Présidentielle : J – 3

Mensonges de campagne
(Photo AFP)

Il faut faire campagne jusqu’au dernier jour et nous ne dérogerons pas à la règle. L’enjeu de ce scrutin, cette année, est historique : pour la première fois, l’extrême droite risque d’accéder au pouvoir.

ON S’EST perdu en conjectures sur les responsabilités de cette « fatalité ». La vérité est que, en additionnant les intentions de Le Pen, de Zemmour et de Dupont-Aignan, l’extrême droite, en France, atteint 40 %. Elle serait unie qu’elle l’emporterait sans coup férir. Quatre Français sur dix sont donc convaincus qu’il faut changer tout ce qui fait la France, la stabilité politique, l’Europe, un revenu peut-être mal distribué mais élevé, au nom d’un « déclin » national dont on prétend qu’il fait souffrir le peuple et qui  est si dur qu’il faudrait casser les principales dispositions de la Constitution. Il faut être aveugle et sourd pour croire au « lissage » des idées de Le Pen, à sa « dé-diabolisation », à ses projets démocratiques et aux vertus dont elle se serait parée. Il ne s’agit que de faux-semblants, autant de raccourcis vers le pouvoir qui, s’ils sont couronnés de succès, plongeront le pays dans une crise institutionnelle, morale, sociale, sans précédent.

Le sort de Mme Pécresse.

Valérie Pécresse, cotée à moins de 10 %, a cru bon d’attribuer l’ascension de Marine Le Pen à la politique d’Emmanuel Macron. Son désolant recul dans les sondages ne l’autorise pas à multiplier les mensonges, d’autant que ses efforts ultimes pour ne pas perdre la face ne l’empêcheront pas d’être éliminée au premier tour. Depuis cinq ans, on nous abreuve d’accusations d’abus de pouvoir commis par le président de la République. Mme Pécresse en a commis plus que lui, en commençant par une campagne entièrement axée sur la diffamation de M. Macron. Que la droite classique n’ait pas encore compris que son seul ennemi sérieux, c’est l’extrême droite sous toutes ses formes, est confondant. Elle paiera le prix de son erreur stratégique par un large repli de LR et l’examen d’une refondation du parti qui sera à la fois profonde et discrète, pour ne pas trop exhiber les plaies de la défaite.

Le recul de Macron.

Il en va de même du PS, qui a tiré à boulets rouges contre Macron, et des écologistes, dont le champion, Yannick Jadot, a interpellé Emmanuel Macron dans l’enceinte du Parlement de Strasbourg jusqu’à ce que la présidente de la digne Assemblée lui ait rappelé que le lieu n’avait pas pour vocation d’étaler les différends franco-français. Le chef de l’État s’est bien gardé de riposter à cette insolence qui représente un incroyable mépris pour des institutions que M. Jadot est censé vénérer. Mais l’occasion était trop belle d’alpaguer Macron en rase campagne, là où il ne lui était possible ni de rétorquer ni de l’interrompre. La campagne a été pleine de ces actes  de guérilla, parfois sur des sujets secondaires ou sur des scandales fabriqués de toutes pièces, de sorte que, en y réfléchissant bien, Macron à 27 %, ce n’est pas mal, après tant de flèches décochées contre lui.

L’aveuglement face au danger.

La droite, inconsciente de son soutien involontaire au lepénisme, n’a pensé pendant des semaines qu’à Nicolas Sarkozy, Sphinx rené de ses cendres, et au soutien qu’il n’a pas accordé à Mme Pécresse. Comment limiter sa campagne à l’onction d’un ancien président qui a perdu l’élection présidentielle de 2012 ? Comment peut-elle croire encore que Sarkozy est l’alpha et l’oméga de la politique en France ? Elle pourra, au lendemain du premier tour, estimer qu’elle a été mal informée, mal organisée, mal dirigée par Patrick Stefanini, son directeur de campagne, vieux routier de la politique qui a sûrement fait son temps. Mais ce qui est le plus grave, le plus surprenant, le plus impardonnable, c’est que la campagne a eu lieu sur le thème de « tout sauf Macron », alors que Macron n’est un danger pour personne, sinon pour les ego des candidats qui réclament le pouvoir sans savoir s’ils le méritent. Un match au second tour entre Macron et Pécresse aurait eu infiniment plus d’allure qu’un duel avec Le Pen. Non seulement la plupart des comportements se sont additionnés pour affaiblir la démocratie française, mais l’aveuglement face au danger aura été une maladie nationale.

