Valérie Pécresse candidate

Valérie superstar
(Photo AFP)

Valérie Pécresse a été élue candidate des Républicains à la présidence de la République, avec 61 % des voix (contre 31 à Éric Ciotti). Elle a annoncé qu’elle partirait aussitôt en campagne.

DEVANCÉE par Éric Ciotti au premier tour (mais de seulement six cent voix), Valérie Pécresse l’a laissé sur place au second par 61 % des suffrages contre 39 %. Il  faut applaudir le choix des Républicains qui, en  dépit de leur conservatisme, ont préféré une femme à un homme, ce qui fait qu’il y a désormais trois femmes candidates à la présidence, si on compte Anne Hidalgo et Marine Le Pen. Dans son discours, Mme Pécresse a souligné son genre à gros traits pour montrer aux Français qu’il existe du progressisme dans la démarche de LR. Elle a insisté aussi sur sa capacité à unir et à rassembler, qui résulterait des engagements pris par les candidats moins heureux qu’elle.

Les électeurs sont libres.

Mais le suffrage n’appartient qu’à l’électeur. Quand  les Républicains, pendant près de cinq ans, ont critiqué Emmanuel Macron pour leur avoir « dérobé » les voix de la droite, ils voulaient une revanche. Ils auraient même pu agonir d’injures le Rassemblement national qui ne s’est pas gêné pour marcher dans leurs plates-bandes. Ce long épisode de hargne et de haine n’est pas vraiment terminé. Car les électeurs que LR croit posséder sont libres de voter pour qui leur convient. Ils ont déjà montré qu’ils étaient capables d’aller vers la République en marche, ou même chez Marine Le Pen ou encore chez Éric Zemmour. Incontestablement, Mme Pécresse a gagné une grande bataille, elle l’a fait avec doigté et intelligence, mais elle doit transformer l’essai. Dans les enquêtes d’intentions de vote, elle ne dépasse guère les 10 %. Il lui faut doubler  le score pour franchir le cap du second tour.

Pécresse a un côté macroniste.

On croit à son talent et à son pouvoir de persuasion, mais il existe des raisons pour la défection partielle des électeurs de LR : ils sont moins décontenancés par les décisions du pouvoir que LR veut nous le faire croire ; il n’est pas impossible que, comme les meilleurs politologues, ils jugent qu’il n’y a pas une grande différence idéologique entre Mme Pécresse et M. Macron ; qu’elle s’est contentée de donner des gages à la tranche extrême droitière du parti mais qu’elle suivra une politique plus sage; qu’après les envolées de la campagne, apparaissent les contraintes économiques, sociales et financières.

Un moment de sincérité.

Il ne faut pas se priver de la fête à laquelle l’élection d’une femme invite le pays. C’est un joli coup, entièrement produit par le talent de la candidate. Il est absolument certain que nous venons d’assister à un merveilleux exercice démocratique, qui nous venge des diatribes de certains autres candidats, lesquels croient gagner en terrifiant le peuple ou en le dupant. On ne peut pas, disait Lincoln, tromper tout le peuple et tout le temps. Ce que nous a offert Mme Pécresse, c’est un beau moment de sincérité. Un atout qui lui permet en outre d’exercer son autorité. Elle va parler cash, et s’il y a des sacrifices à faire, elle les annoncera. Elle se gardera bien d’imiter M. Zemmour, son négationnisme et son révisionnisme. On avait besoin d’être rassuré et on se dit qu’un match entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron est infiniment plus intéressant qu’un match Macron-Le Pen.

Le danger, c’est la longueur d’un parcours et ses très nombreux obstacles. Dans l’excitation de la victoire, Mme Pécresse s’est abstenue de les mentionner et elle a bien fait. On ne brigue pas la présidence de la République pour dire après que c’est une tâche inhumaine. Elle a mis tout son enthousiasme apparent et profond au service de sa campagne. Elle n’est pas démunie. Cependant, l’unité du parti qu’elle défend avec tant d’enthousiasme est un mythe. M. Ciotti n’a pas attendu une journée pour estimer qu’elle n’envoie pas le « bon message ». Il pèse sur sa campagne et risque de creuser un profond clivage chez LR.

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à Valérie Pécresse candidate

  1. Num dit :

    Mme Pecresse est en hausse de 7 points dans un sondage paru ce soir en position de se qualifie pour le second tour. Second tour où elle serait à 48/52 vs M. Macron. Qui a dit que cette élection était jouée ?

  2. Dominique S dit :

    Valérie Pecresse est effectivement une très bonne candidate pour LR. Mais elle ne pourra pas empêcher ses principaux associés de s’exprimer. Et il faut reconnaitre que les grands discours de Laurent Wauquiez, de François Baroin et plus récemment de Eric Ciotti et de Xavier Bertrand n’ont pas vraiment réussi à faire baisser Emmanuel Macron dans les sondages. Mais, contrairement à Anne Hidalgo, Valérie Pecresse n’a pas encore perdu la prochaine élection présidentielle. Les prochaines semaines seront donc décisives pour y voir plus clair.

    • Num dit :

      Sondage paru ce jour :
      Pecresse 20% (+11)
      Macron 23% (-2)
      Hidalgo 3%
      Pecresse gagnante au 2e tour par 52/48
      Rien n’est joué et Macron n’a pas gagné d’avance…

      Réponse
      Et alors, c’est plié ? Le blog et plus sage que certains de ses électeurs
      R. .

  3. Laurent Liscia dit :

    Bravo au LR.

Répondre à Laurent Liscia Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.