc..) et les grossiers mensonges des gouvernants ? Nous le saurons tôt ou tard. Et il n’est pas question de laisser passer ça. Ne rien dire au nom de la cohésion nationale ? Quelle cohésion ? Il y a belle lurette que nous voyons ces « politiques » gouverner contre nous (voir la destruction des régimes de retraite par exemple). De plus, oui, les soignants ont été en première ligne mais le gouvernement a surtout écouté les « experts » qui, pour la plupart, n’avaient pas de patients en charge, ne pas confondre les deux. Les médecins et autres professionnels de santé ont été sur le terrain et efficaces, oui, et ce malgré le gouvernement et l’administration qui bloquent et ne font rien avancer. Interdiction aux généralistes de prescrire de la chloroquine ? Parfaitement scandaleux. C’est le médecin qui sait ce qu’il faut faire pour son patient, pas le gouvernement. L’État s’occupe de ce qui ne le regarde pas.

    Réponse
    Le manque de masques et de respirateurs est dû aux gouvernements précédents.
    La réforme des retraites a été abandonnée.
    Le gouvernement a appliqué les conseils des médecins.
    La chloroquine est autorisée sous conditions et c’est une bonne chose.Le médecin seul ne sait pas tout. Il doit tenir compte des études qui sont publiées.
    Si « l’état ne doit pas s’occuper de ce qui ne le regarde pas », qui peut confiner et déconfiner ?
    R. L.

  4. Sphynge dit :

    Tout à fait de votre avis.

  5. Laurent Liscia dit :

    Mots vengeurs 😉 Aux US, la zizanie des « libertaires » continue à faire ses ravages et ces braves gens s’estiment patriotes. Give me Liberty or Give me Death. On ne peut pas éviter la deuxième vague, ni la troisième, probablement cet hiver ou l’année prochaine. Faudra-t-il reconfiner? Ou trouver d’autres méthodes? Les populations à risque ne seront pas tranquilles avant l’arrivée d’un vaccin. 2021 ?

  6. Doriel Pebin dit :

    Bravo et merci pour cette mise au point. Les mêmes (gilets jaunes, insoumis, front national, CGT et consorts) qui depuis plus d’un an ont tout fait chaque dimanche pour entraver l’action gouvernementale et semer délibérément le désordre, s’étonnent que ce même gouvernement ne soit pas prêt et hésite devant cette crise inédite au niveau mondial. II est évident qu’en fin d’année dernière, en pleine grève pour les retraites, il est « clairement inadmissible » que le gouvernement n’ait pas réagi aussitôt à la nouvelle venant d’une ville peu connue de la Chine annonçant que quelques malades avaient un problème infectieux. Leur intérêt individuel corporatiste, politique et égoïste passe largement avant l’intérêt commun. Espérons que la population ait le bon sens de reconnaitre cette entreprise de démolition très peu respectueuse de la démocratie.

  7. mannechez dit :

    Totale confusion mentale, ça ne vaut même pas la peine de s’expliquer.
    Procédure à l’encontre de » nos dirigeants », ce sont vos dirigeants, pas les miens, à presque 70 ans et 40 ans de médecine de terrain, je n’ai pas besoin d’eux pour savoir le bien ou le mal ! Vos dirigeants sont des bras cassés, arrivés là par un hold up électoral
    Vous ne savez pas que vos dirigeants sont à titre préventif en train de s’amnistier ?

    Réponse
    Non, mais je sais qui leur fait un procès scélérat. Je constate que certains, à bout d’arguments, en sont à l’imprécation. Votre âge, jeune homme, ne signifie pas forcément que vous êtes clairvoyant.
    R. L.

  8. Bulté dit :

    Il y a beaucoup de confusions dans ce que vous écrivez. Beaucoup de raccourcis. Mais qui s’oppose à vous est un haineux. Vous n’avez pas l’impression d’être isolé, quand on lit les deux autres blogueurs du QDM ?
    Réponse
    J’ai surtout l’impression d’être libre. Confusions et raccourcis sont dans votre tête.Si vous en êtes à juger sans la moindre argumentation, c’est que vous n’avez rien à dire mais que vous écrivez quand même. Quant aux autres blogueurs du Quotidien, ils sont arrivés très longtemps après moi, et ils sont tout aussi libres que moi.
    R. L.

  9. Picot dit :

    Les deux autres blogueurs, M. Liscia, moi en tout cas, vous lisent depuis 20 (ou 30 ans?). Je me souviens que j’étais tout à fait d’accord avec vos commentaires, à l’époque, lorsque je les lisais, entre deux patients. Mais internet est passé par là, ce qui nous a permis de prendre conscience des forfaitures des gens qui prétendent nous diriger depuis au moins 40 ans, droite et gauche confondus (ce sont les mêmes zèbres). Pas d’arguments? Nous en avons des tonnes. Mais, effectivement, libre à vous et libre à nous d’y croire ou pas.

    Réponse
    Depuis 32 ans. Je ne savais pas que vous étiez blogueur. Mais si vous l’êtes, pourquoi intervenir sur mon blog ?
    R. L.

  10. mathieu dit :

    C’est bien triste, mais que voulez-vous, c’est la France! Nous n’avons jamais été un pays d’union nationale. Tout le siècle écoulé démontre qu’aux crises les plus graves, le jeu politicien, les calculs personnels et la tentation de tirer les marrons du feu n’ont jamais connu de pause : guerres mondiales, « évènements d’Algérie », mai 68, crise des gilets jaunes… les charognards sont toujours prêts à tirer profit d’un pouvoir qui vacille, sauf peut-être et pour peu de temps, lors des attaques terroristes. C’est le jeu…mais sommes-nous vraiment dupes des postures convenues et opportunistes des donneurs de leçons, qui vont au combat rituellement et invariablement, comme on va faire ses courses ?

    Réponse
    Très bien vu et très bien dit.
    R. L.

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