Macron affaibli par l’école

Une chance pour Valérie Pécresse
(Photo AFP)

La grève dans les écoles est remarquablement suivie, avec l’approbation des parents d’élèves, d’ordinaire moins conciliants. Elle résulte d’une communication plus que médiocre qui a conduit, en un seul jour, le Premier ministre Jean Castex, à modifier deux fois le protocole annoncé par le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. 

LA GRÈVE des enseignants est presque sans précédent. Elle est massive et elle a lieu dans un contexte électoral tendu à moins de cent jours de la présidentielle. Elle peut affaiblir la position du président de la République, offrant à Valérie Pécresse la chance de faire une percée dans les sondages. Cette catastrophe tactique aurait pu être évitée si les membres du gouvernement avaient coordonné leurs efforts et si une querelle n’avait pas opposé Olivier Véran, ministre de la Santé, à M. Blanquer.

Le chaud et le froid.

Les oppositions, intraitables, voudraient ajouter la curée à l’hallali. Mais M. Blanquer n’a pas l’habitude, de jouer le rôle de la chèvre de M. Séguin. Le chef de l’État ne le souhaite d’ailleurs pas, qui ne saurait le limoger en pleine campagne sans obtenir des effets néfastes pour sa candidature. Au moins sur un point, M. Blanquer n’a pas tout à fait tort : le gouvernement dans son ensemble, doit assumer ses incohérences qui ne sont qu’à moitié incompréhensibles. Il ne se passe rien en France, au  sujet de la lutte contre le virus, que l’on ne retrouve pas chez nos partenaires européens. L’Omicron et les études contradictoires auxquelles il donne lieu soufflent sur le corps médical le chaud et le froid. Il est affreusement contagieux, de sorte qu’il gonfle les statistiques. Mais il est relativement bénin s’il remplace le variant Delta et immunise le pays au prix d’une grosse grippe générale, sans tuer les patients.

La faille dans l’armure.

Mais il est encore trop tôt pour établir ce diagnostic. Les contradictions du pouvoir reflètent celles de la crise : d’un côté, il est impératif d’alerter les Français sur la nécessité de la vaccination, de l’autre il faut les rassurer sur les conséquences de la contamination par Omicron.  Avec le Covid et son variant Delta, plusieurs vaccins ont été créés et ont permis, très vite, l’immunisation de la population française. Le miracle aurait été entier si toute cette population avait été disciplinée et avait fait son devoir civique. Aujourd’hui, la faille dans l’armure, c’est Omicron, si toutefois ce variant n’est pas une chance pour le pays.

Macron a son noyau d’électeurs. 

Le gouvernement a encore le temps de digérer ses humiliations et de circonvenir Omicron. M. Macron ne peut se lancer dans la bataille électorale que s’il convainc l’électorat que, après avoir relancé l’économie nationale, il a jugulé la pandémie. S’il y parvient, il a toutes les chances de l’emporter. Dans le cas contraire, il sera battu malgré des sondages aujourd’hui très favorables. S’agit-il d’une course contre la montre entre Macron  et Omicron ? Non. Il s’agit de mettre au point une communication qui ne soit pas infantile et qui soit mûre. Ce qui est rarement le cas au gouvernement. À noter toutefois que les sondages, jusqu’à présent, donnent toujours le président-candidat en tête au premier et au second tours. Toute une partie de l’électorat, qui n’annonce pas bruyamment ses intentions de vote, votera Macron comme un seul homme.

Pécresse remonte.

La moyenne des sondages réalisés dans la semaine semblent indiquer un tassement des suffrages favorables à Macron, et une légère remontée de la popularité de Valérie Pécresse. Elle représente pour le président un danger réel. Elle souligne cruellement ses failles. Elle a utilisé des slogans, « il crame la caisse », « il faut repasser le pays au Kärcher », qui sont parfaitement injustes (qu’aurait-elle fait à sa place ?) mais laissent des traces. De même qu’après s’être inspirée de Nicolas Sarkozy, elle réinvestit le libéralisme de François Fillon en annonçant des coupes dans la Fonction publique.

Erreurs et mensonges.

À tous les niveaux, la campagne est donc empoisonnée par les erreurs de comportement, par le mensonge, par les approximations et par des références idéologiques auxquelles seul Macron peut résister. L’idée, c’est de dénoncer les dépenses somptuaires de Macron, après l’avoir accusé, mais en vain, de faire campagne avec les deniers du contribuable. Comme la politique est aussi le royaume des plaideurs, le chef de LR, Christian Jacob porte le dossier devant la justice. Ceux qui se désignent eux-mêmes comme les descendants du général de Gaulle, reprochent son gaullisme à Emmanuel Macron. Des contradictions dans l’opposition, il y en a aussi.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à Macron affaibli par l’école

  1. Dominique S dit :

    Les enseignants et les parents reprochent en fait au gouvernement l’absence de solution au problème posé actuellement. Faut il fermer toutes les écoles? Non, bien sûr. Faut il les laisser ouvertes avec tous les élèves, même malades? Non, bien sûr. Faut il exclure les seuls malades symptomatiques? Faut il exclure tous les testés positif, Oui, peut être, et c’est ce qui a été proposé par Blanquer. Est il réaliste de tester en temps réel tous les malades et tous les contacts? Non, évidemment. Et que faut il faire des enfants exclus de l’école? Les parents qui les gardent ne peuvent plus aller travailler. J’ai bien une proposition de solution, valable bien au delà de l’école. Si on arrêtait de tester à tout va. On pourrait alors se concentrer sur les mesures barrières en isolant uniquement les patients symptomatiques. Je suis sûr qu’ainsi, la situation ne serait pas pire qu’aujourd’hui.

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