Barnier : le retour

Michel Barnier
(Photo AFP)

Il n’est pas impossible que Michel Barnier, ancien commissaire européen, tire avantage de la longue procédure de désignation du candidat des Républicains et obtienne, contre toute attente, son investiture.

M. BARNIER dispose, sur le papier, de toutes les lettres de créance requises pour s’imposer lors du congrès du parti en décembre. Il n’a jamais quitté le parti, il a été ministre et reconnu comme l’homme qui a su négocier le Brexit avec le Royaume-Uni. Cependant, il est peu connu de ses concitoyens, et ses qualités, sérieux, culture, technocratie risquent de le faire apparaître, le cas échéant, comme un candidat dépourvu de charisme. À 70 ans, il est improbable qu’il se présente pour un second quinquennat. Ses défauts, néanmoins, pourraient aussi l’aider, en ce sens que Laurent Wauquiez, qui a renoncé à 2022 tout en exerçant une forte influence sur LR, se verrait renforcé par sa défaite et deviendrait le « candidat naturel », celui dont LR manque cette année, pour 2027.

Un sursaut face à l’adversité?

Certes, ces calculs à long terme n’augmentent pas les chances de la droite classique. Le nombre des nouveaux adhérents se multiplie grâce à une campagne d’abonnements réussie et l’affaiblissement de Marine Le Pen par l’éventuelle candidature d’Éric Zemmour donne des couleurs à LR, avec une sorte de sursaut face à l’adversité. Si les électeurs traditionnels de LR pressent le parti d’aller plus vite  au sein d’une campagne que M. Zemmour a électrifiée, le rythme imposé par Christian Jacob ne traduit pas seulement l’apathie des caciques du parti, il donne à l’électorat le temps de réfléchir. M. Barnier fait remarquer que, lui, contrairement, à Valérie Pécresse et à Xavier Bertrand, n’a jamais quitté le parti, qu’il est resté gaulliste et que, sous son calme apparent, il a une détermination sans failles.

Macron et Barnier se ressemblent.

Ce qui freine son élan, c’est l’incapacité des partis de l’opposition à offrir une alternative crédible à Emmanuel Macron, dont M. Barnier, sans en être le clone, est la copie conforme si l’on s’en tient aux questions fondamentales. C’est, à n’en pas douter, un républicain et un démocrate, genre qui devient très rare à l’extrême droite et à l’extrême gauche et que les vrais candidats démocrates français ne sont guère, sauf le président sortant, les plus populaires. C’est un peu comme si Zemmour et Mélenchon avaient confisqué un quart des électeurs par leurs seuls discours provocateurs, comme si les Français avaient soudain besoin d’un candidat comparable à Boris Johnson, ou que le dégagisme entraînait la préférence pour un inconnu, ce qui sied d’ailleurs à M. Barnier.

Héritier de Jospin.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la campagne électorale est déjà engagée et qu’aucun parti ne restera inerte. Quand LR aura enfin désigné son candidat, celui-ci sera dans une bouilloire qui fait depuis longtemps de la vapeur d’eau. N’importe quel candidat LR sera quelque peu désarçonné par les efforts de la majorité présidentielle pour augmenter les chances de son candidat. Lequel n’hésite pas, de son bureau de l’Élysée, à  faire campagne et à distribuer des largesses susceptibles de convaincre quelques uns des électeurs qui lui sont le plus hostiles. Bien entendu, cette méthode est clouée au pilori, mais M. Macron n’en a cure : il ne fait rien qui n’ait pas été fait avant lui et il se moule avec bonheur dans le costume du président de la Vè République et dans le quinquennat (une idée de Lionel Jospin qui n’a pas fait fureur).

Si M. Jacob ne retenait que la nécessité de réussir, il s’arrangerait pour que Xavier Bertrand devienne le candidat de LR car, dans les sondages, il est le seul capable d’arrêter l’ascension du président sortant. Il n’y aura pas de primaire à LR, mais un congrès. Il n’empêche : les candidats de LR auront tout le temps de se combattre sauvagement, ce qui laissera des traces au moment où un Bertrand triomphant verra devant lui la montagne à franchir. Les prédictions sont interdites (tant d’événements peuvent se produire qui modifieraient la donne), mais il y a loin entre un « départage » et une élection présidentielle.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Barnier : le retour

  1. Laurent Liscia dit :

    Enfin un candidat de droite que je pourrais soutenir …

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