Chaos à l’école

Blanquer, ou la quadrature du cercle
(Photo AFP)

L’incertitude sur la politique vaccinale à l’égard des enfants, la multiplicité incontrôlable des tests, une souplesse du programme qui accentue ses contradictions ont mis les enseignants et les parents à bout de nerfs.

L’ARRIVÉE  des autotests apparaissait, aux yeux du gouvernement, comme une solution intérimaire en attendant l’élargissement de la vaccination à tous les élèves. Les autotests, malheureusement, ne sont pas toujours fiables et peuvent annoncer des faux cas négatifs ou positifs. L’idée qu’une politique assise sur un test quotidien ou tous les deux jours n’a réussi qu’à remplir les pharmacie, dernières institution en date qui demande grâce, après les hôpitaux.

L’attitude de Blanquer.

On sait bien ce qui anime le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer : c’est de faire en sorte que les élèves français ne perdent pas cette année académique. Il le fait contre vents et marées, ce qui conduit des observateurs à croire qu’il ne s’intéresse pas aux enfants dont il a la charge. C’est tout le contraire. Mais cela fait plus de deux ans qu’il se bat contre le virus et expérimente la fermeture pure et simple, la vaccination de tous les enseignants, bientôt celle des élèves, la réouverture des classes et qu’il change de semaine en semaine les mesures qui lui semblent les plus appropriées aux vagues successives de variants.

Des mesures contradictoires.

Il n’empêche qu’il n’y a jamais eu, dans cette affaire, de meilleur choix que le « quoi qu’il en coûte ». Dans l’activité économique, l’effort a exigé deux centaines de milliards d’euros. À l’école, M. Blanquer a essayé de faire coexister le suivi des classes avec le danger. Depuis le début de l’épidémie, il a été critiqué pour ce qu’il a fait et n’a pas fait. Élections ou pas, personne ne peut se dire meilleur que celui qui gouverne. Il n’existe aucun choix clair dans cette pandémie et l’adaptation à la réalité implique qu’on applique un jour des mesures auxquelles succèderont plus tard des mesures contradictoires.

Garder l’école ouverte.

Pour mettre un terme au chaos, il me semble qu’il faut impérativement vacciner les six-douze ans et libérer le peuple des autotests quotidiens. Il n’est pas inutile d’observer d’autres pays, comme Israël, dont on admire la plasticité programmatique mais qui, au fond, reprend à partir de zéro les programmes qui deviennent caducs. Voilà pourquoi les pouvoirs publics donnent l’impression qu’ils défont le lendemain ce qu’ils ont fait la veille. Voilà pourquoi M. Blanquer n’est rien de ce dont on l’accuse : certes il souhaite associer son nom à l’autorité qui n’a pas fermé durablement les écoles. Mais pour maintenir cet engagement, il lui faut prendre le maximum de précautions, par exemple les tests.

Censeurs et gouvernants.

Il faut avoir pour le système d’éducation la vision qui a prévalu dans le « quoi qu’il en coûte ». Nous sommes ressortis plus forts de la terrible crise de 2020 parce que nous avons payé le prix élevé de la pandémie. Maintenant que le redressement de l’économie est assuré, il est indispensable de donner une nouvelle chance à l’enseignement, qui garantit l’économie du futur proche. La seule chose que l’on puisse ajouter à ces remarques, c’est qu’il y a une pandémie par siècle et que c’est une grande malchance de diriger un pays en période de Covid, hydre aux mille têtes qu’on n’a jamais fini de couper. La campagne électorale accentue les insultes, les colères, les crises souvent artificielles. M. Blanquer, et d’autres avec lui, doit rêver d’être dans le camp d’en face, et libre de s’exprimer. Il y a des moments dans la vie où il vaut mieux faire partie des censeurs que des gouvernants.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Chaos à l’école

  1. Doriel Pebin dit :

    Bonjour, les censeurs et critiques professionnels seraient bien avisés de regarder ce qui se passe en Allemagne. J’ai discuté avec une française qui habite depuis 10 ans à Munich. Elle me dit que les enfants ont des tests 3 fois par semaine, et tout se fait sans rechigner. Elle est très étonnée des résistances en France d’autant plus que l’école a été fermée plusieurs mois chez elle et qu’elle a constaté les conséquences très négatives pour ses enfants. Une fois de plus, les censeurs analysent avec les yeux d’hier, une pandémie qui évolue régulièrement. Les problèmes d’hier et d’avant-hier ne sont plus forcément valables car le virus change (à la différence des censeurs professionnels). Omicron pose des problèmes différents de ceux du premier virus. L’adaptation est un maitre mot manifestement ignoré par beaucoup, englués dans leur critique négative !

  2. Laurent Liscia dit :

    Vacciner les 6-12 ans, et protéger les personnels enseignants en assurant une rotation des équipes, en instituant des classes plus petites mêlant le télé-enseignement et le « présentiel » et peut-être en profiter pour évaluer les résultats de l’enseignement de masse qui n’a conduit qu’à l’érosion graduelle des connaissances.
    Identifier et secourir aussi les élèves très isolés et en danger psychologique.

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