Courte victoire de l’opposition allemande

Olaf Scholtz hier
(Photo AFP)

Les Allemands se sont réveillés ce matin dans un nuage, avec un peu de vertige et une migraine : les sociaux-démocrates (SPD) ont formellement gagné, mais d’une courte tête, de sorte que les conservateurs (CDU, parti de Mme Merkel) tente d’organiser une coalition assez large pour rester au pouvoir.

EN DÉCIDANT de prendre sa retraite, Angela Merkel a signé la défaite de la CDU. Non que, après quatre mandats de quatre ans, elle ne fût inspirée par la forte exigence démocratique qui l’a toujours animée. Sérieuse, concentrée, pragmatique, elle n’a montré ses ambitions que lorsqu’il s’est agi de remplacer Helmut Kohl, sans jamais penser que l’engouement du public l’autorisait à prolonger une carrière interminable. Mais les faits son têtus et même impitoyables : la CDU n’a jamais obtenu moins de 30 % des suffrages, la voici maintenant à 24,1 ! Une telle déroute est certes due à la fatigue du pouvoir, à la volonté des Allemands de voir des têtes nouvelles, aux changements puissants qui sont intervenus depuis le début du millénaire dans la société allemande.

Un peu de charisme, SVP !

Or, pour combattre cette lassitude, il fallait impérativement que la CDU présentât un homme ou femme charismatique, par exemple Annalena Baerbock, chef des Verts, dont je ne saurais dire que son programme est bouleversant mais dont j’ose prétendre qu’elle est jolie, dynamique, qu’elle n’a que 40 ans et que, si elle avait été  à la tête de l’un des deux grands partis, elle aurait emballé l’affaire en un tournemain. Mme Merkel, qui ne manque pas de flair et n’est sûrement pas anti-féministe, a montré que Mme Baerbock l’a impressionnée jusqu’au moment où elle serait devenue coupable de favoriser l’opposition : il lui a bien fallu prendre la défense d’Armin Laschet. On ne peut  vraiment pas dire que les partis allemands aient choisi des hommes-liges susceptibles de bouleverser les électeurs. Dans un monde en pleine éruption, les voilà qui retournent au classicisme, désignent des apparatchiks, s’emploient à rassurer l’opinion allemande par tous les moyens avant même qu’elle ne fût inquiète, comme si la meilleure astuce électorale consistait à dire aux électeurs : « Ne vous occupez de rien, vous êtes entre de bonnes mains avec Armin et avec Olaf (Scholz, SPD). Ils s’occuperont de tout ».

Qu’est-ce qu’on va s’ennuyer !

La rigueur, l’austérité, la vocation de l’instituteur sévère à l’égard des partenaires européens, voilà quel a été et quel sera de toute façon le profil du prochain chancelier. Le malaise ressenti par les Allemands et les Européens ne vient-il pas tout simplement de ce qu’ils ont pensé une fois encore : « Ah ! Qu’est-ce qu’on va s’ennuyer! ». Quoi qu’il en soit, on ne fait pas de la politique en Allemagne quand on est pressé. Les partis vont prendre tout leur temps pour former une coalition, c’est-à-dire que les Verts et les libéraux vont devenir les arbitres dans les grands dossiers et qu’ils feront payer cher leur participation. Une simple réflexion démocratique aurait dû inciter la CDU à se retirer. Elle a perdu, que diable ! Seulement de 1,6 point, mais perdu. Elle aurait pu demander que le décompte des voix soit terminé avant toute démarche, mais non, la voilà partie pour une coalition avant même de savoir si elle a « définitivement » perdu et de combien.

Rien avant Noël ?

Quand aux sociaux démocrates, je leur souhaite beaucoup de courage. Ils sont d’autant plus enthousiastes qu’ils n’ont pas été au pouvoir depuis 2009 et encore se trouvaient-ils au sein d’une coalition CDU-SPD. Celle-là même qu’ils devraient reconstruire aujourd’hui s’ils veulent étouffer l’extrême droite, mais aussi écarter les libéraux et les Verts. Bref, il y a plusieurs formules dans les têtes et si ce n’était la qualité des mœurs politiques allemandes, on aurait craint un long débat sanglant. Il sera long de toute façon. D’aucuns prévoient qu’il n’y aura pas de gouvernement à Berlin jusqu’à Noël et qu’Angela Merkel expédiera les affaires courantes jusque là. Pour la France, c’est gênant, notre président bouillant de faire de grandes choses en Europe avant les élections générales de 2022. La chancelière ne peut rien faire d’important jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par son successeur et celui-ci, assurément, aura d’autres chats à fouetter qu’aider Macron à gagner.

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Courte victoire de l’opposition allemande

  1. Laurent Liscia dit :

    Voyons quelle alliance sortira de tout ça. Quiconque sortira vainqueur n’aura pas l’envergure de Merkel.

  2. Françoise PENE dit :

    Je ne pensais pas qu’en 2021 la première qualité (stricto sensu dans votre commentaire) d’une femme politique puisse être d’être jolie.

    Réponse
    J’adore les commentaires écrits avant même la fin de la matinée et qui sont envoyés uniquement pour être désagréable. C’est pourquoi je confirme que la beauté d’une femme politique est pour elle un atout. Je n’ai pas dit que la beauté est une priorité stricto sensu. Mais, si cela vous fait plaisir, j’ajoute que Yannick Jadot est un bel homme, ce qui ne saurait avoir diminué son succès.Cet équilibre vous satisfait-il ?
    R. L.

Répondre à Françoise PENE Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.