Ukraine : une lueur d’espoir

Adieu, OTAN !
(Photo AFP)

Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, a reconnu qu’il n’était plus question, pour son pays, d’adhérer à l’OTAN. C’est un élément qui peut faciliter les négociations en cours.

L’ OPÉRATION spéciale s’est transformée en guerre d’usure. Les prétentions russes n’ont jamais été aussi odieuses. Le crime contre l’humanité est permanent : l’armée russe tire sur des civils heure après heure. La situation à Marioupol, partiellement évacuée, est désespérée. Kiev est assiégée, mais il est peu probable que les chars russes y pénètrent. Trois Premiers ministres européens, slovène, tchèque et polonais ont rendu visite à Zelensky dans sa tanière pour lui remonter le moral.

Joe Biden a annoncé la livraison d’un nouveau contingent d’armements pour une valeur de 800 millions de dollars, ce qui prouve qu’il est possible d’acheminer des armes jusqu’aux combattants ukrainiens. Une employée de la télévision russe, Marina Ovsiannikova, a perturbé un journal en affichant une pancarte en faveur de la paix. Elle a été arrêtée, jugée et condamnée à une amende de 250 euros, mais elle n’en a pas fini avec la « justice » russe. Zelensky réclame des avions pour arracher aux Russes la maîtrise du ciel, il n’en est pas question.

Une bataille atroce.

Le tableau est celui d’une bataille atroce conduite contre un peuple plus que contre son armée, avec des victoires et des défaites dans les deux camps, une perplexité russe que la propagande ne parvient pas à masquer et, surtout, une foule de commentaires qui parlent d’invasion totale de l’Ukraine ou, au contraire, d’un recul de l’armée russe. Ce qui est possible, la seule résistance ukrainienne ayant permis aux Ukrainiens de tenir tête à l’armée russe, visiblement peu à l’aise sur le terrain, mal organisée, mal approvisionnée et qui n’en revient pas d’un enlisement que personne n’avait prévu.

Une guerre…utile.

Cependant, les négociations se poursuivent. On imagine déjà un scénario qui étendrait la partie séparée de l’Ukraine au littoral de la mer Noire, le maintien de Zelensky au pouvoir à Kiev et une situation de dépendance de l’Ukraine à l’égard de la Russie. C’est un schéma parmi d’autres et il n’est pas le plus optimiste dès lors qu’il empêcherait l’adhésion de Kiev à l’Union européenne. Poutine, dans sa rage, pourrait ne plus se contenter de l’Ukraine et attaquer la Moldavie, la Pologne ou les États baltes. Ce serait déclencher une bataille avec l’OTAN automatiquement, sauf pour la Moldavie.

Mais, dans tous les cas de figure, c’est le courage des Ukrainiens qui assurera les libertés qu’ils défendent. La guerre d’Ukraine a tout changé : elle a montré aux Russes la vraie nature de leur dictateur ; elle a donné un coup d’arrêt à la conquête de territoires par les armes (et Poutine serait bien en peine de pousser les forces russes au-delà du périmètre ukrainien) ; elle a fait des héros de Zelensky et de son peuple ; elle a soudé les Européens comme jamais auparavant ; elle a rendu à l’OTAN sa vocation première, qui consiste à à protéger les démocraties contre les agressions iniques commises par les dictatures.

Notre dette aux Ukrainiens.

Malheureusement, cet épisode aura affaibli les envahisseurs et les envahis. Ses conséquences économiques et sociales s’ajoutent à celles de la pandémie. Le monde est plus pauvre, ce qui signifie que les plus pauvres souffriront le plus. Nous sommes tous concernés, car les Ukrainiens se battent aussi pour nous et souffrent pour nous. Nous avons contracté avec eux une dette d’un montant élevé. Si nous avons eu la chance de ne pas avoir à mourir pour l’Ukraine, nous serons contraints de contribuer à sa reconstruction. Encore faut-il que Poutine quitte l’Ukraine avant d’en avoir oblitéré les infrastructures. Ce n’est pas sûr.

Droit d’ingérence.

Nous finirons par nous réveiller du cauchemar, et nous saurons alors que, dans le passé,  nous avons négligé un danger immense. Le sort d’un peuple abandonné à une forme autoritaire de gouvernement concerne tous les autres peuples. Le maître du Kremlin a osé menacer l’Occident. Il a proféré des mots qui sont des déclarations de guerre. C’est une sorte de voyou qui a une arme pointée sur la tête de son adversaire.

Cet homme-là ne fait pas de quartier, même s’il se fait des ennemis enragés, voués à l’assassiner. Il périra par l’épée. Mais il aura eu le temps de commettre des massacres et des destructions indicibles. L’art de la diplomatie ne consiste pas seulement à rétablir la paix, il consiste aussi à empêcher la guerre et pour ça, plus un État sera démocratique, plus il sera pacifique. Nous disposons donc d’un droit d’ingérence sur les affaires russes que les Russes ne reconnaîtront jamais, mais auquel les soumet cet acte ignoble qu’a été leur attaque contre l’Ukraine.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Ukraine : une lueur d’espoir

  1. Dominique S dit :

    Je me pose une question : la population russe est elle vraiment aussi sourde, aveugle et insensible que les apparences le laissent imaginer? J’ai entendu le témoignage d’une famille ukrainienne: » Nous avons de la famille en Russie et ils nous disent « Nous venons vous délivrer ». Mais nous délivrer de quoi?. »

  2. Laurent Liscia dit :

    Poutine ment aux Russes, tue ses journalistes, et emprisonne l’opposition. La population russe n’entend rien à ce conflit. Quant à l’espoir, il vient comme tu dis de l’ingérence. Il faudra livrer des avions aux Ukrainiens et leur donner les moyens de ne pas mourir. Sans que la brute du Kremlin puisse pointer son doigt nucléaire. Espérons que les Russes déclarent victoire et rentrent chez eux.

Répondre à Laurent Liscia Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.