Le retour de l’hitlérisme

La guerre peut durer longtemps
(Photo AFP)

Chassées de la région de Kiev, les forces russes se regroupent dans l’est de l’Ukraine et s’apprêtent, selon les États-Unis, à lancer une vaste offensive dans le sud. Elle pourrait durer plusieurs mois.

LE MENSONGE, le cynisme, le déni sont les armes de la propagande russe, qui attribuent aux Ukrainiens les massacres de civils à Boutcha, près de Kiev. Ces crimes de guerre sont déjà documentés et feront l’objet d’un examen par la Cour internationale de justice. Depuis le début de l’offensive russe, le 24 février, la férocité russe va croissant. Elle se nourrit de ses propres échecs. Volodymyr Zelensky continue de narguer le Kremlin en s’adressant tous les jours, par voie électronique, aux peuples et gouvernements occidentaux, dont les sanctions économiques commencent à produire leurs effets.

Objectif : Odessa ?

Vladimir Poutine a choisi la fuite en avant. Il semble avoir renoncé à s’emparer de la capitale ukrainienne pour mieux se concentrer sur le sud, afin de conquérir un territoire assurant la continuité entre le Donbass et Marioupol, ville martyre, et peut-être aller jusqu’à Odessa, port situé sur la mer Noire , qui vient d’être bombardé. Les succès tactiques de l’armée ukrainienne ont apporté un peu d’espoir aux démocrates qui soutiennent les Ukrainiens, mais il ne faut pas se leurrer : ils paient très cher, en vies humaines et en destruction de leurs infrastructures, les défaites infligées aux forces russes. Dans ces conditions, que faire ? Européens et Américains ont annoncé de nouvelles sanctions. La première a été le refus d’acheter en  roubles le gaz et le pétrole russe, exigence formulée par le Kremlin et qui se traduit par une humiliation pour Poutine.

Sidérer un peuple par la terreur.

La guerre se déroule toujours dans le brouillard et l’opinion mondiale ne sait pas exactement ce qui est fait pour Zelensky et ce qui n’est pas fait. Il est clair qu’il reçoit par l’ouest des armes défensives qui ont quand même le mérite de détruire les chars, de freiner les colonnes de blindés, de forcer les Russes à quitter les lieux où ils manquent d’une logistique appropriée. Il faut impérativement donner aux Ukrainiens des armes capables de détruire des avions et de priver Moscou de la maîtrise du ciel. Nous sommes placés devant une énigme : combien de temps encore les Ukrainiens peuvent-ils résister et Poutine, acculé, ne sera-t-il pas tenté de monter d’un cran stratégique les armes qu’il utilise ? En attendant, il se venge de ses adversaires en faisant exécuter des civils. Il essaie de sidérer tout un peuple par la terreur. Les Ukrainiens de Boutcha savent maintenant ce qu’il en coûte de déambuler dans les rues.

Zelensky défend notre démocratie.

Au point du conflit où nous en sommes, les « franchissements de lignes » me paraissent toutes relatives, ceux de Poutine ouvrant la voie à une assistance militaire des Occidentaux plus massive. Il est évident que les Russes n’ont jamais sérieusement négocié. Décontenancés par la mobilité meurtrière de leurs ennemis, ils tentent de gagner du temps. Qui est dupe ? Certes, Zelensky, maître de sa communication, se sert des exactions commises contre son peuple pour adresser à l’Europe et à l’Amérique des exigences de plus en plus insistantes. Mais il n’a pas tort : au Donbass ou à Kiev, il se bat sur la ligne de défense de la démocratie, contre le retour de l’hitlérisme. Les Ukrainiens sont en train de se battre pour nous. Ils ont choisi nos valeurs et principes et ils les ont payés de leurs vies, alors que nous les considérons comme naturels. Nous devons une fière chandelle à ces gaillards, mais nous n’avons pas cillé quand le Donbass a été envahi, quand la Crimée a été annexée.

Les barbares de Moscou.

Ensuite l’invasion russe de l’Ukraine a montré la vraie nature du régime russe. Il est barbare et là où il pénètre, il est terrifiant. Ces crimes contre des civils résultent du comportement d’une armée affaiblie qui tente désespérément de riposter par la terreur. La disparition politique de Poutine, ou même son exécution, ne résulterait pas d’une trop grande ambition : le monde n’a pas besoin d’hommes de ce genre. Si ses crimes lui valent une plus grande popularité, c’est parce qu’il a verrouillé la communication sur tout le territoire russe. Le mensonge permanent le protège, moralement et physiquement. Mais un aussi vaste mensonge ne saurait tenir lieu de politique. Tôt ou tard, les Russes seront confrontés à la terrible réalité.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Le retour de l’hitlérisme

  1. george dit :

    Aucune excuse pour Poutine bien entendu. Mais conclure sur un massacre (effectif) me parait imprudent quand on a en mémoire (si l’on en a..) certains massacres faussement attribués à l’adversaire, c’est tout simplement de l’Histoire. Alors il serait sain d’attendre les résultats de l’enquête internationale qui établira les responsabilités. Quant à appeler à l’assassinat de Poutine, en se réclamant en même temps de nos valeurs, un peu de cohérence ne nuit pas ! Je préfère une comparution devant un Tribunal International qui, lui, prononcera une peine juste, parce que fondée, motivée, et sans passion déplacée.

    • Richard Liscia dit :

      La disparition de Poutine ne serait pas un cataclysme. En attendant le lointain jugement de la Cour internationale de justice, nous ne pouvons pas nourrir de vagues remords sur le respect du droit, pas plus que nous ne devons taire nos émotions face à de telles atrocités. M. Zelensky plaide, certes, pour sa paroisse, mais il sait, nous savons, vous savez que, si Poutine reste au pouvoir, le monde assistera à encore plus de massacres. Avoir peur de le faire et même de le dire, c’est lui donner la possibilité de poursuivre son oeuvre de destruction.
      R. L.

  2. TOSON dit :

    Remember Timisoara! Les guerres sont fondées sur la manipulation. Pas de jugement à l’emporte-pièce. Le manichéisme est trop facile.

    Réponse
    Donc, vive la guerre, les massacres, l’arbitraire ! Manichéisme ? Vous parlez de ce que vous connaissez.
    R. L.

  3. mathieu dit :

    « Nous n’avons pas cillé quand le Donbass a été envahi… » c’est vrai, Nous n’avons pas cillé non plus quand Poutine et Bachar massacraient et gazaient la population syrienne ! C’étaient les glorieuses années Obama qui ont permis, invasion après invasion de laisser gentiment mûrir et prospérer le monstre incontrôlable qu’est aujourd’hui Poutine. Mais mieux vaut se réveiller tard que jamais et sortir enfin la tête du sable où nous l’avions courageusement enfouie ! Sachant qu’une brute n’entend que le langages des brutes.

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