Castex : premier bilan

Jean Castex
(Photo AFP)

Le Premier ministre, Jean Castex, était ce matin sur France Info, l’occasion pour lui de dresser un premier bilan de ses premiers cent jours passés à la tête du gouvernement.

IL A SU défendre son action politique, même au moment où il a été interrogé, de manière embarrassante, sur la nécessité de limoger Édouard Philippe qui, depuis qu’il a quitté ses fonctions, caracole sur les cotes de popularité. De deux manières : en donnant la mesure de sa tâche, au moins aussi accablante que celle de M. Philippe naguère, mais aussi sa prédilection pour le dialogue social qu’il a illustré par diverses négociations suivies de quelques succès.

Il est courant de décrire le parcours chaotique du gouvernement, par goût de la critique, à cause du contexte électoral qui, depuis les élections européennes, demeure permanent, et sans doute parce qu’il y a un siècle que la France n’avait pas connu une menace pandémique aussi violente. M. Castex n’a pas à se justifier, et il l’a rappelé à ses interlocuteurs : sa nomination par le président de la République suffit à assurer sa légitimité. En outre, il ne risquait pas dire s’il était meilleur ou moins bon que M. Philippe.

Un appel au civisme.

Il a annoncé notamment que le gouvernement allait lancer une nouvelle application StopCovid que, cette fois, il chargera sur son téléphone cellulaire. Il s’est montré martial au sujet des attaques insupportables contre les policiers et les commissariats de police. Il ne procèdera pas à un nouveau confinement national, mais il confinera partout où il y aura de nouveaux clusters. Il est conscient de l’usure des soignants, de leurs défections, de la difficulté à les remplacer, mais, dit-il, le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la saturation des hôpitaux et, plus particulièrement, celle des salles de réanimation. Il a lancé à ses concitoyens un appel au civisme, plus solennel qu’alarmant, selon une méthode qui le caractérise et prend soin de ne pas épouvanter l’opinion, déjà très inquiète et proche de la crise de nerfs.

M. Castex est bien placé, par son cartésianisme, pour tenir un langage rationnel et logique et il réussit, parfois mais pas toujours,  à galvaniser les foules sans les plonger dans la panique. Simplement, il lui faut des résultats. Il ne suffit pas de hausser le ton et de recourir à la fermeté : il sait que les Français veulent en finir avec ce cauchemar qui dure depuis huit mois et semble interminable. Comme son prédécesseur, il appuie sa démarche sur les avis du Conseil scientifique, mais les médecins, qui ont maintenant une bonne expérience de la gestion du virus, ne savent pas tout, ce qui donne à la démarche du gouvernement cette allure empirique inévitable qui déconcerte l’opinion.

Le temps fera son œuvre.

M. Castex a éludé la question sur sa nomination et a suggéré de la poser à Emmanuel Macron. Un point est clair : la popularité d’un homme politique monte quand il ne fait plus rien, ce qui est le cas de M. Philippe. Sur l’utilité de son remplacement par M. Castex, n’est-il pas oiseux de se poser la question au sujet d’un fait accompli et irréversible ? Le Premier ministre, comme il se doit, a perdu des plumes en gouvernant un pays clivé par tant de divisions. Il n’a pas de baguette magique et aucun chef de gouvernement, à commencer par M. Philippe, n’aurait fait sans doute mieux. Certes, il doit régler quelques problèmes d’une complexité inouïe, à propos desquels le temps fera mieux son œuvre que l’action politique. Il se trouve que M. Castex n’a pas besoin d’une leçon d’humilité ; qu’il est superflu de poser une question quand tout le monde connaît la réponse : M. Castex est là pour préparer le terrain électoral ; que le jugement dernier est dans le verdict des urnes. Et que jamais le Premier ministre actuel ne se plaindra de n’avoir fait qu’une petite moitié de mandat.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Castex : premier bilan

  1. Laurent Liscia dit :

    On constate qu’aucun gouvernement au monde ne sait comment réagir à la lassitude du public face au Covid, qui menace de revenir au galop cet hiver. La France est en milieu de peloton: ni bien, ni mal. Trop de décès et trop de gens qui aujourd’hui refusent de porter le masque -une contrainte pourtant minime. Que le port du masque soit devenu un sujet politique et conduise à un débat sur les libertés est ahurissant. Aucun Premier ministre n’est armé pour faire face à la bêtise qui règne même chez certains de nos grands intellectuels.

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