La cinquième vague

Castex, cas contact
(Photo AFP)

La pandémie a retrouvé sa vigueur à la faveur de l’arrivée de l’hiver. Le nombre de contaminations en France a doublé, l’Allemagne et d’autres pays du Nord sont assommés par le variant Delta, le plus contagieux.

LE GOUVERNEMENT a rejeté l’hypothèse d’un déconfinement, adoptée en Autriche, car elle remettrait en question le rebond spectaculaire de l’économie et de l’emploi. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’inquiète pas : il réclame la vaccination complète de nos concitoyens, le retour aux gestes barrières après le relâchement de l’été. Le Premier ministre Jean Castex a été mis en quarantaine. Il est cas contact depuis qu’il a rencontré son homologue belge. La crise sanitaire ravage la Guadeloupe et la Martinique, où elle s’accompagne d’émeutes et d’incendies. Le ministre de l’Intérieur estime que les pouvoirs publics ne peuvent pas commencer à dialoguer tant que le calme n’est pas revenu.

Un aspect positif.

Le fait est qu’ils sont rattrapés par une crise sociale explosive dans les Antilles qui a servi de contexte au mécontentement engendré par le passe sanitaire. D’une façon générale, la population française, une fois de plus, s’est montrée disciplinée, même s’il lui est pénible de remettre le masque et d’éviter les contacts. Il y a un aspect évidemment négatif dans la recrudescence de la pandémie en France, mais il y a aussi un aspect positif dans la mesure où la vague, pour le moment, reste modeste grâce à un taux de vaccination élevé et parce que les Français ont compris l’efficacité des injections et des mesures de prévention.

Sauver l’économie…et le climat ?

Il n’empêche que la société française court plusieurs lièvres à la fois. Les Français constatent que l’économie et l’emploi vont bien mieux qu’espéré et le gouvernement se sert de l’argument en période électorale. Du coup, se dégagent des perspectives de croissance qui réjouissent tout le monde. Mais nous sortons d’une COP qui a à peine murmuré des objectifs que nous renions dans les faits et de plusieurs manières : par exemple, en soutenant le développement du voyage aérien, stimulant de la croissance, mais coupable d’effet de serre.

Le passage à l’avion électrique ou à hydrogène devrait être inscrit dans une procédure chiffrée et datée. Il n’en est rien. Nous nous sommes félicités en France d’une énorme livraison d’Airbus à une société américaine, mais elle est en parfaite contradiction avec nos objectifs environnementaux. Tout se passe, alors que la lutte contre le réchauffement climatique est une affaire urgente, comme s’il fallait engranger la dernière bonne affaire avant d’instaurer la discipline. Mais nul, en tout cas pas le gouvernement, n’empêchera Airbus d’accumuler des contrats ultérieurement.

Le bonheur d’invectiver.

On remarquera en même temps que l’immense débat de la pré-campagne n’a pas dépassé le stade de l’invective, fondé qu’il est presque exclusivement sur l’immigration ou sur un bilan dénigré par l’opposition, vanté par l’exécutif. Avant même d’être choisi par les Républicains, Xavier Bertrand a fait de l’anti-macronisme sa spécialité. Il suit le président partout où il va, dans le Nord notamment, un peu comme s’il n’acceptait pas que le chef de l’État chasse sur ses terres. Il a passé quelque trois jours à l’interpeller, à le réprimander, au sujet d’Ascoval ou de la pêche, avec une hargne tenace et un mépris total pour la fonction. Cet acharnement, c’est un peu le vol du bourdon, pas celui de Rimski-Korsakov, mais d’un insecte vrai, vibrant et encombrant, sorte de drone vivant et impitoyable.

C’est le pouvoir qui trinque.

Mais les campagnes négatives accompagnent les positives, celles où l’on évite les attaques ad hominem et où l’on expose les mesures envisagées. Cette cinquième vague, qui n’est pas du tout terminée, emportera-t-elle les espoirs de la macronie qui, jusqu’à présent, a résisté aux vents et marées, bourrasques et cyclones ? Ce n’est pas impossible, tant la pandémie a modifié en profondeur la société française. Le retour à l’ordre des territoires d’Outremer n’est pas facile à obtenir, le Covid sera plus meurtrier pendant l’hiver et, à la fin des fins, c’est toujours le pouvoir en place qui trinque.

RICHARD LISCIA

 

 

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3 réponses à La cinquième vague

  1. Laurent Liscia dit :

    Il n’y a pas que la macronie qui risque d’être emportée. La reprise mondiale est menacée, et les fameux problèmes de logistique risquent de revenir au galop.

  2. Martine ROBILLARD dit :

    La « cinquième vague », nouvel épisode d’un feuilleton qui n’a que trop duré ; par Laurence Toubiana, chercheur à l’Inserm. Le mauvais feuilleton sanitaire continue.

  3. Hugues dit :

    Ce n’est pas la peine de se flageller. Si la Chine, l’Inde, les USA ne changent pas leurs habitudes de consommation, c’est trop tard. Il faut à notre niveau européen anticiper, panneau solaire pour autoconsommation, nucléaire temporaire, pour les voitures électriques, agriculture raisonnée (le bio doit payer décemment les agriculteurs), taxer massivement les importations pour développer nos filières industrielles. Les COP polluent, donnent bonne conscience, l’avion électrique est une pure spéculation intellectuelle (dixit en off les ingénieurs) tant que nous n’aurons pas de matériau léger pour les batteries. Il faut créer notre jardin d’Éden en Europe tant que nous en avons les moyens.

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