Une épidémie durable

Bolsonaro le nonchalant
(Photo AFP)

La prudence du gouvernement en matière de déconfinement s’explique par la durée de la pandémie et l’apparition de plusieurs variants, l’un plus toxique que l’autre. Ce qui signifie que, au-delà de la vaccination, les mesures de protection doivent être maintenues pour une période dont il est impossible d’évaluer la longueur.

IL NE FAIT pas bon vivre sur une planète où des pays parviennent péniblement à juguler le virus pendant que d’autres sombrent dans une pandémie hors de tout contrôle. C’est le cas de l’Inde, où les gens meurent comme des mouches et dont le chaos sanitaire risque de s’étendre à d’autres contrées. Les Français croient que la vaccination est une réponse universelle qui garantit la sécurité du vaccin. Ce n’est pas vrai : le vaccin est efficace si les gestes barrières sont maintenus. En effet, à mesure que s’étend la pandémie, chercheurs et experts sont placés devant un dilemme : ils savent ce qu’ils sont capables d’empêcher, mais ils ne savent pas si les vaccins existants protègent contre les variants multiples qui circulent.

À la recherche d’un vaccin universel.

Le monde s’est félicité de l’exploit de la recherche, la mise au point de plusieurs vaccins en moins d’un an. Un second exploit est devenu indispensable : la création d’une immunité collective produite par un vaccin universel. C’est une course contre la montre. Il s’agit de rattraper la pandémie là où elle fait des ravages, en Inde et en Amérique latine. Observons déjà que le malheur des uns ne fait pas notre bonheur : la contagion, loin de nous dresser les uns contre les autres, nous unit : nous avons besoin, à l’échelle planétaire, d’un système de prévention qui nous protège tous. La circulation du coronavirus et de ses variants est en effet incompatible avec la vie moderne. Il n’y a pas d’affaires sans voyages, pas d’économie sans lieux de restauration et de loisirs, pas de vie saine sans gymnastique et sans culture.

Nous ne sommes plus darwiniens.

L’expérience montre que nous avons considéré le confinement comme une punition alors qu’il s’agissait d’une méthode de survie ; que l’indiscipline d’une petite minorité a menacé la communauté nationale ; que nos débats incessants entre experts qui ne savaient pas tout et observateurs qui ne savaient rien ont introduit dans la crise un fort élément irrationnel ; que la panique des uns s’opposait à la nonchalance des autres ; que les Français ont cru avoir le choix entre plusieurs vaccins, alors que les lieux de vaccination ne pouvaient en offrir qu’un seul ; que le refus de bénéficier du vaccin est une attitude irresponsable sur le plan civique ; mais qu’en définitive, la science si décriée aujourd’hui, représente notre seul salut. Face à la pandémie, nous ne sommes plus pieds et poings liés, seulement contraints de nous soumettre, et c’est en cela que la tentative de Trump et de Boris Johnson de raisonner en termes d’immunité collective impliquant la thèse darwinienne de la survie des plus solides était non seulement cynique, mais totalement inappropriée à un siècle de progrès.

La stratégie, c’est la compassion.

Notre intérêt, à nous, Français, n’est pas de gagner la bataille et laisser les États moins riches subir le fléau sans réaction. Notre intérêt est de nous battre contre le virus dans un contexte favorable, d’aider les autres à s’en sortir, de façon à ce que les voyages soient rétablis et que l’économie puisse reprendre son essor. Rien, sinon une forme de bêtise anachronique, n’obligeait les démagogues, comme Trump, Johnson ou  Bolsonaro, à jouer la carte darwinienne. Tous les éléments dont nous disposons démontrent que la compassion pour les malades et ceux que le virus menace encore (et ils sont nombreux) font partie intégrante de la stratégie mise au pont contre la pandémie. Certes, nous avons à fournir encore de gros efforts. Mais avec une perspective positive.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Une épidémie durable

  1. Vultaggio-Lucas dit :

    Dans votre chronique, vous évoquez le darwinisme. S’agit-il de « L’évolution des espèces » ou plutôt du darwinisme social qui n’est pas une thèse ou une théorie de Darwin ?
    Réponse

    Il s’agit de ce qu’on appelle en anglais the survival of the fittest et qui correspond à ce qu’avait constaté Darwin, à savoir que, dans chaque espèce, les plus forts survivent plus longtemps que les plus faibles.
    R.L.

    • Vultaggio-Lucas dit :

      L’expression « La survie du plus apte ou du plus fort » selon la traduction qui est faite de « fit » est attribuée à Herbert Spencer, économiste, lequel a tenté de transposer la théorie de Darwin à la société humaine. Donc, il s’agit bien de darwinisme social.
      Réponse
      Il ne s’agit de darwinisme social que parce qu’on applique à l’homme une thèse qui explique comment une espèce, animale ou non, améliore ses chances par l’élimination des plus faibles.
      R. L.

      • Vultagio-Lucas dit :

        De « la survie du plus fort ou du plus apte » ou de  » l’élimination du plus faible »? That’s the question. Au siècle dernier, d’aucuns ont malheureusement répondu à la question. Mais, nous nous éloignons du sujet sans doute à cause de la photo de Bolsonaro… Salutations.

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