Pandémie : le désarroi

Macron et Castex
(Photo AFP)

Le gouvernement s’apprête à adopter de nouvelles restrictions pour juguler la pandémie, après deux conseils de défense aujourd’hui et demain. L’idée est d’obtenir un résultat comparable à celui du printemps dernier sans, cette fois, immobiliser l’économie.

LA PROGRESSION des cas de contamination, du nombre de décès et du nombre d’admissions dans les hôpitaux, proches de la saturation, mettra sans doute fin au débat permanent sur ce qu’il faut faire et ne pas faire. Non que l’exécutif, et particulièrement le Premier ministre, n’ait pas hésité à plusieurs reprises, ses atermoiements distillant de l’inquiétude bien plus que ses appels martiaux à la discipline. On devine sans effort ce que le président va dire : que le retour au confinement général est exclu, qu’il sera limité aux zones les plus affectées, que les Français doivent continuer à produire et à acheter, même si s’exposer dans les transports publics et sur les lieux de travail devient de plus en plus dangereux. Cette quadrature du cercle n’est pas nouvelle ; observez la situation aujourd’hui et vous verrez qu’il n’y a toujours pas de vaccin fiable, toujours pas de traitement sûr et que le salut de chaque citoyen dépend des gestes barrières. La crise sanitaire a fait, cet automne, une rechute spectaculaire qui rend dérisoires, pour ne pas dire ubuesques, les commentaires sur des libertés dont nos concitoyens seraient privés malgré eux, comme si le pouvoir se réjouissait de leur infliger des mesures qui font du pays un désert social.

Médecins déconcertés.

Le dilemme tient, bien sûr, à la résistance surprenante du virus, à des dispositions qui ne valent que si elles durent, alors que, pour des raisons économiques, elles ne peuvent être que temporaires, et à une confusion palpable dans le corps médical qui rejaillit sur le gouvernement. Il existe sans doute un consensus large sur l’obligation d’adopter les gestes-barrières et on constate d’ailleurs qu’une forte majorité de gens les a adoptées  On se méfie du gouvernement, pas du corps médical en général, même s’il reçoit sa part de sarcasmes. Pourtant, la médecine n’est pas une science exacte et il est normal que, sur la même question, des opinions divergent. C’est cette divergence qui plonge l’exécutif dans le désarroi. De sorte que, devinant que le pouvoir n’est pas tout à fait sûr de lui, conscients que, pour éviter le choix entre deux malheurs, l’effondrement de l’économie et une proportion insoutenable de malades, les Français sont sceptiques à propos de mesures qui ralentiraient la pandémie sans sacrifier la production. Il faut, en effet, imaginer cette solution-miracle,  la rendre audible, l’appliquer avec fermeté et obtenir enfin, vers le début du décembre, une amélioration en guise de récompense pour les fêtes de Noël.

Calendrier national.

Nous sommes un pays qui vit au rythme du calendrier. Il nous fallait un mieux à l’orée de l’été, nous l’avons eu et maintenant nous le payons cher. Cette attente constante du mieux nous rend frénétiques, surtout s’il n’arrive pas. Le temps presse : nous n’avons que de un mois à six semaines pour espérer reprendre nos esprits avant Noël. Et encore ne sommes-nous pas convaincus de parvenir à ce nirvana incertain. Mais la vérité est la suivante : pour en finir avec la pandémie, il faut des sacrifices et encore d’autres sacrifices jusqu’à ce que nous ayons conquis notre sécurité sanitaire. La contamination de la population a atteint un tel niveau qu’il est impossible de dire combien il faudra de semaines de confinement relatif et différencié selon les âges et la nature des occupations pour en finir avec le virus. Nous le saurons quand la courbe redescendra. À Noël ou à Pâques. Nous ne savons pas quand nous aurons un vaccin ou un traitement (je me permets de rappeler qu’il n’y a toujours pas de vaccin contre le Sida; qui sévit depuis 37 ans) et donc les seuls moyens dont nous disposons sont les gestes-barrières, une socialisation réduite à presque zéro, une aversion logique pour les rassemblements familiaux et des précautions à prendre dans chaque foyer. Tout le reste n’est que baratin et si la minorité qui émet sa petite musique continue à faire de la résistance, nous y survivrons. En revanche, si nous récusons les mesures qui vont être proposées aujourd’hui et demain, nous ne passerons pas l’hiver. À la fin des fins, s’en sortiront les disciplinés, ceux qui tiennent bon, ceux qui ne se laissent pas influencer par des commentaires très éloignés de la triste réalité.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Pandémie : le désarroi

  1. SELARL DR RADIGUET dit :

    Je suis trés étonné encore une fois par vos affirmations gratuites ou en tout cas non prouvées, telle « sans cela nous ne passerons pas l’hiver ».Y a t il un risque d’extinction de la population? Fait on face à Ebola ? Il est certes très désagréable de voir une pandémie très contagieuse du fait de sa nouveauté, et non de sa gravité. Je ne nie absolument pas la morbi-mortalité mais doit-on s’arrêter de vivre pour une épidémie devant faire au maximum 200 000 morts (0.3 % actuellement) chez les plus vieux et plus fragiles ? Sachant que 800 000 meurent chaque année et grosso modo la même population…
    Le système de santé risque d’être débordé quelques semaines ou mois? Et alors (sans en minimiser le fait extraordinaire et grave). Peut-on faire autrement à part gesticuler politiquement ? Est-il prouvé que nous sauverons des vies en anéantissant et ruinant nos générations futures ? Le confinement étale certes un peu l’épidémie mais il semble que la hausse des températures soit bien plus efficace. Or on n’a même pas commencé l’hiver. Va t-on confiner jusqu’en avril ? On reparlera à la fin de l’hiver du nombre total de morts par pays, et je ne suis pas sûr que les EU ou le Brésil soient moins bon, en d’autres termes la mortalité en chiffres bruts ne veut rien dire tant qu’elle n est pas rapportée à la population infectée.
    Bien respectueusement.

    Réponse
    Je n’ai pas l’impression que vous soyez plus cohérent que moi. Dans le genre « affirmations gratuites », vous me dépassez de plusieurs longueurs. C’est toute la différence entre un journaliste qui vérifie ses sources et un lecteur qui trouve du plaisir à démolir ce qui est écrit et le fait avec toute la mauvaise foi nécessaire. Alors, Dr Radiguet, c’est grave ou non ? Si c’est grave et si on ne sait rien, peut-être que l’on pourrait être plus prudent et faire quelques sacrifices, non ? 35 000 morts en France, 200 000 morts aux USA,, une rigolade, sauf bien sûr pour les morts. D’après vous, qui est le plus crédible, de vous ou moi ? J’ai déjà la réponse, inutile de me la donner.
    R.L.

  2. Richard Liscia dit :

    Anne-Marie Baron dit :
    Ça va mieux en le disant clairement. Je ne comprends pas ceux qui ne comprennent pas et se sentent encore persécutés!

  3. Laurent Liscia dit :

    En effet ca n’est pas Ebola. On peut se permettre quelques millions de morts, non? C’était le discours de Trump et de Boris Johnson – et le discours suédois. Ce qui fait peur, c’est que ce genre de cynisme soit devenu non seulement acceptable, mais monnaie courante.
    Réponse
    J’ajoute que, selon Emmanuel Macron, si on ne faisait rien, il y aurait 400 000 décès supplémentaires en France. Voilà pourquoi le re-confinement a été décidé.
    R. L.

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