La violence des anti-vax

Manif’…anti-masque
(Photo AFP)

Attirant chaque samedi plus de monde, les manifestations contre la campagne vaccinale sont aussi accompagnées d’actes de violences : batailles classiques contre policiers et gendarmes, menaces ou coups adressés aux journalistes. Reporters sans frontières a porté plainte.

C’EST UN SIGNE de leur radicalisation : ils ont tellement raison que la contradiction leur est insupportable, et en même temps, ils se sentent tellement minoritaires qu’ils tentent, aveuglément, d’intimider tous ceux qui risquent d’entacher leur cause.

Voilà, du coup, qu’ils s’en prennent au corps médical, acquis à la vaccination universelle, qu’ils réclament un traitement à la place du vaccin, qu’ils bafouent la liberté d’expression au mépris de celle-là même qu’ils prétendent défendre, qu’ils se retrouvent dans la même contestation de l’État, de la Constitution et des institutions, que des femmes proches de l’imbécilité crasse parlent du « viol » de leur corps par la seringue (si ce n’est pas un fantasme sexuel, dites-moi donc ce que c’est) qu’ils affirment préserver le corps de leurs enfants, pourtant soumis dès leur plus jeune âge à onze vaccinations obligatoires (qui ont pratiquement éradiqué la mortalité infantile), bref qu’ils s’inscrivent dans un déni tellement irréductible qu’on ne saurait par décence, par respect pour son prochain, par compassion, leur infliger la vaccination.

Un effet du populisme.

C’est l’un des aspects, et pas le moins grave, de la dérive sectaire qui a gagné le monde, notamment avec l’arrivée au pouvoir de quelques dangereux populistes, parmi lesquels Donald Trump, Boris Johnson, Jair Bolsonaro et d’autres qui ont réduit la nation qu’ils dirigent à une enclave satisfaite de ses propres folies. Le phénomène existe partout en Europe (en Allemagne, il est encore plus violent) et il est d’autant plus inquiétant qu’il ne disparaîtra qu’avec la découverte d’un traitement rapide et efficace contre le Covid-19, pour autant que ces malheureux n’y voient pas une autre intrusion maléfique dans leur organisme. Le populisme est lui-même une forme de pandémie. Il va inéluctablement vers son objectif, qui est la destruction des corps. Et de la société.

Erreurs de communication.

On entend, ici ou là, des voix qui tentent de découvrir la logique de ce comportement insensé et le meilleur moyen, pour y parvenir, c’est encore de dénoncer les hésitations répétitives des pouvoirs publics, leurs messages contradictoires et empiriques, une communication qui s’adapte d’heure en heure à la réalité du moment, souvent imprévisible quelques instants plus tôt. Il est indiscutable que la pandémie a entraîné un nombre accablant de commentaires, une logorrhée universelle, des approximations, des erreurs de jugement, une cacophonie planétaire où s’est perdu le fil de la raison. De ce point de vue, c’est plus facile de dire oui ou non, de tomber dans l’obéissance sans réserves ou de sombrer dans le refus, d’inventer une cause urgente, de la défendre avec rage et passion, de prononcer des mots irréversibles, et d’y ajouter des actes de violence.

Danger public.

Mais s’il faut faire de la place au déni, quelle est la prochaine étape ? Comment vaincrons-nous le virus si nous arrêtons la campagne vaccinale ? Comment ne pas comprendre que le variant Delta, si contagieux, qui se répand avec vélocité dans une population pourtant à moitié vaccinée, trouvera alors un boulevard pour décimer les Français ? Comment les anti-vaccin pourraient-ils nous donner une leçon, eux qui menacent de mort ou d’une maladie longue les personnes les plus fragiles ? Comment ne pas situer leur responsabilité au niveau le plus grave, le moins acceptable, et ne pas les dénoncer comme un danger public ?

Liberté chérie.

