Macron contaminé

Macron et Castex
(Photo AFP)

Victime du Covid, le président de la République s’est placé en isolement au pavillon de la Lanterne, à Versailles, où il continue à travailler. Mme Macron a été testée négative. Cas contact, le Premier ministre, Jean Castex, est sous surveillance.

COMME tout le monde, on ne peut, en l’occurrence, que souhaiter un prompt rétablissement au chef de l’État, qui présente des symptômes connus, fatigue, fièvre et toux. Il rejoint la longue cohorte des malades du Covid que les mesures de confinement n’a pas diminuée, de sorte que notre seul espoir de vaincre la pandémie désormais, c’est le vaccin, pour autant que nos concitoyens acceptent de se faire vacciner en masse, ce qui ne semble pas être le cas. On ne niera pas, cette fois, qu’Emmanuel Macron paie le prix de son inlassable activité. Il aurait contracté le virus pendant le sommet de Bruxelles, à la fin de la semaine dernière. Ce qui est sûr, c’est que le nombre de cas contact autour des sphères du pouvoir est très élevé. M. Macron a renoncé à se rendre au Liban et M. Castex a demandé au ministre de la Santé, Olivier Véran, de le remplacer pour le discours devant le Sénat.

Une demande de transparence.

On veut espérer que le cas de M. Macron est bénin car, si les symptômes s’aggravent, il y aura un vide au sommet de l’État, ce qui n’est souhaitable dans aucune circonstance, surtout si M. Castex, lui aussi, tombe malade. Évitons néanmoins de nourrir toute inquiétude superflue : M. Macron fête ses 43 ans, il semble en pleine forme et il devrait rapidement surmonter les effets du Covid. Conformément à une tradition nationale très peu démocratique, il ne publiera aucun communiqué sur sa santé, alors qu’on est en droit de penser que ses responsabilités incluent la transparence au sujet de son état physique et mental. Les précédents ne sont pas encourageants : Georges Pompidou avait une « grippe » à répétition qui a fini par l’emporter en 1974, et ses successeurs n’ont pas daigné informer le peuple qui les a élus sur leur santé. François Mitterrand, informé de son cancer tôt dans sa première mandature en avait fait un « secret d’État » et, en 1995 encore, il luttait avec un courage inouï contre une douleur lancinante pendant les événements publics.

Le secret, c’est fini.

M. Macron estime que sa santé relève de sa vie privée, sans se poser la question des devoirs qu’il a contractés lors de son élection à la présidence de la République. Mais le secret cher à Mitterrand n’est plus de mise. Tôt ou tard, on finit par tout savoir : la connivence de la presse n’existe plus et la chasse aux informations, ou à ce qui en tient lieu,  dans les réseaux sociaux finit toujours par soulever un lièvre. Le problème vient plutôt de notre régime présidentiel qui n’est pas celui des États-Unis, où il y a un vice-président, chargé de prendre la relève du président jusqu’à la fin de son mandat et donc jusqu’aux élections suivantes, dont la date est gravée dans le marbre. De ce point de vue, la Constitution américaine est plus solide que celle de la France.

Un traitement miracle.

D’une manière générale, le Covid du président montre à quel point et en dépit des critiques à foison dont il fait l’objet, la présence physique du président à la tête de l’État est primordiale. Le pays ne peut pas se passer de lui, ne fût-ce qu’un instant et c’est la raison pour laquelle il lui fait savoir qu’il n’a pas arrêté de travailler. C’est plutôt  rassurant, mais cela ne dit rien des difficultés qu’il pourrait avoir à se concentrer malgré la migraine et la fièvre. Personne encore ne semble lui avoir suggéré de demander à Donald Trump le traitement miracle qui a remis sur pieds le président américain en 48 heures. C’est peut-être parce que personne n’est sûr que Trump ait été malade.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Macron contaminé

  1. Michel de Guibert dit :

    En cas de vacance du pouvoir présidentiel, la Constitution française a prévu que le président du Sénat assure l’intérim, ou à défaut de ce dernier le président de l’Assemblée Nationale, il n’y a pas de vide juridique ou constitutionnel en France !
    Alain Poher a assuré cet intérim de la fonction présidentielle à deux reprises, après la démission de Charles de Gaulle et après le décès de Georges Pompidou.

  2. mathieu dit :

    Et n’oublions pas que, selon la constitution, « le Premier ministre dirige l’action du gouvernement [qui] détermine et conduit la politique de la nation ». L’hypervisibilité, image de l’hyperprésidentialisation voulue par nos tous derniers chefs d’État, n’est ni une nécessité, ni surtout l’esprit, de notre constitution. La présence quotidienne à un évènement médiatisé, le maintien du « présentiel » incontournable, la visite et le regard direct sur les tubes à essai du Pr Raoult (par exemple), ne sont pas dans les attributions et la mission première et non délégable, du président. La République, souhaitons-le de toutes nos forces, se remettra de ces 8 jours de vacances forcées pour notre surhomme !

    Réponse
    Merci à Michel de Guibert et à Mathieu pour le cours constitutionnel. Quand j’ai parlé de « vide politique », j’ai seulement voulu souligner que le président incapacité ne peut être remplacé que par un intérim pour un temps cours et que des élections nouvelles sont indispensables. Car, ai-je dit, il n’y a pas de vice-président. J’aurais pu ajouter que le Premier ministre ne fait pas l’affaire et qu’il ne remplace en aucun cas le président. La date de l’élection présidentielle peut donc varier, comme ce fut le cas après la mort de Georges Pompidou. Donc, vide, il y a, malgré les réponses qui me rappellent avec charité le contenu de la constitution que je ne suis pas censé ignorer, bien sûr…
    R. L.

    • mathieu dit :

      Nous avions bien compris le sens général du propos! Si d’ailleurs il fallait, cette fois, en renforcer l’esprit, on imagine mal un « intérimaire » (et c’est peut-être là une petite fragilité de notre constitution), un Alain Poher ou même (avec tout le respect dû à son – deuxième – rang) un Gérard Larcher relever le défi d’une urgence internationale ou assumer un leadership européen, comme sut le faire un Sarkozy lors de l’urgence monétaire et financière de 2008… Un Edouard Philippe Premier ministre en aurait peut-être eu la largeur d’épaules…mais un Jean Castex ?

  3. Krief dit :

    Je suis frappé par la nécessité chez nos compatriotes, et chez le président lui-même, de toucher du poing le poing de quelqu’un, comme on le voit au sommet de Bruxelles. Ça me semble totalement aberrant et à peine moins à risque de contamination qu’une poignée de main. J’y vois une habitude bien de chez nous de ponctuer une salutation par un contact physique. On a beaucoup insisté dans les médias sur la contamination aéro portée et oublié un peu celle par les mains. Il suffit de se frotter une fois le nez avec le dos de la main et c’est parti.

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