Poutine boira son pétrole

Marioupol dévastée
(Photo AFP)

On aura compris sans difficulté que Vladimir Poutine n’est jamais à cours d’une agression, d’une manœuvre funeste, d’un choix désastreux. Cette fois, il s’est tiré une balle dans le pied. Il réclame, depuis ce matin, le paiement de son gaz et de son pétrole en roubles.

SES CLIENTS ont répondu par un « non » ferme et définitif. Ils devinent qu’il veut ainsi freiner la chute du rouble qui frappe les Russes de plein fouet en augmentant sérieusement les prix. Certes, on assiste là à un duo d’équilibristes en train de se faire des croche-pieds sur la corde tendue. Il est en effet significatif qu’en dépit des sanctions économiques, l’Union européenne ait continué à importer du pétrole et du gaz russe. Les Européens ne sont pas restés inertes, ils se sont hâtés de trouver des alternatives qui viendront du Proche-Orient et des États-Unis. Déjà, Joe Biden pompe un million de barils supplémentaires dans ses réserves stratégiques pour détendre le marché. Il a promis aux Européens de remplacer le gaz russe.

La crise du pouvoir d’achat.

Cependant, le prix de l’énergie ne va pas diminuer dans l’immédiat et la question du pouvoir d’achat des Européens se pose désormais de manière critique. De la même manière que les Ukrainiens, privés de tout, livrent une guerre héroïque aux troupes russes, de même nous devons nous armer de courage pour affronter la raréfaction de l’énergie. Nous pourrions geindre que Poutine s’en réjouirait. Il est possible, en quelques mois, de substituer des approvisionnements en gaz et en énergie en pratiquant des importations de pétrole de gaz collectifs. La méthode serait d’autant plus intéressante qu’elle peut durer, que nous pouvons nous y habituer et que la riposte affaiblirait Poutine pendant longtemps.

Repli tactique.

Nous avons affaire à un adversaire coriace, paranoïaque en permanence, qui est en train de perdre des positions sur le terrain. Les forces russes, nous dit-on, se regroupent pour reprendre l’offensive. Ce serait seulement ce qu’on appelle un repli tactique. Il a été néanmoins dicté par les combattants ukrainiens. Le recul russe signe l’échec d’une « opération spéciale » si mal organisée que les limogeages des grands militaires russes se multiplient, Poutine étant incapable de s’auto-accuser. En outre, sa soldatesque subit des pertes considérables. On met en exergue les souffrances indicibles du peuple ukrainien, les familles russes ne sont pas à la fête.

Horreurs poutiniennes.

J’éviterai de pêcher par optimisme, mais il n’est pas impossible que le maître du Kremlin perde cette guerre qu’il a prise pour une promenade de santé et que, de fait, il a perdue parce qu’il n’a respecté aucune des lois internationales qui régissent la guerre, que ses troupes se sont livrées à des assassinats, des viols, tuant des femmes, des enfants et des femmes enceintes. Son projet étant une abomination, il s’était engagé dans une voie infernale, pour l’Ukraine, bien sûr, mais aussi pour la Fédération de Russie. Il a réagi à ces échecs avec la colère du type qui s’est trompé et en rend les autres responsables. Pour l’économie russe, qui a besoin de devises, il a exigé des roubles dont la valeur diminue chaque jour, croyant ainsi soumettre ses partenaires commerciaux à un nouveau diktat. Ce sont les Russes qui paient le prix d’un stratagème élaboré par un cerveau sous l’emprise de ses émotions.

Une autre histoire.

Si, pr un hasard impensable, il avait plutôt recherché la détente avec l’Occident, qu’est-ce qui l’empêchait d’offrir de la Russie le meilleur profil, sinon qu’il y a en lui un « historien » qui croit que ses arrière-pensées maladives peuvent rendre à son pays sa grandeur tsariste ou soviétique ? Il n’est pas bête au point d’imaginer un retour en arrière d’un ou deux siècles. Il s’est transformé en un animal hybride fait moitié de tzar et moitié de Staline. Il est parfait dans le rôle. L’ennemi des Ukrainiens est aussi celui des Russes. Il leur fera payer chacune de ses défaites, chacun de ses échecs et finira par perdre le pouvoir quand, parvenu au faîte de son triomphe, il règnera sur une Russie dévastée.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Poutine boira son pétrole

  1. CM dit :

    Nous armer de courage ? Mais le Français moyen n’est bon qu’à pleurnicher sur son « pouvoir d’achat », son ressenti de café du commerce, à rebours de toutes les études statistiques sérieuses qui lui montreraient, s’il comprenait encore quelque chose aux mathématiques, qu’il a gagné du pouvoir d’achat plus qu’il n’en a perdu.
    Et l’Etat nounou qui nous a protégé de la maladie doit maintenant nous protéger, pauvres petits enfants perdus, de toute hausse des prix, quelles que soient les conséquences climatiques ou sociales à long terme.
    Que signifie « gagner la guerre » ? Les européens-consommateurs de l’Ouest sont plus agrippés à leurs loisirs, joujous numériques et mondes virtuels qu’à toute autre valeur ou idéal.
    La foule ne réclame que du pain et des jeux, depuis toujours, et le reste n’importe qu’à quelques illuminés dont nous faisons partie.

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