Macron accablé par l’opposition

Bayrou trouve des parrainages
(Photo AFP)

C’était tellement prévisible qu’on préfère en rire : les oppositions sont déchaînées contre Emmanuel Macron, coupable, selon elles, d’avoir été berné par Vladimir Poutine comme un enfant de chœur.

NAÏF, enfantin, dupe, inefficace, le président de la République aurait été « instrumentalisé » par son homologue russe en tentant de le ramener à un comportement plus décent. Ce n’est pas une analyse géopolitique, c’est, comme d’habitude, un jugement artificiel, uniquement destiné à coûter des points de popularité au président sortant à moins de cinquante jours du premier tour de scrutin. Dans ce cas, tous les Occidentaux auraient été floués, ce qui n’est pas le cas et, en outre, Macron est l’un des dirigeants actuels qui connaissent Poutine le mieux. Il savait parfaitement de quoi le maître du Kremlin est capable et il n’aura pas été le plus surpris, après ses efforts considérables pour le convaincre, de la décision de Moscou de reconnaître les deux « Républiques » du Donbass.

Macron n’a pas de sympathie pour Poutine.

Macron n’a jamais parlementé avec Poutine parce que celui-ci lui inspire une immense sympathie. Conformément à ses propres convictions, il pense qu’il faut discuter avec tout le monde, y compris le diable, mais avec une longue cuiller. Avant et après sa longue conversation téléphonique avec Poutine, il s’est bien gardé de crier victoire. Il a simplement dit qu’il fallait attendre de savoir comment il réagirait. Mais aux yeux de Macron, Poutine, c’est l’adversaire et peut-être l’ennemi. Il sera parmi les premiers dirigeants occidentaux à prendre et à appliquer des sanctions sévères contre la Russie.

Apprentis dictateurs.

Ce n’est pas le cas de nombre de ses censeurs, comme Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon qui, au fond, ne sont pas hostiles à Poutine et qui, forcés de dénoncer son expansionnisme, n’ont pas trouvé mieux que de jouer leur chanson quotidienne, écrite de façon définitive contre Macron et qui le transforme en ennemi plus dangereux que le dirigeant russe. Cette indulgence pour un homme, 77 ans après la Seconde Guerre mondiale, qui demeure séduit par la politique de force et regrette la disparition des Soviets, les disqualifie : en réalité, c’est eux qui n’ont pas envie de dire du mal d’un pouvoir autoritaire, car c’est ce à quoi ils aspirent et c’est à partir du souverainisme que, une fois qu’ils seraient au pouvoir, ils se mueraient en dictateurs. Ne craignons pas les mots qu’ils ne craignent pas eux-mêmes.

États-moignons.

Mais le problème est là, non résolu. Il devient une crise qui peut aboutir à la disparition d’un État, d’une langue et d’une société, dont on a souvent dit qu’ils ont donné naissance à la Russie, raison de plus pour que celle-ci respecte l’Ukraine. Ce n’est pas vraiment le cas et le moindre optimisme aujourd’hui, après la décision de reconnaître les deux États-moignons du Donbass, serait alors une politique d’apaisement. Ses adversaires politiques voient en Macron un « munichois », un homme qui se serait laissé bercer de mots par Poutine, mais ce serait contraire à ce qu’il défend âprement, à savoir la démocratie, celle dont eux-mêmes n’ont que faire.

La disqualification de la démocratie.

La grande « découverte » du XXIème siècle, c’est que la démocratie n’est pas le moins mauvais des systèmes et que les candidats à la présidence de la République en ont un meilleur dans la poche. C’est logique : ils ne peuvent expliquer leur piètre performance dans les sondages, l’incapacité de Valérie Pécresse à se hisser jusqu’au second tour, l’effondrement total du PS (à 2 %), d’EELV (à 5 %) et même de LR (à la quatrième place) que par la mauvaise qualité du système actuel, lequel a néanmoins assuré par le passé quelques belles victoires à la droite et à la gauche.

Le geste de Bayrou.

La crise des parrainages fait partie du même état d’esprit. La différence avec les scrutins précédents, c’est qu’ils sont désormais publics, aux yeux d’administrés qui voient le parrainage d’un candidat par un élu comme un engagement idéologique. D’ailleurs, il est compréhensible que le parrainage d’un candidat d’extrême droite par un maire socialiste soit très mal vu par les électeurs du maire.  Au nom du droit de tout candidat ayant au moins une assise de 10 % dans les sondages (ce qui exclut Fabien Roussel, PCF, et Yannick Jadot, EELV) François Bayrou est en train de créer une « banque de parrainages »qui seront distribués aux candidats en difficulté. Si vous pensez que ce souci n’honore pas le président du MoDem, prenez vite l’avion pour Moscou.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Macron accablé par l’opposition

  1. Laurent Liscia dit :

    Macron se comporte comme si ses adversaires n’existaient pas, ce qui les enrage, mais correspond au fond à la réalité électorale. Il fallait parler à Poutine précisément parce que toute tentative pour éviter cette invasion en valait la peine. Et maintenant il va falloir rester ferme sur les sanctions, malgré les avertissements du dictateur russe.
    Le stalinisme pur et dur a fait son retour, de même que la maoisme en Chine. Des plaies historiques qui se sont rouvertes.

  2. Doriel Pebin dit :

    On se demande qui sont les munichois ? Zemmour/LePen/Mélenchon ou Macron ? On assiste à une volonté de réécriture de l’histoire sidérante et… inquiétante si les consciences ne se réveillent pas. La désinformation joue à fond, l’agresseur serait « de fait » l’agressé (?). La Russie serait menacé de nazification et de génocide ? Au secours, ils deviennent fous ! Continuez à dénoncer cette palinodie et à plaider pour la démocratie (le dire rend triste).

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