Macron sature l’espace

Valérie est fâchée
(Photo AFP)

Emmanuel Macron sera sur TF1 et LCI mercredi soir pendant une heure et demie, après avoir donné une conférence de presse de deux heures et demie la semaine dernière. Valérie Pécresse devait intervenir sur BFMTV le même jour à la même heure, elle a reporté l’entretien et déposé plainte auprès du CSA (Conseil supérieur de l’audiovision) contre un comportement qui ressemble à un tacle permanent.

LE PRÉSIDENT n’est pas embarrassé par sa méthode singulière. Il en fait même un atout, avec la conviction que, plus il occupera l’espace audiovisuel, moins sa principale rivale à l’élection présidentielle fera entendre sa voix. Ce n’est guère fair play et cela traduit une inquiétude : le président sortant craint d’être battu par la candidate de LR. Mais le frémissement de ses troupes annonce un bouleversement, un ouragan de prises de parole, une variété infinie de meetings ; elles ne feront pas de quartier.

Surveiller ses dépenses.

Cela peut paraître anecdotique et même drôle, pour ceux qui ne seraient pas effrayés par une victoire de M. Macron. Si Mme Pécresse le prend mal et cherche à limiter les interventions de son adversaire, elle s’embarquera dans des procédures compliquées qui risquent de ne pas aboutir ou, pire, se traduiraient par des sanctions après la campagne. Il est visible que le président sortant prend plaisir à faire ce qui lui plaît, étant entendu que le précédent Sarkozy lui ordonne de surveiller ses dépenses de campagne comme le lait sur le feu. Là aussi, la question est complexe et probablement sans réponse. Il sera très difficile de séparer les actions de M. Macron qui relèveraient de la simple gestion du pays et celles qui correspondraient à sa campagne électorale.

Méchanceté mécanique.

Non sans cynisme, M. Macron joue des deux à la fois : il a le droit de présenter son bilan à la télévision, affirment ses proches, c’est-à-dire les personnes de son entourage qui ont déjà porté le diagnostic sur Mme Pécresse : il ne faut pas la négliger, alors que la candidature d’Éric Zemmour ne les a pas ébranlés. Ils sont prêts à lâcher un tapis de bombes sur la campagne LR. Derrière des manœuvres qui relèvent du comique de situation, se profile la méchanceté à laquelle sont astreints presque mécaniquement les concurrents les plus respectables. Mme Pécresse étant une femme, elle ne cherche pas à se présenter comme une mégère, même si elle se revendique de Margaret Thatcher, mais à un tiers seulement, et elle poursuit d’ailleurs sa campagne avec un sourire indélébile.

Mais oui, le bilan.

Cela dit, il est très utile pour M. Macron de présenter son bilan. Car personne ne l’a fait pour affirmer sa médiocrité alors qu’il a joué un rôle vital lors de la crise financière et pendant la pandémie. Pendant que des associations, obsédées par le président qu’elles haïssent, cherchent à traîner ses collaborateurs en justice, le chef de l’État, qui présidera l’Europe à partir du 1er janvier,  a quand même réussi à convaincre Angela Merkel qu’il fallait mutualiser la dette européenne ; et, tandis qu’on veut lui attribuer des décès dus au Covid, il a refusé de confiner le pays lors de la quatrième vague et a tout de même réussi à faire vacciner une majorité de Français de tous âges.

Le mandat de tous les dangers.

On dit couramment qu’un président-candidat ne se présente pas sur un bilan. Mais le mandat de Macron, de divers points de vue, a été exceptionnel. Le plus dur mandat de la Vè République, avec les grèves dues aux réformes (elles ont donc été réalisées) , la loi Travail, les gilets jaunes et la pandémie, avec ses conséquences morales, sociales et financières. L’idée même que l’on puisse sanctionner un président qui a dû affronter de tels problèmes est une forfaiture dans la mesure où, s’il n’a fait que son travail, il l’a fait à peu près correctement. Mme Pécresse lui demande des comptes. Elle est fière d’avoir inventer l’expression « il a cramé la caisse », alors que soutenir l’emploi pendant la crise était un geste intelligent qui a protégé le pays contre une crise dure et durable.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Macron sature l’espace

  1. Dominique S dit :

    Dans certains pays, le chef d’État se débrouille tellement bien qu’il obtient facilement plus de 90 % des voix. Dans d’autres, il s’organise parfois pour contourner la règle initiale, limitant le nombre de mandats. Le dirigeant qui se représente est plutôt désavantagé. En France, aucun président de la Vème République, n’a réussi à se faire réélire (hors cohabitation). Je ne suis donc pas du tout choqué que les interventions de Macron, en tant que président, ne soient pas décomptées de son temps de parole (sauf peut-être dans la phase finale de l’élection).

  2. tapas92 dit :

    Vous avez tout dit dans le titre. Aujourd’hui, l’essentiel de la communication est de saturer l’espace médiatique. Même sans rien apporter, ni information nouvelle, ni discussion, ni solution. Juste saturer. Pour éviter que d’autres le fassent et ne disent ce que vous ne voulez pas qu’ils disent. L’important n’est pas ce que vous dites, mais l’important est que l’autre n’arrive pas à exister. Être visible pour exister

  3. Laurent Liscia dit :

    Macron se sait faible en communication. Il communique donc à tout va. Voyons si Mme Pécresse obtient gain de cause. On ne peut pas lui reprocher de saisir le CSA.

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