Poutine veut une capitulation

Plus rien à attendre de lui
(Photo AFP)

L’armée russe n’est pas entrée dans Kiev et les négociations entre Russes et Ukrainiens reprennent aujourd’hui. Hier, Emmanuel Macron a fait un discours à la nation pour souligner la gravité exceptionnelle de la crise.

LES AMÉRICAINS décrivent une armée russe désemparée, privée de logistique et d’orientation, assaillie par les Ukrainiens porteurs de cocktails Molotov et subissant de lourdes pertes en hommes et en matériel. Ce sont des informations plus crédibles que celles des belligérants, mais le temps ne joue pas en faveur des Ukrainiens. Il est visible en effet que la lente et rude négociation entre les deux pays n’a, aux yeux de Poutine, qu’un intérêt : il espère encore obtenir une reddition des Ukrainiens, ce qui éviterait un carnage alors que, déjà, le monde s’est dressé contre les horreurs commises par Moscou.

Le risque de l’enlisement. 

La résistance entraîne son corollaire : le défi adressé aux Russes par les Ukrainiens. Il y a  trop d’ambition, de fierté, de cruauté chez le maître du Kremlin pour qu’il ait la volonté, ou la patience, de chercher et trouver un compromis avec le gouvernement de M. Zelensky, dont la crédibilité est devenue enviable. Les meilleurs experts estiment que les Russes ne peuvent pas occuper l’Ukraine pendant des mois, à un prix exorbitant, et au prix de pertes humaines considérables qui finiraient pas une agitation populaire en Russie. Poutine ne semble pas avoir récupéré son sang-froid. Il accepte que l’acquisition de son objectif soit retardé, pas qu’il disparaisse. D’autant qu’il a déjà payé très cher son engagement militaire et que le revenu sur investissement décroît tous les jours.

Stupéfiant anachronisme. 

Cette analyse peut sembler pessimiste, elle est seulement réaliste et en accord avec les propos graves qu’a prononcés hier le chef de l’État. Nous avons été surpris, le pouvoir aussi, par la succession des drames qui ont jalonné le mandat d’Emmanuel Macron. Mais, cette fois et comme pour le Covid 19, les Français partagent avec d’autres peuples les conséquences de guerre russo-ukrainienne, l’anachronisme le plus stupéfiant depuis 1945. Conséquences économiques, sociales et commerciales, avec une inflation non contenue, des ruptures de stocks dans nos approvisionnements et un ralentissement de la croissance qui ne sera pas, en 2022, celle de 4 % que nous avions prévue. Nous subirons donc des épreuves que seule la comparaison avec le sort de l’ensemble des Européens relativisera.

Imprévoyance.

Le pire est que la versatilité d’un dictateur proche de la  folie -et en tout cas totalement dépourvu de scrupules- est la cause unique de nos ennuis, mais surtout de la tragédie qui menace la survie de tout un peuple. De sorte que nous nourrissons quelques vains espoirs : soulèvement du peuple russe contre Poutine ; défaite pure et simple de l’armée russe ; révolte et mutineries des militaires russes contre leurs supérieurs. De même qu’une armée doit prévoir minutieusement un plan de conquête en prévoyant les moindres détails, de même les fautes commises par Poutine sont celles de l’imprévoyance. Il s’y connaît en force brute, il ne comprend rien aux subtilités stratégiques. Ce qui a eu raison de Hitler, c’est qu’il n’a compté que sur la férocité.

Aspects tragi-comiques.

Il n’a pas compris non plus que le monde est las de la guerre. Ce qui a fait bondir l’ONU et les peuples européens, c’est principalement une agression destinée à supprimer une nation parfaitement pacifique. Poutine prétend « dénazifier » l’Ukraine, elle ne contient pas plus d’éléments d’extrême droite que les autres pays européens et en outre, elle est gouvernée par un président et un Premier ministre juifs. Le prétexte est tellement ridicule, les revers subis par l’armée russe font tellement douter de son professionnalisme, les dialogues entre civils ukrainiens indignés et soldats russes médusés tellement hallucinants, que la tragédie contient une part de comédie.

Tout est possible.

Poutine est un prédateur : l’Ukraine était un beau pays qui lui faisait envie. Il s’est jeté sur elle. Il n’a jamais pensé à l’imiter, à instaurer le pluripartisme et des élections libres, à lutter contre la corruption, à laisser à la postérité une Russie honorable. Il s’est convaincu, comme Trump et Bolsonaro, qu’il y a une alternative à la démocratie. Il n’y en a pas. Nous allons le démontrer, nous Français, en procédant dans quelques semaines à des élections générales. Observez les disputes au sujet de la capacité du président Macron à gérer l’Ukraine tout en faisant campagne, voyez combien elles sont vaines, tout simplement parce que les censeurs patentés du pouvoir lui cherchent noise en toute occasion. Mais tout est possible, comme fut possible l’aventure gaulliste et la résistance churchillienne. Nous savons tout cela, mais nous mettrions en doute la légitimité d’un président qui doit aussi s’occuper d’une guerre ?

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Poutine veut une capitulation

  1. Salliou dit :

    Bravo. Très bon commentaire.

  2. lecteur_blog dit :

    Plusieurs grandes villes ukrainiennes sont assiégées privées d’électricité d’eau de vivres (exemple Marioupol). Les personnes blessées ne peuvent pas être évacuées. Les organisations humanitaires n’ont pas accès à la population. L’Ukraine ferait mieux de capituler en mars plutôt que de compter les victimes par dizaines de milliers en avril 2022.

    Réponse
    Ah oui ? Et la liberté, alors ?
    R. L.

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