Raoult à la retraite

Didier Raoult
(Photo AFP)

Directeur de l’Assistance Publique Hôpitaux de Marseille, François Crémieux a décidé de mettre à la retraite le Pr Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, à compter du 31 août.

CETTE DÉCISION semble plus politique qu’administrative. Elle a entraîné une série d’approbations dans le milieu médical mais elle a été vite dénoncée par ceux qui, depuis le début de la pandémie, se réclament du Pr Raoult et en ont fait leur héros national. Le problème, avec le gourou marseillais, c’est qu’il ne mérite ni critiques accablantes ni louanges excessives. Son passé de chercheur a fait de lui un candidat naturel au prix Nobel de médecine, en dépit de l’image qu’il donne de lui, celle d’un contestataire permanent qui dénonce les pratiques de la médecine conventionnelle et propose parfois des traitements dont il n’a pas prouvé la non nocivité. Au début de 2020, les patients faisaient la queue devant sa clinique dans l’espoir de bénéficier d’un traitement à l’hydroxychloroquine, censé guérir les malades du Covid-19. Ce qui n’a pas été démontré par le Pr Raoult, qui s’est distingué alors par son narcissisme, sa certitude cent fois répétée qu’il a forcément raison contre l’ensemble du monde médical et qu’il apporte à l’immunologie une science et des pratiques efficaces.

Le héros des antivax.

Il a aussi critiqué les vaccins utilisés en Europe et aux États-Unis, ce qui a contribué au mouvement des antivax, freiné la campagne vaccinale et créé des troubles sociaux là où le pays avait besoin d’un consensus minimum. Il ne fait pas de doute que les manifestants du samedi enrichiront leurs slogans demain de la défense et illustration d’un médecin qu’ils considèrent comme génial et héroïque, jugement que sa modestie ne décourage pas. Il ne faut pas se leurrer : M. Raoult n’est pas victime de la limite d’âge mais d’une mesure dont le pouvoir politique n’est pas innocent. Une autre approche aurait pu être de le laisser terminer sa carrière dont l’influence a considérablement diminué depuis dix-huit mois. Il suffit de voir avec quelles précautions les pairs du Pr Raoult s’expriment à son sujet, soucieux qu’ils sont de rappeler son formidable parcours professionnel qu’il a fini par gâcher en adoptant une attitude de déni systématique et en ramenant à peu près tous les problèmes de la pandémie à sa personne.

Le labyrinthe de la prévention.

Le Pr Raoult ne perdra dans l’immédiat que sa qualité de professeur. Il continuera à exercer jusqu’à ce qu’il atteigne la limite d’âge appliquée dans les établissements publics. Né en 1952, il n’a que 69 ans et, de toute évidence, son excentricité n’est pas du tout liée à l’âge, il a toujours été comme ça. Ses certitudes affichées étaient assez impressionnantes pour que le président de la République lui rendît visite à Marseille, d’où le bon peuple avait conclu que le pouvoir avalisait la chloroquine. Il n’en a rien fait. Comme le corps médical, l’exécutif n’a cessé de marcher à tâtons dans le labyrinthe de la prévention et donc de prendre des mesures contradictoires dictées par des événements contradictoires. Les amis du Pr Raoult ont beau jeu de comparer les certitudes de marbre du médecin aux hésitations multiples du gouvernement. C’est tellement plus facile d’être sûr qu’un traitement miracle a été trouvé! De la même façon que la justice, en France et ailleurs, n’est pas toujours distribuée avec discernement, les jugements portés contre Didier Raoult et les conséquences de ces jugements ne sont peut-être pas la traduction d’une totale impartialité.

On fera donc comme les médecins interpellés sur le sujet, on rappellera les états de service du Pr Raoult, tout en s’indignant du fait qu’il n’a pas vraiment appliqué le serment d’Hippocrate quand est survenue la crise sanitaire. La violence de la pandémie lui a donné des ailes, il s’est vu aussitôt comme le pôle suprême de référence. Malheureusement pour lui, il n’est pas Moïse, il ne fend pas les flots d’un coup de baguette magique. Ce que ses admirateurs n’ont toujours pas compris, c’est que, dans notre malheur viral, un miracle s’est produit, la découverte de plusieurs vaccins efficaces qui ont permis à l’humanité de survivre.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Raoult à la retraite

  1. Laurent Liscia dit :

    Il etait temps de mettre au rancart ce fou furieux.

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