L’Europe instrumentalisée

Macron hier à Strasbourg
(Photo AFP)

Pour marquer le début d’une présidence européenne de six mois, Emmanuel Macron a prononcé un discours devant le Parlement de l’UE réuni à Strasbourg. Les députés européens de la France l’ont vertement critiqué.

EN FRANCE, le président ne s’adresse pas directement aux députés, c’est le Premier ministre qui leur parle. La campagne électorale a déjà donné lieu aux discours les plus emportés contre le président de la République auquel sont reprochés de ne pas s’être encore déclaré candidat, de cumuler les fonctions de président français et européen et d’avoir un bilan selon eux négatif. Les députés français élus à l’Assemblée de l’UE ont le privilège de s’en prendre au chef de l’État français, pour autant qu’il veuille bien s’exposer à leurs sarcasmes. La journée de mercredi leur a offert une occasion unique qu’ils n’auraient manqué pour rien au monde.

La prestation de Jadot.

Et c’est ainsi qu’on a pu voir et entendre Yannick Jadot, candidat des Verts à la présidence prendre à partie Emmanuel Macron désigné par ses soins comme « climatocide ». Nicolas Bay, député RN, a ajouté : « Ce qui dérange Emmanuel Macron, c’est que ces pays refusent les diktats de Bruxelles, l’immigration massive et l’activisme LGBT ». À quoi M. Macron a répondu : « Ce n’est pas en disant n’importe quoi qu’on peut dire à la fin des vérités ». Et à Manon Aubry, pasionaria de la France insoumise, ce mot : « Vous avez dit que l’UE ne doit pas être un marchepied électoral, et je pense que vous avez raison ». Tant et si bien que la présidente de séance a rappelé que le Parlement de Strasbourg n’était pas réservé aux débats franco-français.

Indécence et embarras.

Les interlocuteurs de M. Macron n’ont pas mesuré ce qu’il y a d’indécence et de gêne pour les autres dans un débat impromptu qui passe au-dessus des oreilles des peuples européens. Ce qu’il y a d’inefficace à se saisir d’une grande institution pour conduire un assaut contre un président national. Et ce qu’il y a vaniteux à se hisser au niveau d’un président en exercice pour tenter de démontrer qu’il y a une alternative d’extrême droite ou d’extrême gauche à l’ordre issu des urnes. N’ont-ils pas déjà abusé de la liberté d’expression, ne savent-ils pas qu’il y a des occasions qu’il vaut mieux ignorer, n’ont-ils pas honte de leurs méthodes, d’autant que, loin d’affaiblir leur adversaire, elles le renforcent ?

Tout ce qui est excessif…

Ce qui conduit à d’autres questions : faut-il confier la gestion du pays à des personnalités si peu soucieuses de respecter le projet européen, soit parce qu’ils le bafouent au nom de leurs idées, comme M. Jadot, soit qu’ils l’ont déjà balayé de leur hostilité maniaque, comme Mme Aubry ? On n’avait pas besoin, certes, de ce récent épisode de la campagne électorale pour savoir où se situent leurs convictions, mais il est vrai que l’improbabilité d’une victoire de Jadot le rend de plus en plus agressif, excessif et de moins en moins utile.

La faute du quinquennat.

On nous permettra de rappeler que le président de la République est libre d’accepter la présidence de l’Europe quand c’est le tour de la France ; que son bilan, présenté avec le biais d’un camp idéologique, ne convainc pas ceux qui exigent un bilan objectif ; que sa participation à la campagne électorale n’est fixée par aucune date prévue dans les textes et que s’il dispose d’un privilège, la coïncidence de ses fonctions et des élections générales, ce n’est pas sa faute mais celle des socialistes qui ont ramené le septennat à un quinquennat. Bravo à une critique qui résulte d’un dispositif constitutionnel organisé par les censeurs !

RICHARD LISCIA

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2 réponses à L’Europe instrumentalisée

  1. Dominique S dit :

    Macron utilise avec brio ce que lui a appris son épouse Brigitte. J’ai trouvée excellente sa réponse au député RN.

  2. Laurent Liscia dit :

    « Les diktats de Bruxelles ». Tellement sévères que la Grande-Bretagne a géré son Brexit en se moquant éperdument des propositions européennes. On voudrait bien parfois que l’Europe ait la puissance du diktat.

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