Les démocrates n’ont pas le choix. La victoire de Le Pen au second tour serait une malédiction pour le pays et pour son peuple. Au tout sauf Macron, il faut substituer le tout sauf Le Pen. L’amie de Poutine qui tente de cacher son secret de Polichinelle sous des propos sociaux-démocrates, l’anti-européenne qui feint de compatir à la souffrance ukrainienne, l’incompétente qui va réinventer l’économie vaudoue, voilà le personnage le plus destructeur que les Français risquent de placer au pouvoir.

RICHARD LISCIA

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5 réponses à Présidentielle : J – 3

  1. Sphynge dit :

    « Macron n’est un danger pour personne ». Effectivement, il ne l’est que pour la Civilisation, l’Identité et la Sécurité ! Mais du moment que le gestion économique à la petite semaine et les réformes sociétales se font, pourquoi aller chercher mieux qu’un bon petit gérant. Au diable ces questions subsidiaires de remplacement de peuple, d’islam et d’antisémitisme qui ne préoccupent que des candidats « extrémistes » se faisant une bien trop noble idée de la fonction présidentielle et des juifs qui de toute façon sont peu nombreux ! Et puis une majorité d’électeurs allant voter l’éliront parce que sa morgue, son arrogance, son mépris du peuple comptent peu en regard du risque outrageusement fantasmé d’un danger de voir élu un candidat de la droite conservatrice la plus classique représentée par MLP ou Zemmour dont la propagande systémique en ce moment déchaînée, tente de faire des épouvantails. Comme aux temps où existait une extrême-droite en France: aujourd’hui, elle est marginale et pratiquement insignifiante, sauf à baptiser d’extrême droite tout candidat à la droite de Macron. Ce que fait le système depuis Mitterrand : ça a très bien marché et ça marche encore ! Et c’est ainsi que Macron sera ré-élu ou que MLP ne pourrait pas gouverner. Tout le monde sera rassuré et la démocratie sauvée !

    Réponse
    Il y a un moment que j’ai envie de vous dire d’aller écrire ailleurs. Vos commentaires sont pleins de mensonges et de contre-vérités. Entre Macron et Le Pen, il y a LR, vous feignez de l’oublier. Le reste à l’avenant. Ecrire que l’extrême droite est marginale signifie, au choix, soit que vous ne lisez aucun journal soit que vous êtes nul en arithmétique. Ce n’est pas en multipliant les points d’exclamation que vous convaincrez qui que ce soit. Donc je vous propose d’oublier cet espace.
    R. L.

    • Sphynge dit :

      L’insulte est une échappatoire à laquelle je n’aurais quand même pas pensé que vous vous abaisseriez. Puisque la discussion (que vous ouvrez vous-même) ne souhaite pas la contradiction, je vous laisse entre dialecticiens du même avis ! (avec un point d’exclamation). Mais, une fois n’est pas coutume, vous avez raison, je me retire et je ne renouvellerai pas mon abonnement à votre publication.

      Réponse
      Je ne vois pas où est l’insulte, je ne vois qu’un sain rappel à moins d’exagération. Il ne s’agit plus, de votre part, de contradiction, mais de mécanique répétitive d’idées que nous avons largement comprises tout en les combattant. Je constate que, après avoir occupé gratuitement un espace considérable dans le blog, dans un anonymat total (manque de courage ?) vous brandissez la menace du désabonnement. Ce qui ne vous grandit guère, mais montre parfaitement les méthodes que certaines idéologies inspirent.
      R. L.

  2. Laurent Liscia dit :

    Restons calmes et confiants et voyons à J = 0 ce qu’il advient des uns et des autres. Ce qui compte, c’est comment se présente le deuxième tour. Je ne crois pas un instant que les intentions de vote continuent de se reporter sur Marine Le Pen. Bonne chance à la France et à nous tous.

  3. Doriel Pebin dit :

    La fachosphère a manifestement infecté le bon sens et la rationalité. Il est vrai que j’ai des amis de gauche qui classent M Macron…. à l’extrême droite ! On se demande où se situe Zemmour ? Je leur ai conseillé un minimum de raisonnement et rappelé, comme nombre de Français qui « haïssent » Macron, que c’est lui qui est à l’origine du « coûte que coûte » attitude pour le minimum, socialisante. Mais quand on veut accuser son chien, on l’accuse de la rage. Des individus comme Shynge veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Ils sont comme la propagande russe. L’Ukraine serait un concurrent majeur d’Hollywood puisque d’après Radio Moscou, tout ce qu’on voit en Ukraine ne relèverait que d’une mise en scène de tous les jours et dans tous les endroits. Très forts, ces Ukrainiens ! On attend des arguments prouvant que Le Pen et Zemmour relèvent d’une droite… classique et qu’ils ne confondent pas la France gaulliste ou vichyssoise.

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