Mais oui, le bilan compte

Macron, le rempart
(Photo AFP)

En cette période électorale, le bilan de la majorité présidentielle semble positif. Il peut certes se détériorer dans les mois qui viennent, mais les indicateurs sont au vert. On ne voit pas pourquoi, dès lors, il ne représenterait pas un argument de campagne.

PERSONNE, pas même le gouvernement, n’annonce, avec tambours et trompettes, le recul du chômage, celui de la pandémie, la hausse du pouvoir d’achat, la réduction des impôts et taxes, l’inflation modérée, la hausse des retraites des cadres, la croissance qui dépasse les 6 % et place la France en excellente position européenne. Il y aura toujours des contradicteurs sceptiques qui souligneront ce qui ne va pas plutôt que ce qui va. Mais d’une part, les chiffres ne mentent jamais, surtout quand ils sont publiés par des organismes indépendants, et d’autre part, la seule idée que nous sommes mieux lotis que d’autres peuples comparables, en Europe ou ailleurs, suffit à démystifier la déferlante d’avis négatifs toute nourrie du tableau affreusement sinistre que l’on s’efforce de dresser de la France d’aujourd’hui, victime de la gouvernance d’Emmanuel Macron.

Un marche-pied.

Pour rejoindre l’analyse des censeurs professionnels, il faudrait couper le lien entre les actes utiles que M. Macron a accomplis et sa cote de popularité. Ces jours-ci, avec une foi élégiaque, on souligne la progression d’Éric Zemmour dans les sondages. On l’a vu sauter des obstacles, on l’imagine en avaler encore, poursuivre son ascension, geler la droite après avoir affaibli l’extrême droite, passer le premier tour. Mais aucune enquête d’opinion ne montre, pour le moment,  qu’il peut battre le président sortant au second tour. Dans les médias, on a organisé des sarabandes et des feux de joie autour de la candidature de Zemmour, en imaginant le scénario de l’invraisemblable. Par la force du verbe, il atteindrait le sommet du Sinaï et se ferait remettre les Tables de la Loi. Mais il est à 15 %, contre 25 % pour Macron. On peut aussi considérer la candidature de M. Zemmour comme le marche-pied de la victoire finale du président car l’écart serait plus grand entre les deux hommes qu’entre le président et Marine Le Pen.

Tropisme néo-fasciste.

Il serait plus sage d’envisager que, au lieu de « faire » Macron, il « ferait » l’homme de la droite le mieux placé, à savoir Xavier Bertrand. Les plus calmes d’entre nous font remarquer qu’il y a encore six mois de campagne et qu’une tempête peut éteindre le feu de paille. Ce qui est certain, en revanche, c’est que Zemmour a littéralement mis à genoux la droite et l’extrême droite, incapables de trouver une parade au phénomène, comme si ses idées passéistes ne pouvaient ni être rejointes ni condamnées. Ce faisant, il n’a pas déclenché un mouvement en faveur de la gauche, ni une colère froide contre sa pensée, ni une révolte des démocrates. Il est devenu acceptable et, sur la durée, il signe un tropisme de l’opinion française en direction du néo-fascisme. Mais, avant d’en arriver là, il aura buté sur Macron. Sans croire un seul instant qu’il sera présent au second tour, on imagine qu’un débat entre lui et M. Macron tournerait largement à l’avantage du président.

Le dégagisme n’est pas la panacée.

Il ne faut pas sous-estimer Zemmour, il a déjà fait des ravages dans son propre camp, notamment en divisant la droite classique. Mais peut-être ne faut-il pas non plus sous-estimer le président, qui a plus d’un tour dans son sac, domine les enquêtes d’opinion et gouverne encore. L’idée que l’histoire se répète et qu’il se passera l’an prochain ce qui s’est passé en 2017 est un vœu pieux. Le dégagisme n’est pas la panacée universelle. Zemmour est un saltimbanque qui fait applaudir ses jolis tours. La perspective la plus sérieuse, c’est qu’il ne passera pas le premier tour ; le constat est que, sans Macron, personne d’autre n’aurait su arrêter son ascension.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Mais oui, le bilan compte

  1. Laurent Liscia dit :

    Moins de Zemmour, plus de Macron 😉

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