Il est impossible de séparer le phénomène du contexte politique et social. Il y a, dans leur comportement, le sursaut contre toute forme d’autorité ; l’entêtement au sujet d’un choix malheureux que par fierté ils ne veulent pas reconnaître comme tel, de sorte que plus on essaie de les convaincre et plus ils s’enferment dans le déni ; il y a la nostalgie de la chloroquine, du Dr Raoult et de toutes les médecins alternatives ; et il y a, que l’on me permette de le dire, une ignorance considérable du fonctionnement des institutions. Les anti-vaccin appuient leur action sur le principe de liberté, sans jamais comprendre que c’est celle des autres qu’ils compromettent, endommagent ou effacent. La liberté, comme le reste, se partage. Et la liberté de quelques-uns ne saurait priver tous les autres de liberté.

RICHARD LISCIA

 

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5 réponses à La violence des anti-vax

  1. Laurent Liscia dit :

    « Et il y a, que l’on me permette de le dire, une ignorance considérable du fonctionnement des institutions. Les anti-vaccin appuient leur action sur le principe de liberté, sans jamais comprendre que c’est celle des autres qu’ils compromettent, endommagent ou effacent. » Superbe.
    Article 29 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen(ne): « Dans l’exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n’est soumis qu’aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique. »

  2. Patricia SAURIN dit :

    Qu’est ce que c’est que ce verbiage d’un individu en attaque de panique ?
    Il faut respirer mon seigneur!
    Vaccine toutes les personnes à risque et va dormir. Cela te fera le plus grand bien.
    Réponse
    C’est bien ce que je dis : les antivax sont des abrutis. C’est encore plus grave que le danger de contagion.
    R. L.

  3. Quelle honte cet esprit borné dans ce qui fut le pays des Lumières !
    La violence, le danger de qui, contre qui ? je suis une pacifiste dans l’âme, mais mes droits sont bafoués.
    Aucune mise à jour des données : le delta n’est pas plus contagieux, ni mortel que ses cousins. ET la ‘vaccination’ ne se pose pas du tout dans les termes des ‘classiques’ puisque c’est du bricolage génique et OGM. Un train au moins de retard, bravo, on peut se passer de vous.

    Réponse
    Non, ce que vous dites est faux. Le variant Delta est plus contagieux que ses prédécesseurs et les vaccins sont efficaces. L’esprit borné, c’est donc vous : votre comportement, associé à celui de vos comparses, fait des morts. Et vous vous dites pacifiste ? La seule liberté qu’on vous ôte, c’est celle de contaminer votre entourage.Ce n’est pas en mentant publiquement que vous vous passerez de moi.Je continuerai à défendre le vaccin obligatoire. Vous continuerez à faire le mal.
    R. L.

  4. Dr VAUCAMPS dit :

    La connerie est un grave facteur de risque, avec le fanatisme qui rend sourd à toute discussion!
    C’est peut être cela la sélection naturelle, mais cela met en péril certains plus fragiles.
    cela conforte l’humoriste qui dit que » la démocratie (avec les mouvement populaires amplifiés par les médias)… c’est la dictature des cons ! »
    Il est vrai que, devant le manque de sérieux et de crédibilité des politiques, les gens ne votent plus et les « grands museaux » agitent les masses ! Quelle belle société que la nôtre ! Société décadente ! Vite la suivante. Mais laquelle ?

  5. Torrent dit :

    Cet après midi 200 000 ou plus abrutis vont aller manifester contre le pass sanitaire, nous les avons vus à Montpellier il y a une semaine qui s’en prenaient à une tente de dépistage d’une pharmacie, quand ils n’incendiaient des centres de vaccination, pu envoyaient des menaces de mort à des élus, multipliaient les faux rendez vous sur Doctolib pour saboter la campagne de vaccination. Après, ils prétendent défendre la liberté, laquelle ? La leur, qui est de s’en prendre et de nuire aux autres ? Sans compter les comparaisons infâmes comme arborer des étoiles jaunes.

    On aura tout entendu, vaccin soi-disant OGM, et quand bien même, je me souviens de ces faucheurs anti-OGM qui détruisaient des plants modifiés génétiquement destinés à produire une molécule pour soigner des enfants atteints par une maladie incurable.

    Sans parler des théories délirantes, sur le fait que les vaccins contiendraient des micro puces électroniques pour conditionner le cerveau des populations via la 5G et en faire des esclaves soumis au grand ordre mondial!

    A ce stade-là ce sont des hôpitaux psychiatriques qu’il faudrait ouvrir en masse car il s’agit de convictions paranoïaques qui entrainent des comportements antisociaux et dangereux.

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