Macron joue la montre

Macron en pleine démonstration
(Photo AFP)

Le président de la République a eu hier un entretien avec la presse régionale, au cours duquel il s’est livré à l’un de ses exercices favoris : parler de tout, sauf de l’essentiel, c’est-à-dire de la composition de son prochain gouvernement.

ÉDOUARD PHILIPPE a donné la démission de son gouvernement et l’ultime conseil des ministres, prévu pour ce matin, a été annulé. Le week end sera donc consacré à cet acte de souveraineté pendant lequel le chef de l’État décide, ou ou non, s’il change de Premier ministre et choisit un à un ses nouveaux ministres, en respectant la parité et l’équilibre des tendances politiques, et en s’assurant des compétences des personnes désignées. Dans ses déclarations à la presse régionale, le président de la République a indiqué qu’il voulait reprendre la réforme des retraites, mais « transformée », ce qui a fait bondir de rage la CGT et Force ouvrière. Il s’est donc montré précis sur un sujet susceptible de provoquer une rentrée agitée, sans laisser passer le moindre sous-entendu en ce qui concerne le choix de son Premier ministre. Il faudra bien, toutefois, que son choix soit fait définitivement dans les heures qui viennent car les candidats-ministres sont désignés par le président sur proposition du Premier ministre.

Revoilà la réforme des retraites.

« La rentrée sera dure », a dit Emmanuel Macron, proférant une vérité partagée par tous les Français. On se posera des questions sur la volonté d’incendier le dialogue avec les syndicats dans une aussi mauvaise conjoncture, propice à un chômage massif et à un énorme déficit budgétaire. On aura remarqué que, si les Français n’attribuent pas l’épidémie de Covid-19 à leur gouvernement, ils en ont critiqué la gestion. Les rancœurs accumulées pendant le confinement et après ne forment pas un contexte favorable à une négociation aux complexités multiples dont nous avons déjà tous fait l’expérience. Être nommé ministre aujourd’hui n’est pas une sinécure et les personnalités pressenties se tâteront avant d’accepter. Je ne dis pas que la réforme du système des retraites est celle de trop, elle est plus que jamais indispensable, même si elle terrorise la plupart de nos concitoyens. Mais il n’aurait pas été inconvenant de la différer pour en reprendre le cours l’année prochaine dans un climat plus apaisé.

La synthèse écono-écolo.

Le redressement économique et social est la priorité, même si la pandémie se poursuit et même si une « deuxième vague » se produit. Il se heurtera aux ambitions climatiques car nous n’avons pas encore mis au point la formule magique qui allierait superbement la croissance à la protection de l’environnement. Le résultat des élections municipales a convaincu Emmanuel Macron de changer les projets et les têtes pensantes pour arriver à l’heureuse synthèse de la production et du verdissement. S’il pense aux élections générales de 2022, il devrait plutôt créer un contexte serein pour appliquer un programme qui n’a encore jamais été essayé et qui risque d’inquiéter beaucoup de Français. Au contraire, il espère rallier à son panache présidentiel cet électorat qui, revenu de tout, croit trouver enfin un changement avec les écologistes.  Mais pour la cuisine nouvelle, les chefs ont les mêmes recettes : à un parti qui imite un modèle, les Français préfèrent toujours l’original.

Les cris émerveillés des spectateurs de la montée en puissance d’EELV n’ont pas recouvert une réalité plus profonde, à savoir qu’il y a une différence fondamentale entre des élections locales et des élections nationales. M. Macron l’a d’ailleurs dit : il n’est pas impressionné par la défaite de la REM aux municipales parce qu’il s’y attendait et que les sondages (trop précoces) sur l’élection présidentielle montre que « l’horrible fatalité » d’un duel Macron-Le Pen au second tour ne disparaîtra pas en 2022. Le canevas est lié à la Vè République, au mode de scrutin, majoritaire à deux tours, et à la volonté nationale de donner au finaliste la légitimité requise. Un parti remporte l’Élysée, il perd ensuite toutes les élections intermédiaires. Donc les municipales, les régionales et les sénatoriales. Il peut s’agir d’une lente descente aux enfers. Il peut s’agir aussi du rôle de l’abstention dans les scrutins locaux, et rendre toutes ses forces au parti présidentiel.

RICHARD LISCIA

PS-France Info affirme qu’Édouard Philippe n’est plus Premier ministre. Wait and see.

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Une réponse à Macron joue la montre

  1. Laurent Liscia dit :

    L’ami Macron persiste et signe 😉 FO et CGT bondissent ? Mais voilà qui nous le rend sympathique.

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