La croissance au bout de l’épreuve

Janet Yellen, secrétaire au Trésor
(Photo AFP)

Les paramètres économiques sont bons et prévoient 6 % de progression de la richesse nationale en 2021 et autant en 2022. Cependant, des obstacles peuvent surgir, qui modifieraient ce cycle vertueux.

LE REBOND de la campagne vaccinale est un facteur favorable à l’expansion économique, en dépit des hurlements poussés par les défenseurs de nos « libertés ». La marche en avant de la société passe sur ce fracas sans même l’entendre : la pandémie a changé le marché du travail et, aujourd’hui, les offres d’emplois trop nombreuses pour être honorées. L’inflation en France ne dépassera pas les 1,5 % cette année. En Europe, les masses d’argent accommodant ne représentent pas un danger. Aux États-Unis, toutefois, l’inflation en un an a été de 5,1 %, du jamais vu depuis longtemps et elle peut conduire la Banque fédérale des réserves à augmenter ses taux d’intérêt. Il existe un consensus américain sur un taux d’inflation qui ne serait, selon le Trésor et la « Fed », que temporaire. Mais s’il ne l’était pas, il se traduirait par une hausse des taux d’intérêt qui serait suivie par un large mouvement des capitaux, et notamment chez les particuliers, du marché d’actions au marché des obligations.

Se donner du temps.

Heureusement, nous n’en sommes pas là. Ce matin, sur France Info, le chef de la Banque de France a clairement calmé l’inquiétude soulevée par l’inflation américaine qui pourrait n’être pas sans conséquences chez nous. La « Fed » et le Trésor se donnent du temps, ils ne sont nullement saisis par la panique.  Une observation vigilante a pris la place des angoisses exprimées par les acteurs du marché et, de toute façon, ils préfèrent prendre en considération le calme souverain de l’exécutif que les alertes intempestives. Si le marché actions tient le coup, le contexte économique et financier deviendra un atout pour le président Macront qui, lui non plus, n’a pas évoqué depuis le début de son mandat le risque d’inflation. À peu près assuré d’affronter la campagne électorale dans un pays presque guéri de la pandémie, il peut attendre 2022 avec une tranquillité relative.

Un pays en mutation.

Mais le réglage de l’économie dépend beaucoup des réformes déjà achevées ou qui doivent advenir. La plupart d’entre elles tendent à créer un climat accueillant pour les emplois, lesquels ne seront occupés, dans une France en pleine mutation, que si la formation adapte les chômeurs aux besoins des entreprises. L’effort national est totalement indépendant de ce qui peut se produire dans le reste du monde. La France est bien placée, mieux que l’Allemagne, pour la reprise. Pays attractif pour les multinationales, elle devance maintenant la Grande-Bretagne et l’Allemagne pour les créations d’entreprises avec des fonds étrangers.

Biden : tâche de Sysiphe.

De son côté, le président Joe Biden poursuit sa tâche de Sysiphe, qui consiste, au prix de milliers de milliards de dollars, à reconstruire les infrastructures américaines, routes, ponts, hôpitaux, écoles. Il y parvient en ce moment même en contournant les tentatives d’obstruction des élus républicains et en procédant par touches successives. On peut dire, à vue de nez, qu’il réalisera,  en fin de mandat, quelque quatre cinquièmes de son programme. En revanche, il n’est pas certain d’être réélu. Les républicains se sont en effet ligués contre lui, sous la houlette de son prédécesseur. Ils tentent, non sans succès d’ailleurs, d’empêcher des pans entiers des minorités de participer aux élections. Déni de justice, de droit et de liberté qui suffit à montrer comment Donald Trump à réussi à convaincre le parti républicain qu’il reste le seul candidat crédible pour un second mandat et ne cesse de faire campagne sur le thème de la « vérité alternative », son slogan préféré, celui qui fait de la masse énorme de ses partisans des électeurs-zombies.

C’est le moment ou jamais.

En France, nos atouts sont relativement fragiles et ne dureront pas éternellement. C’est pourquoi Macron doit battre le fer quand il est chaud et pourquoi sa décision de relancer les réformes avant avril 2022 est frappée au coin du bon sens. En face de lui, les oppositions se disputent curieusement le terrain néfaste des idées qui tournent le dos au rebond économique. Ils ont cru trouver un créneau en flattant les raisonnements les plus paradoxaux de la foule des citoyens qui refusent la vaccination contre le Covid. Du coup, la campagne vaccinale est devenue le terrain de la campagne électorale. Ceux qui, comme la droite classique et le PS, se sont ralliés à la vaccination, perdent un argument mais sauvent aussi leur réputation intellectuelle. Ceux qui s’entêtent, au nom de libertés illusoires, à mettre leurs pairs en danger, n’auront pas assez de larmes pour pleurer leur erreur.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La croissance au bout de l’épreuve

  1. Laurent Liscia dit :

    C’est plutôt la quatrième vague qui m’inquiète. L’inflation est temporaire.

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