On ne procrastine plus

Macron hier
(Photo AFP)

Emmanuel Macron a prononcé hier un discours de vingt-cinq minutes dans lequel il a annoncé la vaccination obligatoire des soignants. Un million de citoyens ont pris rendez-vous pour la première dose dans la soirée.

ENTRE ce qu’il fera sûrement et ce qu’il ne fera pas, les détracteurs habituels du président trouveront de quoi alimenter leurs sempiternelles critiques. Cependant, ils ne réussiront à poursuivre leur travail de sape qu’au prix de la mauvaise foi. D’abord, le chef de l’État n’a pas reculé devant ce qui est devenu, au fil des jours, une évidence, à savoir que les soignants doivent être vaccinés à tout prix car leurs fameuses libertés ne sont pas menacées. Ensuite, il a insisté sur la nature du variant Delta plus contagieux, donc plus dangereux. Enfin, il a confirmé que la croissance sera forte cette année, 6 %, et que la France, malgré d’immenses difficultés, conserve ses atouts de pays économiquement attractif qui, loin de plonger dans le chômage, commence à laisser sans réponses des milliers d’offres d’emploi.

Vaincre le virus d’abord.

L’important n’est pas d’entrer dans les détails ou de renvoyer l’intervention de M. Macron à sa stratégie électorale ; il n’est pas de souligner les difficultés que nous n’avons pas encore surmontées : il est le premier à le reconnaître et son optimisme relatif est resté, tout au long du texte, teinté de réalisme ; il n’est pas de juger le président à l’aune des ambitions politiques de ses rivaux. Il consiste à admettre que, sans une politique sanitaire stricte et efficace, nous risquons de tout perdre et que, si nous restons fermés collectivement à ses décisions ou suggestions, nous n’irons nulle part. Le président, c’est clair, pense que, d’une certaine manière, la pandémie nous a offert une occasion historique de nous réinventer et de contribuer, chacun d’entre nous, à la création d’un système sanitaire, économique et social d’autant plus facile à construire que nous en aurons perçu la nécessité.

Il y a consensus.

C’est ainsi qu’il a été dit que le pouvoir politique ne renonce à aucune réforme, même si ce choix est politiquement dangereux. Pour les retraites, Macron prendra son temps et ne fera rien sans avoir discuté avec les syndicats. Simple gage lâché à ceux qui sont vent debout contre lui, ou désir de donner ses chances à la concertation ? Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il a été crédible de bout en bout  justement parce qu’il a présenté sa politique comme le résultat d’un dialogue plutôt que comme une série de diktats, tandis que des voix, d’ailleurs moins sûres et moins tonitruantes, continuent à proposer des alternatives qui ne changeraient rien à l’affaire. Les oppositions doivent le reconnaître : en dépit du pas de deux dansé par la France insoumise, avant même le discours du président, il y avait déjà un fort consensus national en faveur de la vaccination obligatoire. Ce qui explique que les réfractaires commencent à prendre rendez-vous, de guerre lasse, sans doute parce qu’ils éprouvent tous les même sentiment : ils ont perdu la partie, ils n’ont plus envie de jouer les dissidents encombrants et dangereux.

L’exemple à imiter.

Marquer un point un soir ne signifie pas que l’on sera approuvé ensuite. Il est impossible d’ignorer cette particularité de la vie politique française qui associe une campagne électorale à la pandémie. Elles vont nécessairement s’influencer réciproquement. Nul doute que Macron est sorti du bois non seulement parce que la campagne vaccinale a commencé à stagner mais parce que l’étalage des ambitions ne pouvait pas être seulement combattu par une noble indifférence. Au moins pourra-t-on dire que le président se bat avec les armes de la dignité et qu’il évite soigneusement les formules humiliantes ou polémiques. Parler près d’une demi-heure directement aux Français sans mentionner ni les syndicats ni les oppositions est pratiquement un tour de force. Cela traduit une ligne de conduite qui n’a pas changé depuis le début du mandat. La pandémie, c’est le moins qu’on puisse dire, a bousculé le pays, l’a jeté cul par dessus tête, l’a meurtri durablement. Il s’agit de la plus grande épreuve nationale que nous ayons eu à subir depuis la Seconde Guerre mondiale. Macron a donné hier l’exemple à imiter.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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4 réponses à On ne procrastine plus

  1. Sphynge dit :

    Sur le Covid, tout les gens sérieux s’accordent à approuver ce discours. Mais, les réformes économiques, les retraites, l’assurance chômage ne sont-ils pas là surtout pour détourner des débats de la campagne électorale dont il paraissait certains qu’ils allaient enfin porter sur la sécurité, l’immigration, l’identité. Ces trois sujets qui viennent en premier dans les préoccupations des Français lorsque les enquêtes ne suggèrent pas de réponse prédéterminées. Cela est habile, contribuera probablement à la ré-élection, mais éliminera une fois de plus les problèmes vitaux de la société française que l’oligarchie n’a aucune raison de résoudre – au contraire.

  2. Gasser dit :

    La mise à la retraite anticipée des énarques irait plus vite que la suppression de l’appellation
    ENA. Ce sont eux qui ont retardé les mesures anti-Covid. Sauvons l’AOC, ce serait bien.

  3. Bruno HEIM dit :

    On sait que M. Liscia est un grand admirateur de notre président, mais connaissant le mode de pensée de celui-ci, avec le « en même temps » comme mode de pensée, un bémol est sûrement à évoquer.
    L’idée de départ d’un obligation vaccinale, qui remet au centre de la « cité » une solidarité sociétale, est une évidence. Bien sûr pour tous ceux qui sous couvert de liberté prônent l’ego comme valeur suprême, cela l’est moins.
    La question qui se pose est la mise en application de cette obligation avec les risques de « reculade » et de probables exonérations pour telles ou telles personnes…Les bonnes idées ne valent que leur application ne supporte aucune entorse.
    Réponse
    Je ne suis nullement un « admirateur » du président et quelques blogs que vous n’avez pas lus en témoignent. En revanche, je crois avoir dans mes écrits la cohérence que je ne n’ai pas trouvée dans le vôtre. Je laisse d’autres lecteurs faire votre exégèse.
    R. L.

  4. Michel de Guibert dit :

    C’est un premier pas, mais tant qu’il n’y aura pas d’obligation vaccinale généralisée, on n’avancera pas vraiment face à cette pandémie.

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