Les faux débats de la campagne

Larcher obsédé
(Photo AFP)

Emmanuel Macron a répondu vivement aux accusations selon lesquelles son gouvernement a utilisé trop souvent des cabinets conseils à un prix élevé. Il a affirmé que la contribution de ces cabinets, tous triés sur appels d’offres, donc en concurrence, était moins fréquente que lors des mandats précédents. Si ses accusateurs sont convaincus de ce qu’ils disent, a-t-il ajouté, ils n’auront qu’à plaider au pénal.

CE N’EST pas la première fois que le Sénat, transformé en officine pour les tirs groupés contre la candidature de M. Macron, tente de discréditer le président de la République par la fabrication d’allégations mensongères. Le président du Sénat, Gérard Larcher, trahit ainsi sa panique depuis qu’il est suggéré par les sondages que sa candidate, Valérie Pécresse, ne sera pas au second tour. On peut comprendre son ressentiment dès lors que la défaite de Mme Pécresse impliquerait en même temps la lourde chute du parti Les Républicains. Mais M. Larcher souhaite changer par les fake news ce qu’il ne peut obtenir par les urnes. Sans exclure qu’il ait raison à propos de l’usage des cabinets conseils, on ne voit pas comment une enquête pourrait établir les vérités qu’il avance avant le 10 avril, date du premier tour.

Macron se fâche.

M. Larcher n’en est pas à son coup d’essai. Non sans prendre ses distances avec la morale (décidément, tout le monde veut ressembler à Poutine), il a exigé du chef de l’État ce qu’aucune loi ne lui demande, c’est-à-dire de participer aux débats de ses onze adversaires pendant la campagne. Sinon, a-t-il indiqué, le président réélu perdrait toute légitimité. Et dans quel texte fondamental est-ce écrit ? M. Larcher, qu’on a connu mieux inspiré, ne cherche pas à abattre le président en exercice. Il suffit qu’il le diffame. Aussi ne sera-t-il pas étonné de constater qu’il commence à agacer le président de la République, qui a offert de fournir la preuve judiciaire que, dans tous les cas de figure soulevés par le deuxième personnage de l’État (ce qui veut dire qu’il remplacerait M. Macron à l’Élysée si celui-ci avait des problèmes avec la justice), il reste totalement intègre.

Le naufrage de LR.

La presse ne défend guère M. Macron, ce qui explique qu’il ait riposté par une courte salve d’artillerie pour s’exonérer de toute culpabilité. Après les élections, les Républicains, qui auront tant à faire pour ne pas périr noyés dans leur naufrage, pourront se demander si la réforme dont leur parti a besoin ne serait pas de commencer par une autre affectation pour M. Larcher. Certes, il tient sa fonction d’un vote, mais ce qui est valable pour lui devrait l’être également pour M. Macron. Les Français ne méritent pas ces bagarres sordides dans l’obscurité des ruelles du pouvoir, et M. Larcher n’a rien fait pour élever le débat qu’il réclame avec tant d’insistance.   Quand la poussière des élections sera retombée, quand les législatives seront terminées et quand M. Macron aura obtenu un second mandat et une majorité présidentielle, ces échauffourées seront complètement oubliées.

Une bataille entre vérité et mensonge.

Ce qui est désespérant, c’est que, au moment où la Russie envahit l’Ukraine, où la France, l’Europe et les États-Unis sont en état d’alerte, où nous traversons peut-être la crise internationale la plus grave depuis 1945, il y en a qui accomplissent encore leur devoir politicien sans le moindre égard pour une opinion française extrêmement inquiète. Ainsi s’enfoncent dans leur propre poussière les décidément lointains descendants du gaullisme. Ils ne se contentent pas de combattre le président à la loyale, ils espèrent le dégommer, et ils s’éloignent ainsi de la vocation qu’ils affichent, eux, des gaullistes et des universalistes qui, en définitive, ont choisi le terrain le plus pourri pour leur bataille. Qu’ils ne s’étonnent pas des défections à LR : Éric Woerth, qui a dit que, contrairement aux affirmations de Valérie Pécresse, Macron « n’a pas cramé la caisse » ou Guillaume Larrivé, qui votera Pécresse au premier tour mais rejoindra Macron au second et plus tard. Toute la politique est une bataille entre la vérité et le mensonge. M. Larcher tire son inspiration de Donald Trump. Un peu comme Poutine.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Les faux débats de la campagne

  1. Laurent Liscia dit :

    Me voici maintenant obsédé par les cabinets-conseil, en effet, et non plus par la possibilité d’un conflit nucléaire.
    La petitesse n’a donc plus de limites. Certains n’ont pas peur de s’inscrire au double registre de l’imbécilité et de la mesquinerie.

  2. Michel de Guibert dit :

    Je ne comprends pas; vous écrivez successivement : « M. Larcher souhaite changer par les fake news ce qu’il ne peut obtenir par les urnes. Sans exclure qu’il ait raison à propos de l’usage des cabinets conseils »…
    Ou c’est une fake-news ou ce n’en est pas une !

    Réponse
    Excusez-moi si je réponds avec retard mais je n’ai pas été disponible pendant deux jours. C’est une fake news tant qu’elle n’est pas prouvée. C’est devenu une manie de sortir des dossiers dans la presse, ou pire dans les institutions pour couler un candidat. Macron a dit que c’est une fake news. Donc, il faut un procès pénal pour le savoir. Logique.

  3. DANIEL HOULLE dit :

    Ce ne sont pas des fake news, c’est le résultat du contrôle parlementaire du Sénat sur les documents budgétaires, dont vous caricaturez le rôle. Je trouve pour une fois votre article assez indigne et manquant de hauteur de vue.
    Daniel Houlle

    Réponse
    Manque de hauteur de vue ? Le rapporteur LR a déclaré qu’il n’y avait « rien d’illégal » dans le recours aux cabinets conseils par le gouvernement. Il se contente de dénoncer un « manque de transparence ». Ce qui est indigne, c’est de rédiger un rapport et d’en faire une bombe électorale dans les médias. Avec ça, les dignes doués de hauteur de vue auront fait élire Marine Le Pen.
    R. L.

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