Sur la légitimité de Macron

Larcher fait la leçon à Macron
(Photo AFP)

Un débat a été ouvert sur la légitimité d’un Macron vainqueur de l’élection présidentielle, mais sans avoir participé aux débats d’avant le premier tour. C’est, pour les oppositions, toutes ennemies du président sortant, une manière de lui contester sa victoire annoncée.

SI LE DÉBAT leur semble indispensable, c’est parce que les partis de l’opposition estiment, sans le dire, que l’élection est pliée. C’est un aveu, une reddition avant l’heure. En revanche, la menace de procès en illégitimité, parce que Macron, qui a pourtant gouverné pendant cinq ans, n’aurait pas suffisamment exposé ses idées sur la façon de gérer le pays pendant un éventuel second mandat, est dictée par la pure panique. Comment préparer le chaos après la réélection, voilà où ils en sont, plus jaloux de leur statut que protecteurs des Français. Ce n’est pas d’ailleurs que le président sortant n’ait pas déclaré qu’il participerait à la campagne. Peut-être retiendra-t-il la suggestion de Xavier Bertrand de limiter le débat avant le premier tour aux « principaux candidats », ceux qui dépassent les 10 % dans les sondages.

Les sondages sont-ils légitimes ?

M. Macron peut accepter ou non cette proposition. Non seulement rien ne l’y contraint mais, parmi les partisans ardents du débat, il y a ceux qui, un autre jour, auraient dit qu’on ne sélectionne pas les débatteurs à partir des sondages. À légitimité, légitimité et demi. Tout le monde reconnaît que la guerre en Ukraine balaie nos préoccupations hexagonales, mais les partis font tout pour qu’elle disparaisse du récit national. Il faut répéter ici que Macron n’était pas forcé de de refuser la présidence de l’Union européenne, qu’il n’est toujours pas forcé d’accorder à la campagne le temps qu’elle mérite quand tout va bien et que, si nous sommes au bord d’une guerre nucléaire, il est préférable qu’il se concentre sur l’état des lieux géopolitiques.

Suprématie macronienne.

Il est vrai que la guerre lui apporte un atout majeur dont il n’a jamais rêvé. En 2017 déjà, il s’est lancé dans la bataille électorale avec une notoriété médiocre. Il a été aidé par les fées qui se sont penchées sur son berceau : un Hollande qui renonce à se présenter, un Fillon dont la cote est très élevée alors même qu’il doit rendre des comptes à la justice pour une affaire d’enrichissement personnel. C’est la même baraka qui a fait coïncider l’offensive russe contre l’Ukraine avec la candidature de Macron. Cependant, si Macron a bénéficié chaque fois des contorsions inattendues de l’histoire, sa suprématie depuis six mois est indéniable. Sa légitimité est contenue dans l’expérience qu’il a acquise et dans son bilan qui, malgré ce qu’on en dit, n’est pas négligeable. Il l’a acquise dans une action diplomatique incessante, dans sa gestion de la pandémie, dans sa politique économique et sociale qui a permis à la fois un rebond de la croissance et une chute du chômage.

Jouer aux fantômes.

Malgré quoi, il ne serait pas légitime ? En vérité, MM. Larcher,  Retailleau et Wauquiez se conduisent comme des gamins qui ont revêtu des linceuls pour épouvanter l’entourage en criant dans la pénombre et d’une voix sinistre : légitimité !, alors qu’il n’existe aucune disposition constitutionnelle forçant le candidat à participer à un débat télévisé. Il est tout de même curieux que de tels opposants, pas dépourvus non plus d’une bonne expérience, ne tentent pas de séduire cette majorité silencieuse qui annonce qu’elle votera Macron alors que tout le monde sait ce que fait Macron et que la droite LR ne fait pas. Rapprochez-vous de lui, imitez-le, n’allez donc pas lui faire tous les jours un procès infantile de gamin frustré parce qu’il a perdu trop de billes !

Le plus bête des candidats.

Valérie Pécresse a été le bon choix de LR, mais elle peine, dans un contexte déprimant, à s’imposer. Certes, elle peut toujours reprocher à Macron la hausse des prix de l’énergie, mais ce genre de blâme est aussi une forfaiture : la France, donc ni Emmanuel ni Valérie, n’ont la moindre influence sur les prix des matières premières importées. Le plus ahurissant, c’est que les gilets jaunes ont failli avoir la peau du régime à cause du prix de l’essence, qu’ils ont disparu et que la guerre en Ukraine étant ce qu’elle et les menaces de Poutine ce qu’elles sont, ils n’ont plus aucune envie de manifester. Qu’on se le dise : nous entrons dans une période dangereuse, nous devrons faire des sacrifices et le plus bête des candidats serait celui qui nous promettrait un bonheur éternel post-Macron.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Sur la légitimité de Macron

  1. Dominique S dit :

    De quoi les adversaires de Macron se plaignent-ils exactement ? Son refus de débattre donne à ses concurrents un avantage considérable. Non seulement ils auront un peu plus de temps chacun pour attaquer sa politique (et accessoirement pour présenter la leur), mais en plus, le président renonce à son droit de réponse. Quel aubaine inespérée ! Le débat du second tour sera beaucoup plus intéressant, et lui, il aura lieu, quoi qu’il arrive. Sauf si Macron fait comme Chirac en 2002, ce qui m’avait paru plutôt cavalier.

  2. Laurent Liscia dit :

    Ce que tu dis sur les gilets jaunes est hallucinant de vérité. Les voila cois, alors que le coeur de leur sujet favori flambe. La bêtise aurait-elle donc des limites inattendues?

  3. jean-pierre favre dit :

    Non. R. Liscia a raison. Les incompétents prétentieux sont au pouvoir depuis longtemps et ce n’est pas fini.

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