Chaos en Guadeloupe

Tout un programme
(Photo AFP)

Pour la Guadeloupe, qui fait l’objet de pillages et d’incendies depuis une semaine, il n’y a qu’une analyse possible : si le facteur direct de l’agitation est la résistance à la vaccination, la dégradation prononcée de la situation sociale en favorise l’ampleur.

LE GOUVERNEMENT est confronté à une double tâche : la première est sacrée, elle consiste à rétablir l’ordre, ce qui a entrainé l’envoi sur place du GIGN ; la seconde est de porter un regard sur les racines du mal qui sont bien plus profondes que le seul prétexte de la vaccination. L’accomplissement de cette tâche est d’autant plus urgent que la Martinique s’est mise en mode de grève générale et l’on sait ce que cela signifie, à savoir de nouveau des pillages et des incendies. Le risque d’un débordement des forces de l’ordre par les manifestants est donc très grand et nécessite une action d’une autre ampleur que le cautère sur une jambe de bois.

Un plan contre la misère.

On dira sans doute que les pouvoirs publics n’ont pas prévu cette sorte d’insurection qui s’est produite en Martinique et que son impréparation est très coûteuse. Mais on ignore ce qu’un autre exécutif aurait été capable de faire. En tout cas, la relation avec la métropole est très dégradée, à cause d’une crise sociale, certes nourrie par le virus, mais dont les facteurs remontent à avant la pandémie. Pour nos dirigeants actuels, l’éloignement des DOM-TOM ne facilite ni la répression ni la considération que mérite la souffrance des Guadeloupéens. Ils ont, comme tous les peuples, besoin d’un plan qui améliore leurs conditions de vie et les tire lentement hors de la misère. S’ils ont cessé de dominer leur malaise et incendient des automobiles, c’est peut-être parce qu’ils sont manipulés par des nervis d’extrême droite, comme on le laisse entendre.

Un moment de désespoir.

Cependant, il ne suffira pas de répondre aux émeutes par la force, pour autant que celle-ci soit suffisamment massive, ni par une analyse pointue et subtile qui ne laisse aucune place à l’émotion. Il faut dialoguer avec les Guadeloupéens et avec les Martiniquais, pour qu’ils aient enfin un interlocuteur. Il y a du désespoir dans leur comportement violent et son niveau baissera seulement si le dialogue leur offre plus d’espoir que la confrontation. Il me semble que le gouvernement, déjà inquiet de l’évolution de la pandémie, concentré sur l’approche de l’élection présidentielle, harcelé par les critiques constantes des oppositions, ne peut sortir de cette nasse qu’en créant des perspectives pour les habitants des DOM-TOM qui, au fond, n’ont jamais obtenu l’émancipation sociale que tous méritent.

Comment satisfaire les revendications.

À qui, il faut ajouter que la crise des territoires d’Outremer n’est pas de cette année mais de décennies de politiques floues et inefficaces et que nous n’aiderons jamais les Guadeloupéens et les Martiniquais si nous ne sommes pas tous d’accord en France sur la marche à suivre. Des élus des territoires sont arrivés aujourd’hui pour exprimer leurs doléances à l’Élysée. Mais nous savons tous ce que sont leurs revendications. Ce que nous ignorons, ce sont les moyens de les satisfaire.

La réponse est d’ordre budgétaire, alors que la droite reproche au gouvernement de trop dépenser déjà, avec l’arrière-pensée que, s’il avait serré les cordons de la bourse, elle aurait pu le fustiger pour ne pas avoir préparé la relance économique. Les élections d’avril prochain ne favorisent guère le consensus, ni même le rapprochement ou la conversation entre le pouvoir et les oppositions. On ne peut pas se battre et s’entendre à la fois. Pourtant, la crise de la Guadeloupe n’est pas le seul fait de ses habitants. Elle résulte d’une négligence historique.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Chaos en Guadeloupe

  1. Laurent Liscia dit :

    Généreuse analyse quand on aurait pu céder à l’énervement pur et simple face au pillage. Le parallèle avec les communautes noires urbaines et non-vaccinées, convaincues que le vaccin est un complot blanc, est troublant.

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