La pandémie repart

Trop près les uns des autres
(Photo AFP)

L’indiscipline, les vacances, le refus de beaucoup de nos concitoyens d’écouter les conseils de prudence des médecins ont permis au virus de revenir en force dans certaines parties du territoire, à l’Est, en Île-de-France et en Bretagne.

DEUX raisons expliquent  le retour du Covid : le relâchement de la population, mais aussi la perversité avec laquelle le virus se joue des hypothèses les plus raisonnables. On attendait un répit pendant l’été, il n’en est rien, la chaleur ne le dérange guère. On croyait à l’immunité post-contagion, des séquelles apparaissent qui prolongent la maladie. La médecine a appris beaucoup de choses en luttant contre le virus, mais nombre d’énigmes n’ont pas été résolues. Or le déconfinement a été mal compris par une grande partie de la population qui a cru au retour à la liberté de tous les mouvements. Il n’en est rien, le virus est là et d’aucuns disent même qu’il est dans l’air. Dans cet ensemble de perplexités, deux choses sont sûres : nous ne reconfinerons pas comme nous l’avons fait une première fois : ce serait un désastre économique et social dont nous ne pourrions pas nous relever. Mais les soignants iront se battre sur les territoires choisis par le virus et certaines zones seront alors confinées.

Ce n’est pas une plaie d’Égypte.

Port du masque obligatoire dans les lieux publics, respect de la distanciation sociale, lavage des mains systématique (jusqu’à 10 fois par jour), il n’a rien de sorcier ni de très difficile dans l’application des moyens de la prévention. Beaucoup de nos compatriotes continuent à croire que les efforts réclamés par l’État (en l’occurrence les médecins) sont soit excessifs, soit inutiles. Ils n’établissent aucun rapport entre la baisse drastique de la mortalité par virus et la qualité des soins prodigués à l’hôpital. Ils imaginent avoir été victimes d’une plaie d’Égypte qui a fini par reculer. C’est une analyse erronée. Le virus n’a jamais quitté le territoire et sa résurgence est liée au moins en partie au déconfinement. De fait, le dilemme du pouvoir n’a pas changé : il s’agit à la fois de déconfiner pour remettre l’économie à flots et de maîtriser le virus. Il ne pourra y parvenir qu’avec l’aide de la population. Elle tient entre ses mains les solutions des deux problèmes : sanitaire et économique. D’où la campagne du gouvernement dont on dirait qu’elle est alarmante si les nouveaux clusters ne prouvaient que les craintes officielles sont fondées. Si dans l’indiscipline il y avait ne fût-ce qu’une once de défi à l’autorité publique, ce serait uns scandale.

L’unité par le virus.

Car il faut quand même admettre que tout n’est pas politique dans cette affaire. Si nous sommes divisés, il faut être idiot pour ne pas comprendre que le virus se charge de nous unir. En effet, il ignore le nord et le sud, la gauche et la droite, les commentaires des imbéciles qui affirment avec entêtement qu’ils « ont besoin d’un répit », comme si la contagion n’était pas pire que les gestes-barrières. Ils vont même jusqu’à soupçonner les pouvoirs publics d’inquiéter inutilement la population et de faire de la pandémie l’unique raison de leurs difficultés. On voudrait leur demander de gouverner eux-mêmes, de trouver quelques centaines de milliards pour protéger les emplois et la machine économique, de remplacer les soignants fatigués, et surtout de ne pas se plaindre s’ils sont à leur tour contaminés. Il y a pire que la méchanceté, c’est la bêtise.

RICHARD LISCIA

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5 réponses à La pandémie repart

  1. PICOT dit :

    Encore d’accord avec vous. Il va falloir faire ce que nous aurions du faire dès le 1er janvier :
    1- Masquer, et masquer partout, dans les lieux clos ET les lieux publics, au lieu de nous dire que cela ne servait à rien. Énorme faute du gouvernement. Interdiction de sortir sans masque. Mais il n’y en avait pas! Conséquence : un confinement catastrophique sur le plan économique et qui n’aurait jamais du avoir lieu. 2- Se laver les mains souvent. 3- Tester en masse, isoler les cas positifs seulement, et traiter les malades immédiatement à domicile d’abord : mais traitement Raoult interdit donc pas possible et il n’y a pas assez de tests. Autres erreurs tragiques. Il faut bien saisir : si tout le monde est masqué et fait attention (les gestes barrières) le virus ne circule plus, la plupart peuvent continuer à travailler et l’épidémie sera bien mieux contrôlée avec un deuxième confinement catastrophique évité. C’est maintenant que ce gouvernement devrait être autoritaire, mais de façon intelligente cette fois.

    Réponse
    Vous avez une façon très particulière d’être d’accord. Le 1er janvier ? Je n’ai pas votre talent divinatoire. Citez-moi un seul pays où la pandémie ne s’est pas traduite par une crise économique. Macron aurait dû vous nommer Premier ministre ! Le traitement Raoult n’a jamais fait ses preuves, mais vous vous y accrochez quand même, avec toute votre intelligence béate et supérieure à celle des gouvernants et de la médecine nationale. Quant à l’autorité, non merci : pas si VOUS avez l’autorité !
    R. L.

  2. admin dit :

    Laurent Liscia
    L’exaspération du public confiné produit une sorte d’ignorance délibérée. Un vrai plan de santé publique devrait être assorti de mesures imaginatives pour encourager la sociabilité à domicile: clubs vidéo, débats sur Internet, émissions de télé ou le public peut intervenir. Je suis surpris par le manque de dynamisme de ce côté, même dans la Silicon Valley.

  3. Michel de Guibert dit :

    Excellente analyse !
    On peut juste regretter que les pouvoirs publics aient toujours un train de retard (quand on décide le confinement, c’est tout de suite, pas dans 3 ou 4 jours ; quand on décide le masque obligatoire, c’est tout de suite, pas dans 15 jours, etc.), mais il est vrai que l’art est difficile quand des imbéciles irresponsables réclament un « répit » ou prétendent s’affranchir des mesures-barrières au nom de la « liberté », au mépris des autres…

  4. mathieu dit :

    Un grand pragmatisme collectif, instinct primaire de l' »animal social », s’est, malgré tout emparé de la population :
    – les aînés, premières cibles du mal, se sont très majoritairement claquemurés et caparaçonnés derrière masques, barrières, distance et hydrogel. Instinct de survie.
    – les jeunes s’entassent sans limite ni barrière dans tous les lieux publics… au risque – mesuré – d’une forme mineure de la maladie. Instinct de vie (sociale).
    Roulette russe avec une seule balle (à blanc) dans le chargeur pour ceux-ci, une seule chambre vide pour ceux-là !
    Comme le chantait Momo, « Et tout ça ça fait, d’excellents Français, d’excellents soldats, qui marchent au pas. » Le pari n’est d’ailleurs peut-être pas si incohérent : alors que les cas positifs se multiplient depuis trois semaines sur le territoire, le nombre de cas en réanimation continue de décroître.

  5. Doriel pebin dit :

    Cette situation d’irresponsabilité d’une partie de la population, les jeunes malheureusement, témoigne que nous sommes de plus en plus dans un pays d adulescents. Que des droits et pas de devoirs. Tout, tout de suite, pas de recul ni d’analyse de fond. La critique permanente et l’anti sont systématiques. Vraiment curieux et déstabilisant. La faute aux médias ? A l’école ? A l’université ? Aux partis politiques ? Aux réseaux sociaux ? Il serait opportun de trouver les causes de ces dérives pour les corriger.

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