Virus : guerre longue

À Quiberon
(Photo AFP)

La recrudescence, en France et dans le monde entier, de la pandémie de Covid-19, exige une vigilance accrue de la population. C’est la seule option valable : nous ne pouvons ni songer à un reconfinement qui serait catastrophique ni prétendre que nous nous protégeons contre l’apparition d’une « deuxième vague ».

LA PREMIÈRE vague, de fait, n’est pas terminée. Ce à quoi nous assistons résulte du déconfinement, du laxisme des populations, et des mythes, comme le recul du virus devant la chaleur. La stratégie générale de la guerre anti-Covid a laissé la place à une guérilla. Armés de leur expérience, les soignants se concentrent sur les fameux clusters de la même manière que des pompiers contraints de contenir un incendie pour qu’il ne se propage pas. L’idée d’une deuxième vague et d’un nouveau confinement est totalement erronée. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’une deuxième mise à l’arrêt de l’économie car nous savons combien nous a coûté la première. C’est par l’endettement que nous avons procédé au confinement. Nous ne pouvons plus augmenter cette dette.

L’irrationnel a pris le dessus.

Il n’est plus l’heure de discutailler à l’infini sur les mérites comparés des masques et des autres gestes-barrières. Nous savons, en général, que, en dehors du confinement, ils représentent, dans l’attente d’un vaccin ou d’un traitement, le meilleur instrument pour empêcher la contagion. Tout le monde n’est pas de cet avis : la plupart des vacanciers et des fêtards mettent l’accent sur les souffrances qu’ils ont endurées pendant le confinement, comme s’ils ne mesuraient pas les effets délétères de la maladie et le danger de mort dans certains cas, comme si l’inconfort produit par la vigilance était supérieur aux souffrances de la contamination, comme si, en définitive, nous étions incapables de contribuer au développement de l’économie tout en nous protégeons nous-mêmes et en protégeant les autres. Comme dans d’autres crises, l’irrationnel a pris le dessus, au grand dam du gouvernement, dont on a été si prompt à dénoncer les carences et si peu enthousiaste au sujet de ses succès. Le taux de chômage a baissé en juin. Le nombre de décès est en régression constante. Mais le nombre de cas augmente et c’est contre ce danger qu’il faut lutter en se tenant à distance des autres. Il n’y a pas de miracle, mais il n’y a rien dans la discipline indispensable qui nous est prescrite que nul ne soit en mesure d’accomplir, au meilleur coût, celui d’un désagrément qui durera longtemps mais pas éternellement. Il est inutile d’applaudir les soignants tous les soirs à 20 heures si on n’est pas fichu d’apporter sa contribution personnelle à l’immunité.

Ne pas faire le jeu de la pandémie.

L’heure n’est pas davantage aux absurdes querelles politiques auxquelles nous convoquent de multiples associations vouées à la judiciarisation du fléau. C’est partout, et dans les pays les plus réactifs, les plus combattants, qui ont obtenu des succès considérables, que le virus livre ses nouvelles agressions. Il ne s’agit pas d’une bataille de France, mais d’une guerre planétaire qui, comme la lutte en faveur de l’environnement, ne sera jamais gagnée sur le plan local mais sur le plan mondial. Certes, le laxisme de certains grands pays ne nous a pas beaucoup aidés, comme en témoigne les règles strictes du passage d’une frontière. Mais nous n’avons pas le choix. Le virus est le même, qu’il soit français ou chinois. De même que l’Europe avance au gré des crises, de même la solidarité internationale s’impose parce que le Covid-19 perce toutes les frontières. C’est pourquoi parler d’une deuxième vague pour mieux s’inquiéter, envisager un nouveau confinement au mépris de nos finances, échanger des idées qui expriment surtout des degrés variés d’angoisse, c’est faire le jeu de la pandémie. Chaque heure qui passe est importante : chaque masque bien porté, chaque lavage de mains, chaque effort pour ne participer à aucun regroupement ou attroupement, chaque prise de conscience du danger contenu dans les plaisirs de la plage contribuent à faire reculer la pandémie.

RICHARD LISCIA

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6 réponses à Virus : guerre longue

  1. DR RADIGUET DE LA BAS dit :

    Cher M. Liscia, certes les gestes barrières sont primordiaux pour minimiser ou plutôt ralentir l’épidémie. Mais plus le temps passe, plus le cynique Trump risque d’avoir raison en « vivant » avec cette épidémie à la mortalité marginale et dont les conséquences financières vont être sans commune mesure, et encore plus sur nos générations futures, avec nos gesticulations et l’arrêt de l’économie mondiale….Quand va-t-on se réveiller ?

    • Chambouleyron Jacques dit :

      Mortalité marginale ? Oh! la belle expression! Vous rendez-vous compte de ce que vous écrivait ?

      Réponse
      Je me rends compte de ce que vous écrivait. Surveillez votre orthographe.
      R. L.

      • Chambouleyron Jacques dit :

        De hautes considération politiquo-éthiques. RL tombe dans la signalétique des fautes d’orthographes. Mea culpa de vous avoir bien occupé. Je surveille. Merci de votre attention.
        Réponse
        Orthographe sans s.
        R. L.

  2. Laurent Liscia dit :

    Si se reveiller consiste à sacrifier une partie de la population, comme le suggère un de tes lecteurs, je crois que nous avons un sérieux problème éthique. Il est tout à fait possible d’avoir une activité économique protégée par les gestes-barrière. Il est également possible d’user d’un peu d’imagination, et de penser de manière plus constructive à l’avenir des jeunes que de leur proposer de tuer ou d’affaiblir indéfiniment leurs grands-parents. Le ralentissement économique ouvre la porte à une pensée plus écologique du développement durable. Moins de transports aériens par exemple, en attendant de développer des turbines à hydrogène et des avions hybrides. Tenter l’aventure de la fusion nucléaire, comme on le fait en France avec l’aide de partenaires mondiaux (grâce à Macron au passage). Développer des modalités fonctionnelles de télétravail qui réduisent l’empreinte carbone des entreprises. C’est le manque d’imagination qui conduit aux faux choix du type : la vie des vieux ou celle des jeunes. Réveillons-nous en effet, et cessons d’être guidés par la peur et la haine sous couvert de pragmatisme. Trump a toujours eu tort et il continue d’avoir tort. Cessons de le prendre en exemple.

  3. mathieu dit :

    Tout cela est vrai, et frappé au coin du bon sens… gardons tout de même à l’esprit qu’à ce jour – et à ce jour seulement – la proportion de morts/ covid rapportée à la population du pays est à peu près similaire en France et aux USA…
    Ce qui ne remet pas en cause notre code de bonnes pratiques!

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