Plan Covid et plan de relance

Jean Castex
(Photo AFP)

Le gouvernement a jugé nécessaire de reporter d’une semaine l’annonce du plan de 100 milliards de relance économique, pour mieux se consacrer pendant quelques jours de plus à la lutte contre la pandémie au moment de la rentrée scolaire, qui fait l’objet de débats virulents.

LA PERSISTANCE de la pandémie en France n’est pas un phénomène isolé, elle concerne à peu près tous les pays en lutte depuis six mois contre les progrès de la contamination. Il ne s’agit pas d’une deuxième vague, mais de la première qui a sans doute été relancée par le déconfinement et touche davantage les 15-44 ans que les seniors. À Marseille, le nombre de nouveaux cas quotidiens est alarmant et, comme pour toutes les régions où l’on assiste à un rebond de la pandémie, les pouvoirs publics ont adopté des mesures draconiennes dont l’effet est largement discuté, notamment par l’élue Samia Ghali qui les considère comme « hypocrites », par exemple la fermeture des boîtes de nuit à 23 heures, ce qui laisse le temps à la contagion de se répandre. On note à ce sujet que les faits ont démenti le Pr Didier Raoult, qui déclarait récemment que la pandémie était « terminée ». Ce que l’on sait de tout cela, c’est qu’un nouveau confinement national est totalement exclu : il achèverait un effondrement économique et social d’un pays déjà à genoux. Et que, dans ces conditions, il est préférable de maintenir l’activité à son niveau le plus haut, ce qui représente, bien sûr, une prise de risques.

Un dilemme historique.

Il faut se rendre à l’évidence : le gouvernement estime à juste titre ne pas avoir le choix et ses détracteurs n’ont pas tout à fait tort qui insistent sur le danger d’une circulation accrue du virus, alimentée par l’activité. Il s’agit d’un casse-tête, ou plutôt un dilemme historique à propos duquel tout le monde a raison et tout le monde a tort.  L’humilité devrait tous nous conduire à un peu moins de polémiques et à beaucoup plus de discipline : on voudra bien me pardonner d’accepter la ligne de conduite du gouvernement, mieux informé que chacun de nos concitoyens et surtout entouré par des experts qui appliquent la logique scientifique. On comprend les laissés-pour-compte de la pandémie, tous les métiers qui rassemblent du monde, mais là on ne peut pas raisonner en termes de micro-économie. On sait bien que la distanciation sociale est inapplicable dans les transports en commun (et elle sera encore plus à la rentrée), mais les Français doivent comprendre, tous sans exception, qu’ils doivent porter le masque. Nous en disposons maintenant en abondance. Ils représentent un coût pour les familles ? Le Premier ministre, Jean Castex, répond qu’il ne paiera pas pour les masques des citoyens capables de les payer, mais qu’il aidera les autres.

Europe, hâte-toi !

Quant à la relance, elle est urgente. Il est impératif de dépenser ces 100 milliards d’euros qui sauveront des entreprises, peut-être pas les plus menacées mais celles qui ont seulement besoin de franchir un cap au-delà duquel les eaux troubles du marasme seront moins bouillonnantes. Plus sérieux encore, il faudrait que le Parlement de Strasbourg, qui tient à exprimer son point de vue, et les 27 membres de l’Union européenne adoptent sans attendre le plan de 750 milliards d’euros adopté par le Conseil européen et qui sera financé par des emprunts de la Commission de Bruxelles. La prolongation de la pandémie risque en effet de retarder le rebond naturel attendu dès cet automne. C’est, pour l’Europe, une nécessité vitale de s’engager aussi vite que possible dans une période de forte croissance et si l’inquiétude des acteurs économiques n’y suffit pas, alors il faut investir des sommes énormes pour assurer la relance du continent. Mettons-nous bien dans la tête une vérité crue : nous n’y arriverons pas tout seuls ; jamais l’union n’a été aussi indispensable à nos économies et jamais nous n’avons eu autant besoin de nous entraider, ce que n’ont pas encore compris les rigides et les avaricieux. L’avantage, pour les Européens, c’est que chaque pays est le marché de l’autre, que la misère de l’un aboutira à celle de l’autre et que l’unité n’est ni un vice ni une vertu, mais seulement l’instrument indispensable de notre sauvetage.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Plan Covid et plan de relance

  1. Laurent Liscia dit :

    L’Europe demeure l’un des plus beaux projets politiques et économiques de l’Histoire – l’Union par la volonté plutôt que par la force.

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