La guerre de l’espace

Poutine : diplomatie du missile
(Photo AFP)

Vladimir Poutine s’acharne littéralement à nous priver de toutes les illusions qu nous pourrions nourrir à son sujet. Il vient de faire tirer un missile dans l’espace pour détruire un satellite périmé, sans crier gare. Les habitants de la station spatiale internationale ont dû se réfugier dans leurs nacelles de retour, dans la crainte des débris de la cible russe susceptibles d’endommager la station.

L’ATTAQUE  a été décrite comme irresponsable par l’OTAN et les Occidentaux, qui y ont vu une nouvelle provocation de Moscou, une fois encore assumée comme parfaitement illégitime, mais nécessaire au « nettoyage » de l’espace. Le paradoxe veut que Poutine, dans son aveuglement, n’a pas compris qu’il venait de prendre le risque de démolir la station internationale, alors qu’il en est l’un des principaux contributeurs. En conséquence, ses démonstrations sont parfois suicidaires.

Premiers signaux de son affaiblissement.

Bien que la fermeté du contrôle exercé sur son peuple par le maître du Kremlin ne soit contestée par personne, l’homme de Moscou semble prendre des initiatives largement influencées par les premiers signaux de son affaiblissement politique. Il est incapable de freiner la ruineuse inflation qui empêche le développement économique de son pays, il est obligé d’intervenir dans la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, guerre qu’il réprouve, il est contraint de supplier ses concitoyens d’aller se faire vacciner alors que la pandémie fait des ravages en Russie.

Levée de boucliers.

La désaffection des Russes pour le vaccin traduit leur manque de confiance dans un vaccin entièrement conçu en Russie, et dans tout vaccin en général. Mais la Russie, en attendant, est l’un des pays les plus touchés par la pandémie et ce, depuis plusieurs semaines. Cette situation est comparable à celle d’autres pays d’Europe, comme la Hollande ou l’Allemagne qui subissent la cinquième vague de plein fouet. Le gouvernement français, qui constate une hausse sensible du nombre de cas et d’hospitalisations, n’entend pas confiner la population, mais poursuivre la pratique du passe sanitaire, ce qui, bien entendu et malgré le nouveau danger, se traduit par une levée de boucliers.

Achetez donc Pfizer.

Ce qui est intéressant, c’est qu’Emmanuel Macron ne craint pas, malgré la capacité française de se soulever contre ce qui lui déplaît, de continuer à prendre des décisions contraignantes alors que le dictateur de Moscou  ne sait plus comment faire pour amener le peuple à ses centres de vaccination. Il a une solution déplaisante : celle de bannir son Spoutnik V, et d’acheter Pfizer ou Bio’NTech. Il préfère montrer ses muscles en allant détruire dans l’espace une cible inerte qui ne méritait sans doute pas d’être expédiée par le fond (de l’espace). Or Poutine sait exactement où en sont ses relations avant l’Occident. Il masse des troupes aux frontières de l’Ukraine, continue à faire en sorte que ses navires aillent taquiner les proues des navires occidentaux, intervient en Arménie, organise des manœuvres militaires à la frontière russe des États baltes, manœuvres aussitôt concurrencées par celles de l’OTAN, que dénonce Moscou.

Cet homme est dangereux.

Dans le comportement de la Russie, il y a le vrai Poutine, l’enfant gâté qui ne veut pas qu’on marche sur ses plates-bandes, qui aime bien tirer un coup de missile de temps en temps, qui est totalement incompétent quand il s’agit de lutter contre une pandémie, et qui, ivre de sa force, a envie de la tester au cours d’une échauffourée avec l’OTAN. On ne dira jamais assez combien cet homme est dangereux. Il traite les occidentaux, désignés comme ennemis par ses soins, avec le mépris que lui inspirent les Baltes et les Ukrainiens. Il étend son influence dans le monde à la faveur des pires conflits qu’il ne contribue jamais à éteindre mais qu’il entretient par ses propres interventions militaires. C’est la stratégie de la tension, dont il espère qu’elle rendra nerveux ses adversaires, alors que, las de ses provocations, ils y répondent en ayant recours à ses propres méthodes : manœuvres à la frontière de la Russie, dénonciation permanente de l’annexion de la Crimée, stigmatisation du tir de missile. Rien de tout ça ne prépare la paix, mais c’est le contexte créé par Poutine.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La guerre de l’espace

  1. Laurent Liscia dit :

    C’est aussi un imbécile qui se croit intelligent – comme Trump. C’est ce qui le rend dangereux.

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