Reconfinement impossible

Le dilemme de Macron
(Photo AFP)

Nous avons considérablement réduit les effets néfastes de la pandémie en mettant en œuvre un confinement de plus de deux mois dont les conséquences économiques représentent un sacrifice national historique. L’hypothèse d’une deuxième vague en septembre ou plus tard n’est exclue par aucune autorité en la matière. Un nouveau confinement semble néanmoins hors de portée.

LE CONFINEMENT aura été un choix entre Charybde et Scylla. Nombreux sont nos concitoyens qui en ont beaucoup souffert, mais c’est la totalité du pays qui en paie maintenant le prix, sous la forme de chômage, d’endettement, et de déséquilibres fondamentaux. Il ne faut pas être pessimiste. Le retour actuel à l’activité avec ses conséquences prévisibles (pollution, embouteillages, fatigue des travailleurs, notamment en période de canicule) se déroule avec une dynamique réconfortante. Les Français sortent de la torpeur en croyant sincèrement qu’ils vont réussir à remonter la pente. Les statistiques ne sont pas réjouissantes : baisse sensible du produit intérieur brut (moins 10 % environ pour cette année), reprise l’an prochain mais sans rétablir le niveau de PIB de 2019, un million de chômeurs supplémentaires. Le contexte inquiétant n’empêche pas l’enthousiasme de nombre de travailleurs, comme s’ils voulaient démentir des chiffres pourtant soigneusement calculés (et révisés chaque semaine).

Une crise incontrôlable.

La pandémie n’est pas vaincue. Ceux des pays qui ont hésité à confiner se heurtent à une crise presque incontrôlable, comme les États de New York et Floride. L’Allemagne elle-même, qui a su juguler l’épidémie dès le début, se retrouve maintenant avec des clusters à l’Est qu’elle s’emploie à diminuer. La Chine, première sortie du marasme, retrouve à Pékin des foyers importants. Sans parler de l’Afrique et de l’Amérique latine. Nous-mêmes avons nos « pompiers » anti-virus qui se battent chaque jour contre des « départs de feu » inattendus. Certains gouvernements ont décidé de reconfiner pour empêcher la deuxième vague de se produire. La méthode, qui aura été l’arme unique et ultime contre la pandémie en France et ailleurs, peut-elle être appliquée de nouveau chez nous ? Le gouvernement s’est efforcé, jour après jour, de remettre en place tous les services, toutes les activités, souvent avec des conditions drastiques qui limitent leur plein essor. Chaque jour qui passe est une épreuve parce qu’il s’agit de remettre en marche l’économie bien que le virus, lové dans nos structures, menace de se répandre de nouveau dans la population. En outre, il apparaît que, avec le mot d’ordre de travail, un certain laxisme se fait jour, les gens oubliant parfois ou souvent d’accomplir les gestes-barrières, masques et distanciation. Enfin le Covid-19 garde tout son mystère, la plupart de ses paramètres restant inconnus. Aucun traitement sûr n’a été trouvé et la fabrication d’un vaccin prendra des mois ou des années ou, comme pour le Sida, ne sera jamais mise en place.

Un accord avec l’hôpital ?

Le danger est sérieux et le sera davantage à l’automne. Cependant, la France ne saurait envisager de décréter un nouveau confinement : le désastre économique est d’une telle ampleur que la première responsabilité de l’exécutif, aujourd’hui, est de combattre la pandémie par d’autres moyens. Il avait choisi la vie contre la prospérité, il choisira désormais le retour à la normale économique contre le confinement qui protège des vies.  Ce ne sera ni du cynisme ni de l’indifférence, mais une façon de préférer l’avenir au présent, étant entendu que la vigilance des services sanitaires devrait permettre le contrôle de tous les foyers d’épidémie. Depuis mars, les pouvoirs publics avancent sur une ligne de crête très étroite  entre deux abîmes à droite et à gauche. Le prix payé en euros est si lourd que le pays n’a plus les moyens de s’offrir un deuxième confinement qui, pratiquement, transformerait la France en pays sous-développé. Dans la rénovation des structures nationales que va entraîner forcément la crise sanitaire, l’accent doit être mis sur la création d’un système d’alerte capable de nous faire réagir avec vigueur contre toute nouvelle menace virale. Un accord semble se dessiner entre personnels hospitaliers et gouvernement, au coût de six milliards d’euros. Cet accord est indispensable. Il faut que les soldats de la santé soient bien payés. Il faut que nous soyons bien protégés car le virus n’a pas disparu, loin de là.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Reconfinement impossible

  1. Laurent Liscia dit :

    Aucun pays n’a les moyens du reconfinement, même pas les États-Unis où la planche à billets tourne allègrement. Trump semble d’ailleurs vouloir acheter une partie de l’électorat qu’il est en train de perdre en proposant une deuxième tournée de stimulus. Mais personne ne parle de refermer l’économie – on insiste plutôt sur les mesures prophylactiques, port du masque, distanciation autant que possible, télé-travail. Le laxisme est évident partout. La population ne semble plus capable de rester disciplinée … Mais elle n’h&sitera pas à se retourner contre ses dirigeants quand les chiffres de mortalité reviendront à leur niveau d’il y a deux mois. C’est la ligne de crête que tu décris.

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