La percée de Mélenchon

Mélenchon au second tour ?
(Photo AFP¨)

La moyenne des sondages les plus récemment publiés indique un léger affaissement des intentions de vote en faveur du président de la République et une ascension tangible de Jean-Luc Mélenchon.

LE CANDIDAT Macron est passé de 31 % des intentions de vote à 28 % dans une enquête, puis est remonté à 29,5 % dans une autre et enfin est retombé à  28,5% dans une troisième. Pour le moment, l’érosion de sa popularité ne change rien au tableau : au second tour, il bat n’importe lequel de ses adversaires. En revanche, M. Mélenchon se situe à 14 ou 15 %, ce qui en fait un candidat crédible pour le second tour. Il ne cache d’ailleurs pas son enthousiasme. La campagne, déjà hystérique, prend un tour guerrier chez tous les candidats, y compris ceux qui, d’ordinaire, ont le sens des nuances.

L’échec annoncé de Pécresse.

L’évolution des intentions de vote est cruelle pour Valérie Pécresse, candidate LR, qui se situe maintenant autour de 10 %, à la cinquième place. Cela entraîne deux réactions au sein du parti de la droite classique : une agressivité décuplée contre M. Macron, comme l’a prouvé ce matin encore Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, qui ne trouve plus les mots pour enfoncer le président sortant ; mais aussi de plus en plus de personnalités, qui sont réalistes et estiment qu’il n’y a point de salut pour les Républicains si, au lendemain de la présidentielle, ils ne passent pas un accord avec la République en marche. C’est le cas de Guillaume Larrivé,  député LR, qui n’a jamais été un tendre (il s’est heurté frontalement à Mme Braun-Pivet, République en marche, lors de l’enquête parlementaire sur le cas Benalla) mais pense quand même  qu’un  échec de Mme Pécresse au premier tour menacerait LR lors des législatives.

Surprises à venir.

Tous ces mini-événements laissent entendre que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. À 20 % des intentions de vote, Marine Le Pen semble bien installée à la deuxième place. Mais personne ne peut lui assurer que Jean-Luc Mélenchon ne va pas, en quelques jours, la priver de ce privilège. Ce qui signifierait que le second tour opposerait Macron à Mélenchon, une tout autre histoire que celle prédite jusqu’à présent : un duel identique à celui de 2017, entre Le Pen et Macron. Le président candidat changera de langage s’il doit débattre entre les deux tours avec le candidat de la France insoumise. Pour le moment, il le devance au second tour par un écart supérieur à celui qui le sépare de Marine Le Pen. Ce qui veut dire, en quelque sorte, que les variations rapportées par les instituts d’opinion ne changent pas l’issue du scrutin.

Le désespoir fait le chaos.

Dans le cas d’un Mélenchon au second tour, la France insoumise deviendrait le premier parti de la gauche en écrasant les socialistes et les écologistes. Le sort de Mme Le Pen sera scellé, ainsi que celui d’Éric Zemmour qui, au terme de sa logorrhée anti-tout, n’aura rien prouvé. Tous les partis, sauf celui de la majorité présidentielle, seront conviés par un sort funeste à une longue réflexion. Bien entendu, il ne faut pas tirer de ces observations des leçons certaines. Certes, trois semaines seraient suffisantes pour que M. Mélenchon finisse par dépasser Mme Le Pen. Mais une telle victoire ne ferait qu’annoncer une défaite encore plus large que celle de la cheffe du RN. Nous allons assister à un spectacle inutilement chaotique avec le durcissement de tous les candidats parvenus au fond de leur désespoir. Tous les jours, de la Corse au recours aux cabinets conseils, du programme de Macron à l’évaluation de l’état du pays, donnent lieu à des attaques contre le président en exercice qui sont à la fois totalement inefficaces et inconvenantes.

Le danger de l’abstention.

C’est le moment de constater que nos concitoyens ne se laissent guère impressionner par cette commedia dell’arte qui expose, comme à la foire, le grotesque le moins raffiné. Une forte majorité de ceux qui ont choisi Macron sont certains de voter pour lui, ce qui n’est pas le cas de tous les autres candidats. Au fond, il n’y a que l’abstention qui représente un danger pour M. Macron. C’est pourquoi, un appel au devoir civique est aussi un appel à voter Macron. On ne doit donc pas en abuser. Néanmoins, au moment où la Russie écrase l’Ukraine, je me permets de rappeler notre bien le plus précieux : la démocratie.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La percée de Mélenchon

  1. Laurent Liscia dit :

    Percée tardive et qui ne risque guère de perturber l’équilibre de la campagne … Sinon au premier tour. Comme tu l’indiques, cela nuit surtout à Zemmour et à Marine Le Pen. Plutôt positif.

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