La peur du variant anglais

Le choix du vaccin
(Photo AFP)

Soixante-sept pour cent des Français contaminés par le Covid sont victimes de la souche anglaise, qui devient ainsi l’ennemi public numéro un. Le gouvernement ne veut pas d’un troisième confinement. Il délocalise nombre de patients en réanimation.

L’ESPOIR prodigué par la mise sur le marché de plusieurs vaccins efficaces n’empêche pas la contamination de se répandre : plus de décès, plus de réanimations, plus de personnes contaminées. La fermeté de la position du gouvernement, qui veut à tout prix que 2021 soit une année de croissance, ne serait acceptable que s’il était capable d’accélérer la campagne vaccinale. Comme il en l’habitude, il annonce souvent l’envoi dans les régions de stocks supplémentaires de doses ou l’arrivée prochaine du vaccin de Johnson et de Johnson, qui présente l’avantage immense d’immuniser en une fois seulement et non en deux fois, et qui s’ajoute au Pfizer, au Moderna et à l’AstraZeneca.

Choix large, mais pas assez de vaccins.

Il est vrai que ce dernier fait l’objet d’une suspicion générale, bien qu’il ait été recommandé par les meilleurs experts français et européens. Il aurait causé des cas de thrombose et d’embolie en Europe. Quatre pays européens l’ont récusé pour le moment, le Danemark, l’Islande, la Bulgarie et la Norvège, et la Thaïlande en Asie. Or, dans les lieux d’accès facile, comme les pharmacies, qui commencent à vacciner lundi prochain, on propose l’AstraZeneca. Voilà une séquence de confusion générale : il y a au moins quatre vaccins, sans compter que d’autres pays se font vacciner avec des vaccins russe et chinois. Mais, pour des raisons logistiques, nous Français, n’avons pas le choix : le lieu de la vaccination détermine la nature de la dose. Je pense principalement aux personnes âgées. Elle pourraient très bien céder à la panique car nombreuses sont celles qui n’ont pas encore été vaccinées. Elles craignent, plus que d’autres, les effets secondaires. Elles savent néanmoins que, dès la première dose, elles échappent à un cas de Covid grave, capable de les tuer.

Un troisième confinement ?

Elles auront donc tendance à accepter avec fatalisme l’injection qui leur est proposée, car elles ont besoin d’un début d’immunisation. D’autant que le variant anglais commence à terroriser la population. Il est plus contagieux, il est plus grave, il devient hégémonique. De sorte que l’attitude du gouvernement qui, jusqu’à présent, a préféré l’activité, donc la croissance, à un confinement pénalisant sur le plan économique et social, devrait être révisée. Car en dehors des quelques milliers de doses supplémentaires qu’ils a réussi à distribuer, il ne peut ignorer ni la fatigue des soignants, ni la saturation des hôpitaux, ni le nombre de cas et de décès. La campagne vaccinale doit être massive, elle ne doit laisser aucun répit au virus et elle apparaît aujourd’hui comme le seul moyen sérieux de mettre un terme à la pandémie cette année plutôt que l’année prochaine.

Il serait absurde et politiquement facile d’ignorer les difficultés de l’approvisionnement en vaccins de chaque pays européen, donc de la France. Il n’en demeure pas moins que, dès lors que la santé n’est pas une compétence européenne, la solidarité entre États membres ne saurait être considérée comme un tabou inviolable. Sur le plan purement technique, les pouvoirs publics ne sont pas inertes. Ils tentent par exemple d’acheter massivement des doses de Johnson  et Johnson. Le problème est le temps qui passe et qui tue en passant. L’équation est à trois inconnues : la nature du vaccin, sa disponibilité, le temps. Si le temps est trop long, le troisième confinement sera inévitable.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La peur du variant anglais

  1. marco dit :

    Chassez l’intrus, il revient par une autre porte : on n’a toujours rien compris !

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