Macron supercandidat

Pas de miracle pour Valérie
(Photo AFP)

Emmanuel Macron fait feu de tout bois. Il a donné un entretien au « Parisien » dans lequel il a promis d’ « emmerder » les non-vaccinés.

UN ÉPISODE de plus, et qui ne grandit pas la campagne électorale. Mais qui montre quand même que la polémique non seulement ne fait pas peur au chef de l’État mais qu’il s’en repaît. Aussi n’aura-t-il pas été surpris de la réaction de Christian Jacob, chef de LR, qui voit dans cet usage de la grossièreté de quoi choquer les Français, lesquels se sont amusés de ce que Chirac vît les « emmerdes » voler en escadrilles. Bref, pas plus que son statut le contraindrait à annoncer plus tôt sa candidature, le président de la République a renoncé à la discrétion et à l’élégance du verbe, domaine où il est pourtant spécialisé.

Le cas des non-vaccinés.

Dans son agressivité, il trouvera beaucoup d’amis, tous les vaccinés qui constatent que tant qu’il y aura des non-vaccinés, le pays ne sera pas à l’abri de la pandémie. C’est l’occasion de dire que les vaccino-sceptiques représentent un danger pour toute la population et pourquoi se priver de le dire ? Bien entendu, personne ne reconnaîtra le leadership présidentiel ni la liberté avec laquelle il s’exprime, fût-ce au prix de la bienséance : le rejet de la vaccination n’a que des raisons négatives, le narcissisme, par exemple (je suis libre, je fais ce que je veux), la superstition qui écrase les certitudes scientifiques, la volonté de se distinguer d’un peuple considéré comme soumis aux lois et aux règlements et une mauvaise foi accablante : des milliards de gens se sont fait vacciner, ils sont protégés et se portent bien.

Second tour : Macron dépasse tout le monde.

Ce qui encourage le président à sortir du bois avec une sémantique plus proche d’Audiard que de l’Académie, c’est sa position remarquable dans les sondages. Envolé celui qui a été sans doute réalisé avec trop de hâte et qui donna Valérie Pécresse au second tour. M. Macron écrase ses rivaux avec huit points d’avance, y compris Mme Pécresse qui ne dépasse pas les 15 % contre les 23 % du président de la République. La candidate LR, toute en triomphalisme depuis qu’elle a été désignée par son parti, n’est nullement assurée de l’emporter contre Marine Le Pen et Éric Zemmour, à 14,5 %. Et maintenant, observez le tableau : la gauche est inexistante, Mme Pécresse, chez LR, est moins menaçante pour Macron, l’extrême droite est divisée en deux parties égales et Mme Le Pen ne franchira le cap du second tour que si Zemmour démissionne.

RICHARD LISCIA 

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4 réponses à Macron supercandidat

  1. Dominique S dit :

    Bravo, M. le président! Vos décisions sur le drapeau de l’Arc de Triomphe et sur la Légion d’honneur d’Agnès Buzyn furent un peu contestées. Cela ne m’a pas surpris. Mais cette fois, vous visez un groupe de Français beaucoup plus restreint. Il y a donc peu de danger pour les sondages. Nous sommes à trois mois de la présidentielle. C’est vrai que la grande majorité des Français ne supporte plus ces rebelles individualistes. Ils font du tort à tout le monde et en particulier à notre système de soins. Jouent-ils au village d’Astérix ou à la chèvre de M. Seguin?

  2. ROBIN, néphrologue dit :

    Grossièreté présidentielle (au 2ème degré…) :
    .

    Mes chers compatriotes,
    Quitte à être grossier :
    J’en ai ras la culotte
    Des sots pas vaccinés.

    Puisque depuis un an
    Ils n’ont jamais cessé
    De fair’ crever les gens,
    On va les emmerder.

    Bourrins, analphabètes,
    Vous mériteriez que
    Les vaccinés vous traitent
    D’antivax de mes deux.

    Je finirai en outre
    Par une insanité :
    Allez donc vous fair’ foutre,
    Vous l’avez bien cherché.

    Et puisqu’un président
    Ne devrait pas dire ça,
    Dès demain, cherchez-en
    Un plus poli que moi.

    Je me suis retenu,
    Mais maintenant j’explose :
    Je vous ai assez vus,
    Je passe à autre chose.

    Quand, dans quelques semaines,
    Vous aurez Mélenchon,
    Ou Zemmour ou Le Pen,
    Vous l’aurez dans le fion.

  3. Laurent Liscia dit :

    Héhé, je suis avec Macron sur ce point 😉

  4. mathieu dit :

    Pour l’anecdote, purement sémantique, Audiard – de mauvaise foi mais pas complètement – se targuait de ne pas utiliser l’argot dans ses dialogues (en tout cas bien moins qu’on ne l’imagine !

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