Le sort de la gauche est scellé

Mélenchon l’injure à la bouche
(Photo AFP)

La plus belle illustration de la campagne électorale est ce mot scandaleux de Jean-Luc Mélenchon  à propos du ministre de l’Éducation : « Un crétin pareil est utile. Il faut laisser leur chance aux bons à rien ».

M. MÉLENCHON nous a habitués à faire de ses logorrhées un concentré d’arrogance, de mépris et surtout de mauvaise humeur ; car là où il exagère, il sait qu’il a perdu la partie. Il ne croit pas un instant qu’il va gagner cette campagne, ultime pour lui, mais au fond on n’en sait rien, et il fait tout pour se rendre intéressant. Il semble pourtant qu’il ait réuni en quatre mots tous les ingrédients de la diffamation la plus hargneuse. Chacun sait que M. Blanquer n’est pas un crétin, pas plus qu’il n’est un bon rien. À ce compte-là, M. Mélenchon n’est rien d’autre qu’un gaz très polluant dont les émissions sont à la fois inutiles et bonnes à rien puisqu’il n’ira jamais au bout de son projet, qui est de gagner une présidentielle.

La gauche affaiblie pour longtemps.

Son intervention, qui traduit sa volonté d’humilier un ministre, de le couvrir de propos orduriers et injustes, de l’écœurer jusqu’à la démission n’a pas été relevé par Jean-Michel Blanquer. On règlera les comptes plus tard. Mais peu importe. Mélenchon n’est que la partie émergée de l’iceberg, il insulte ses adversaire uniquement parce que ses analyses politiques ne sont pas confirmées par la réalité et que la France insoumise, pas plus que le PS ou EELV, n’a été capable cette année d’instaurer un rapport de forces avec la droite et l’extrême droite. Non seulement le sectarisme profond de LFI sabote tout espoir de refaire l’unité de la gauche, mais celle-ci sait fort bien qu’elle est structurellement minoritaire ; et qu’il lui faudra des années pour se refaire une santé.

Des idées périmées.

C’est une crise que la droite et le centre devraient regretter. On ne répond pas à un extrémisme de droite en offrant un extrémisme de gauche. Il arrive que le peuple français déçoive tant il vote mal. Mais les partis doivent commencer par faire une offre politique qui ne soit pas la pâle copie du communisme érigé en grand distributeur d’argent public. On ne refond pas la gauche au moyen des vieilles lunes, ni même sur la base de la social-démocratie.  Si Emmanuel Macron est tellement détesté, c’est parce qu’il ne cesse de rechercher un programme qui soit à la fois de droite et de gauche, parce qu’il veut se débarrasser des tabous qui bloquent la démocratie française. Les leaders de la gauche ont au moins dix ans de retard et préfèrent clouer Manuel Valls au pilori à l’examen des idées qu’il a retirées de son expérience.

L’épisode Hidalgo-Taubira.

Dans ce contexte dramatique pour Anne Hidalgo, la voilà qui en remet une louche démagogique. On ne sait pas si elle a renoncé à augmenter les profs, mais là elle augmente les salaires minimum de 200 euros net par mois. Mais « elle crame la caisse ! », ce qui est valable pour Macron l’étant pour la maire de Paris. Une candidature éventuelle de Christiane Taubira a créé un suspense insoutenable, mais elle ne pouvait entrer dans l’arène sans en expulser Anne Hidalgo, qui ne veut pas en sortir. Vous voyez à quoi tient le destin du pays ! À un ballet d’ego : il n’y en pas un, à gauche ou à droite, qui ne veuille gagner pour autre chose que la sensation offerte par la victoire.

Dommage pour le pays.

Tant et si bien que les tombereaux de sarcasmes déversés généreusement sur le pouvoir depuis presque cinq ans étouffent le raisonnement : ceux qui ont tant de mal à suivre la politique vaccinale auraient-ils mieux fait ? N’aurions-nous pas trouvé d’autres « crétins utiles » dans le paysage politique ? Et faut-il laisser leur chance aux « bons à rien » qui sont plus inoffensifs dans l’opposition que s’ils détenaient le pouvoir ? Oui, l’étalement du spectre politique de l’extrême droite puissante à la gauche impuissante est un malheur pour le pays. M. Macron n’ayant pas été exactement été en 2017 le « feu de paille » que l’on croyait, les oppositions ont pensé qu’elles pouvaient l’éteindre avec une pompe à incendie. Pourtant, le président sortant est le seul à apporter des idées neuves, à y croire et à s’y cramponner, alors que tous les autres en sont restés aux remèdes d’il y a vingt ans.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Le sort de la gauche est scellé

  1. Sphynge dit :

    Macron des « idées neuves » ? La droite propose des remèdes qui n’ont jamais été utilisés : arrêt de l’ immigration, suppression du droit du sol, etc. pour ne citer que les plus urgents pour un président de la république française aujourd’hui. Mais serait-elle capable de les administrer ?

  2. Doriel Pebin dit :

    Bonjour, on peut retourner le « compliment » (l’insulte et le dénigrement sont pour ceux qui n’ont plus d’argument à opposer). Mélenchon est lui aussi, un « crétin utile » pour la droite, comme d’ailleurs l’ensemble de la gauche, incapable de voir la dangerosité de l’extrême droite et de critiquer quelqu’un d’autre que la politique de Macron, à priori centriste puisque la droite et la gauche la rejette avec virulence. Pourtant, le programme de toute la droite devrait effrayer ces « bons à rien » de gauche, tout aussi incapables de défendre la liberté, l’égalité et la fraternité, autrement dit, l’humanisme social et la démocratie ! Il est tout aussi vrai que l’ « arrêt de l’immigration et la suppression du droit du sol », thèmes chers à une certaine « droite » vont « sauver » leur France, village gaulois isolé entouré de murailles infranchissables. La ligne Maginot nous l’a montré de façon exemplaire.
    Un peu de sérieux intellectuel nous ferait du bien car les problèmes ne manquent pas avec notamment, les attaques continues contre la démocratie par ces « sauveurs » de droite et de gauche « curieusement » unis, la promotion de l' »égalité du droit à la compétence » (réseaux antisociaux et antivax issus des mêmes « sauveurs ») et, cerise sur le gâteau, le réchauffement climatique et le vieillissement de la population. Ces « anti tout » vivront-ils dans des forteresses climatisées, entourées de robots (il y aura alors une majorité de retraités) et assiégés par des hordes d’immigrés ? Il est désolant de constater que ces pathologies sociales (et de l’intelligence), déjà été conceptualisées au XIXe (cf. Anatole Leroy-Beaulieu: Les doctrines de haine) ont encore de beaux jours si les citoyens silencieux ne se mobilisent pas.

  3. Dominique S dit :

    Je tombe par hasard ce matin sur un article du Figaro, évoquant les projets d’investissements de Pfizer en France: « C’est une nouvelle France qui nous a ouvert les portes, accueillante envers les investissements étrangers, notamment industriels. Les réformes menées ont rendu le pays très compétitif ». Non seulement, Macron est beau, jeune et intelligent. Mais en plus, il est compétent. Il n’est donc pas étonnant que la gauche, dont il est issu, s’écroule. Quand à tous ses autres concurrents, ils ont aussi des soucis à se faire.

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