Passe sanitaire : une bataille de trop

Larcher, président du Sénat
(Photo AFP)

Le président de la République n’était nullement obligé de prolonger le passe sanitaire jusqu’au 1er juillet pas plus que la droite sénatoriale, favorable à un raccourcissement de la durée du passe n’avait besoin de faire une sorte de mise au point autoritaire administrée au chef de l’État.

LE RAISONNEMENT est simple, mais privé de toute élégance, comme si le pouvoir en place pouvait sérieusement être exercé au-delà du mandat. Pour la droite sénatoriale, il suffisait de demander un butoir après l’élection présidentielle d’avril, que le président de la République aurait accepté.  Sur un sujet historique (Macron sera-t-il réélu ?), on a créé un différend mesquin qui montre que la nuit du second tour sera celle des longs couteaux.

Messieurs, un peu de patience !

On n’avait pas besoin de cette querelle, tout simplement parce que le président sortant est terriblement agacé qu’on lui cherche noise à tout instant, qu’il s’agisse de l’ascension de Zemmour, des critiques de la gauche et de la droite, toutes tournées contre lui, alors qu’il est un démocrate sérieux, ce que ne peuvent pas prétendre les Mélenchon et les Le Pen. Il s’est mis dans l’idée qu’il gouverne au nom d’un mandat qui certes a une limite, mais qu’il a le droit de faire des plans pour le prochain mandat. Je ne vois pas ce qu’il y a de si dangereux à le laisser agir. Ce qu’il a fait, s’il part, sera défait.

Éric la terreur.

En conséquence, ce n’est pas pour avril prochain que les sénateurs de droite sont inquiets, c’est pour la tournure que prend la campagne. Reportez-vous aux sondages multiples réalisées depuis trois mois et vous verrez que M. Zemmour prend des voix à Le Pen et à LR, mais pas à Macron. Comme ils le répètent à satiété comme pour mieux se rassurer, les Républicains rappellent que les pronostics six mois avant l’élection ne sont pas valables. On peut leur rétorquer qu’Emmanuel Macron a commencé timidement mais qu’il s’est rapidement imposé, en 2017, pour ne plus lâcher prise. L’histoire ne se répète pas nécessairement de la même façon, mais enfin le temps passe, nous sommes carrément à l’automne et le paysage politique ne vous paraît-il pas quelque peu figé, avec Macron devançant tous les autres d’environ six points ?

Hollande écrit trop de livres.

À la notion du temps susceptible d’effriter la puissance d’une candidature, on oppose aussi celle du temps qui  la renforce. De ce point de vue, l’irruption de M. Zemmour a fait le même effet catastrophique sur l’extrême droite que la décision de François Hollande, en novembre 2016, de renoncer à se présenter sur la gauche. Il est vrai que l’ancien président a plutôt envie de revenir dans la mêlée et  revigorer des groupes dont il n’est plus certain qu’ils lui sont fidèles.

Macron plus hué que Hollande.

Il ne peut pas le faire sans siphonner les suffrages d’Anne Hidalgo, n’est pas certain de les avoir toutes et risque de finir avec un score très insuffisant par rapport à son ambition. Il ne s’agit ici ni de lui trouver un défaut de caractère, ni de le ranger dans l’armoire des has been. Il s’agit simplement de reconnaître qu’il a très mal géré son mandat, que lui aussi écrit trop de livres et qu’il reste à Macron le charme et la dynamique de la jeunesse, je le dis notamment pour ceux qui passent leur temps à dénoncer le travail du président, ses déclarations, ses actes, ses discours et toutes ses dépenses.

C’est l’occasion de rappeler que, de toute évidence, Les Républicains ont perdu une grande occasion de se réinstaller au pouvoir et qu’au lieu de combattre ceux qui les agressent tous les jours comme M. Zemmour, ils ont décidé que le seul moyen de l’emporter était de dire du mal de Macron et même de tirer sur lui à boulets rouges. Quand les hommes sont intelligents, ils savent retirer une méthode qui n’a pas fait ses preuves. Mais non, Les Républicains sont abonnés aux bombardements contre l’Élysée. Ils peuvent continuer jusqu’en avril et ils en paieront le prix.

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3 réponses à Passe sanitaire : une bataille de trop

  1. mathieu dit :

    Avec le recul (c’est toujours plus facile), il est clair, en l’absence de leader naturel « à droite », que l’ensemble de LR eût mieux fait d’avaler son chapeau, d’aller à Canossa et rallier (sous condition, c’est toujours mieux), Macron (ce qui ne veut pas dire le macronisme), devenant ainsi le parti majoritaire dans la majorité, situation ultra-confortable pour 2027, terme inéluctable de l’ère Macron !
    Macron se serait ainsi « payé » le parti gaulliste… lequel, en retour, se serait assuré son avenir et la pérennité de son leadership sur le centre-droit, via des personnalités consensuelles comme le juppéiste Edouard Philippe, successeur du « candidat naturel » et hélas malheureux de la droite en 2017!

  2. Laurent Liscia dit :

    Simagrées qui seront sanctionnées en avril.

  3. Doriel Pebin dit :

    Les sondages montrent que les trois forces politiques actuelles sont: a) deux extrêmes : droite avec Le Pen et Zemmour + gauche avec les Insoumis, b) un « centre » droite-gauche socio-démocrate. Les soi-disant Républicains devraient se souvenir ce que veulent dire les mots Res Publica et Démocratie = un esprit de consensus est obligatoire avec les élections libres, un État de droit et le respect des minorités. Il est très simple finalement de savoir où les vrais républicains devraient se situer et vers qui devraient se concentrer leurs critiques. Il paraît que cela s’appelle le « bon sens populaire ».

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