Macron, ou l’incertitude

Macron et Bertrand
(Photo AFP)

Le président de la République, qui s’exprimera ce soir, fait face à une triple incertitude, sanitaire d’abord, mais aussi sociale et politique.

EMMANUEL MACRON a l’art de transformer en victoires les impasses dans lesquelles il est cerné. Mais, cette fois-ci, à dix mois de l’élection présidentielle, il est obligé de se battre sur trois fronts : non seulement la partie sanitaire n’est pas gagnée, il s’en faut, non seulement il doit réduire aussi vite que possible la voilure de l’aide d’État qui a permis à la plupart des entreprises de survivre à la crise induite par la pandémie, mais, depuis les régionales, le paysage politique a changé : il misait sur le statu quo au second tour, avec une nouvelle répétition du match Macron-Le Pen, il n’en est plus aussi sûr. Pour lui, le danger vient de la droite bien plus que de la gauche. Il suffit en effet que Xavier Bertrand franchisse le cap du premier tour pour que Macron trouve face à lui un homme capable de l’emporter; si tant est que le président sortant ne soit pas sorti dès le premier tour.

Le candidat qui monte.

Il a  tout fait pour éviter cette hypothèse, notamment en envoyant dans les Hauts-de-France pas moins de cinq ministres qui s’y sont cassé le nez. La tentative était à la fois grossière et dérisoire. Il était évident que l’électorat des Hauts-de France n’allait pas se laisser impressionner par la présence des ministres macroniens. Mais, du même coup, Macron a montré son inquiétude. À l’heure qu’il est, son principal adversaire, celui qui garde une chance de le faire tomber, c’est bien M. Bertrand. Que le choix du représentant de la droite classique donne lieu à des palinodies ne change rien à l’affaire. M. Bertrand, qui n’est pas un tendre et a quitté les Républicains, n’entend pas obéir aux injonctions du parti qu’il a quitté. LR n’a pas encore compris que le candidat qui monte, ce n’est ni Wauquiez ni Valérie Pécresse, c’est Bertrand.

Programmes et dogmes.

Bien entendu, ce schéma (ou cette procédure de conquête du pouvoir) est trop beau pour être vrai. Le désordre qui règne à gauche, à droite et chez les Verts (quatre candidats !, Yannick Jadot, le plus modéré, Éric Piolle, maire de Grenoble, Julien Bayou, chef des écologistes, le plus intégriste, et Sandrine Rousseau) est la chance de Macron. Sans rien faire, sans froncer un sourcil, sans s’engager dans la campagne, sinon en améliorant son bilan pendant les mois qui nous séparent du grand affrontement, il progressera à la faveur des guerres intestines au sein des partis. C’est d’ailleurs Bertrand qui a raison : le primaire n’a jamais rien valu de bon à LR qui, en 2016-2017, a désigné François Fillon, alors que l’ancien Premier ministre entraînait son parti dans des eaux troubles et profondes. On nous critiquera de ne pas comparer les programmes des partis politiques, mais ce sont eux qui préfèrent parler de leurs candidats que de leurs idées. En outre, nous connaissons parfaitement leur engagement idéologique. Un seul exemple : à quoi bon attendre des Verts une charte explicite quand on sait que, de toute façon, il passeront l’économie au crible de leurs dogmes ?

Les reproches changent de cible.

Enfin, la cote de popularité du président de la République est élevée et il s’engage dans la campagne avec cet atout supplémentaire. On peut tout dire de lui, mais pas qu’il est gagné par l’usure du pouvoir. Il a certainement exercé le mandat le plus difficile de l’histoire de la Vè République, mais il en redemande. S’il était raisonnable, il serait épouvanté par la violence des crises qui ont miné ces quatre dernières années l’exercice du pouvoir. Pas du tout : il se moule, non sans un sens politique aigu, dans cette contradiction de la dialectique populaire : le pouvoir est haïssable, pas Macron. De ce point de vue, M. Bertrand s’adresse au peuple avec une arrogance qui ne lui sied guère. Il fait déjà comme s’il avait gagné. C’est une technique de persuasion, mais ça s’appelle aussi condescendance. Rien n’est jamais gagné et sous-estimer l’adversaire, même en apparence, embarrasse l’électorat. La victoire n’a pas encore changé de camp mais les plus durs reproches adressés à Macron, notamment sa morgue et sans confiance en soi, commencent à aller vers Xavier Bertrand.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Macron, ou l’incertitude

  1. D.S. dit :

    Depuis son arrivée au pouvoir, je suis un fervent supporter de Macron. Cet homme là sait décider. C’est un véritable chef et il mérite évidemment d’être réélu! Il est 20h15 et nous venons d’apprendre la vaccination obligatoire des soignants. J’entends déjà les protestations outrées de certains de mes confrères. Mes chers collègues, taisez vous! Un président de la République, c’est aussi fait pour sauver des vies. Et j’affirme qu’Emmanuel Macron est meilleur que le meilleur d’entre vous. C’est peut- être cela qui vous ennuie ?

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