Droite : faible et acerbe

Christian Jacob
(Photo AFP)

La stratégie mise au point par les Républicains (LR) pour désigner un candidat à la présidentielle est si peu convaincante qu’elle est assortie de propos de campagne inexpiables.

CHRISTIAN JACOB, président de LR, réagit à la crise de son parti par des déclarations qui, loin de hâter le dénouement de l’interminable processus de désignation, font de ses adversaires des monstres ou des imbéciles. Le voilà qui s’engage simultanément sur un front anti-Macron, un incapable qui n’a rien fait pendant quatre ans, et un second front anti-Philippe qui, en créant son propre parti, Horizons, aurait mis le feu à la campagne. En d’autres termes, son agressivité augmente à mesure de son indignation et de son inquiétude. Si Macron et si Philippe étaient aussi incompétents qu’il le dit, que ne s’en réjouit-il pas ? Sa colère atteint de tels sommets qu’il doit bien y avoir, dans la démarche des deux hommes, quelque chose de concret qui n’est pas en faveur de LR.

L’époque des diatribes.

On observe donc avec intérêt le flot de plus en plus puissant de ces diatribes qu’il partage d’ailleurs avec ses amis de LR mais aussi avec les autres partis d’opposition. La particularité de LR, c’est qu’il s’agit d’un mouvement pour qui les élections de 2022 étaient censées être une occasion unique de retourner au pouvoir, ce qui est moins probable aujourd’hui qu’au lendemain des régionales. On devient très vite intolérant quand on est placé au pouvoir. Dans le cas de M. Jacob, on le devient quand on y aspire. Ce qui ne va pas chez LR, ce ne sont pas les électeurs, ce sont les caciques du parti, qui ne savent pas comment réagir au dépeçage en cours de leur formation. Ils sont furieux, certes, mais qu’est-ce que la fureur, sinon un signe de panique ? Ils souffrent de la liberté des autres et, en conséquence, ils les condamnent pour exercice de la liberté. Il est absurde de dire qu’Édouard Philippe n’a rien fait. Il est l’homme politique le plus populaire de France et il serait élu président en 2022 si M. Macron ne se présentait pas de nouveau.

Deux mois de vacances.

Absurde encore de dire que l’actuel président est un désastre pour le pays. Les propos incendiaires de M. Jacob trahissent le manque d’arguments dont il souffre. Emmanuel Macron est le candidat le mieux placé, c’est une évidence qu’il n’est utile de rappeler qu’à ceux qui ont décidé de rester sourds et aveugles aux faits les moins contestables. M. Jacob devrait commencer à se réveiller et à constater que sa stratégie ne vaut pas mieux que ce qu’il dit de Macron : les deux des cinq candidats de la droite classique qui ont une chance, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse,  vont devoir attendre le mois de décembre pour obtenir pour l’un d’entre eux, le feu vert d’un parti. Un parti qui n’est plus celui de Mme Pécresse ou de M. Bertrand. Un parti dont certains éléments, comme le brave M. Ciotti, envisage de voter Zemmour au second tour. Un parti qui dit qu’il y a le feu dans la campagne et s’offre deux mois de vacances. Et c’est ce parti qui  va gouverner la France ?

Un Bertrand amadoué.

Depuis longtemps, Xavier Bertrand se présente comme le roi d’un domaine sans frontières, celui de l’intégrité. Intégrité politique, morale, idéologique, philosophique. Au nom de cet atout, il était devenu intraitable. Pas de primaire, pas de désignation par LR, chacun pour soi et c’est moi qui l’emporterai. Sauf que le temps a fait son œuvre et que M. Bertrand a dû mettre de l’eau dans son vin. Compromis : pas de primaire, mais réunion des adhérents au parti en congrès qui désignera le candidat de LR. Ce n’est plus le même Bertrand, impavide et incorruptible. Il est rentré au bercail et fait déjà moins peur. Mais pourquoi toutes ces palinodies ? À quoi auront servi ces tractations et marchandages si on regarde le paysage ? Tous les sondages depuis le début de l’été et toutes les hypothèses montrent que M. Macron l’emporte au second tour contre n’importe quel  candidat. Le paradoxe est saisissant : le président sortant n’a pas de parti, mais il a le soutien d’Édouard Philippe, ce qui fait de lui un candidat très solide ; LR est un vrai parti mais il n’a pas de candidat crédible, à cause du Rassemblement national, à cause d’Éric Zemmour, de qui vous voulez, mais sûrement pas de Macron. Critiquer le président, certes. Mais pour quoi faire ?

RICHARD LISCIA 

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Une réponse à Droite : faible et acerbe

  1. Laurent Liscia dit :

    Étrange. La droite unie l’emporte. La droite morcelee n’a aucune chance. Et pourtant, personne ne propose un discours unificateur.

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