Mélenchon le subversif

Édouard Philippe ne veut pas d’une « France ingouvernable »
(Photo AFP)

Le groupe Nupes dénonce des « manipulations » de résultats du premier tour. Des candidats seraient listés selon le nom de leur parti d’origine au lieu d’être classés Nupes. Les enquêtes lancées par les médias à ce sujet montrent que les erreurs sont extrêmement rares, que l’immense majorité des candidats sont satisfaits de leur identification et que le camp présidentiel souffre du même problème.

LA QUESTION est : qui est le premier parti de France ? De toute façon, on le saura au soir du 19 juin. Jean-Luc Mélenchon n’a pas d’autre objectif que de semer le trouble, de faire peser la suspicion sur Ensemble, de laisser entendre qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de France. Le problème posé par de genre de comportement, directement emprunté à la démagogie de Trump, c’est que la Nupes a un objectif unique, le désordre parlementaire, la confusion politique et l’ambition, comme dit Édouard Philippe, de rendre la France « ingouvernable ».

Le programme de la peur.

L’ancien Premier ministre a revendiqué une majorité absolue pour son propre camp. Ce serait effectivement la pluie qui met fin aux incendies. M. Mélenchon a adopté récemment un langage moins agressif, mais il n’a jamais renoncé à faire peur aux Français, en présentant son programme comme la revanche des pauvres contre les riches. En somme, à la place d’une sémantique boueuse, il préfère une promesse de règlement de comptes au terme de la lutte des classes. Pendant les quatre jours de campagne qu’il lui reste, il continuera à réclamer que le peuple l’élise « Premier ministre », surtout s’il parvient à avoir une majorité absolue.

Débat ou foire d’empoigne ?

Ce ne sera pas le cas, et personne n’est dupe. La séquence, cependant, ne sera pas terminée. Ses bataillons de députés continueront à dire qu’ils auraient été plus nombreux, il fera croire que les résultats sont manipulés. Ce qu’il veut, c’est que la foire d’empoigne empêche tout débat sérieux. Emmanuel Macron ne peut pas, constitutionnellement, dissoudre l’Assemblée nationale avant un an. Le risque de ne pas avoir une majorité absolue le contraint à chercher une alliance ; elle ne peut avoir lieu qu’avec les Républicains.

Le message de Jacob.

Christian Jacob, leur président, rejette implicitement un tel engagement. Les Républicains, dit-il, voteront les lois qui leur conviennent et rejetteront celles qu’ils n’aiment pas. On peut donc assister à un blocage des institutions et à une perte de temps considérable que le pays ne peut pas s’offrir. La solution réside dans le pilotage à vue ; toute une série de combinazioni peut permettre que soient adoptées successivement des lois dont les inspirations idéologiques seront contradictoires.

Le haut de la fourchette.

En campagne, les candidats de la majorité présidentielle réclament la majorité absolue. Ils lancent des appels à la cantonade que les électeurs n’entendent pas, eux qui trouvent utile qu’un président réélu doive composer éventuellement avec le Parlement. Sans accorder à ces efforts une trop grande importance, le mieux qu’il reste à faire est de voter au second tour et d’attendre : il n’est pas impossible que Ensemble obtienne le haut de la fourchette proposée par les instituts de sondages, et qui est de 310 députés.

Rodomontades.

Bien entendu, du point de vue de la majorité sortante, une note optimiste n’est qu’un encouragement à ramer encore plus fort. À défaut d’un programme applicable, la Nupes dispose d’une capacité de nuisance très étendue et le fera savoir aussitôt après les élections. Le gouvernement, d’une certaine manière, accueille ses rodomontades avec sobriété. Peut-être, en effet, que les démonstrations de force de la Nupes à l’Assemblée suffiront à satisfaire les spécialistes de la casse en ville. Et qu’à tout prendre, nos gouvernants préfèreront cette forme d’expression.

Une chose est sûre : le second mandat de M. Macron ne sera pas une partie de plaisir. On s’étonne parfois de l’ambition que manifestent ceux qui briguent un mandat, quel que soit le contexte politique. Ils n’ignorent rien des risques qu’ils vont courir, mais préfèrent rencontrer des obstacles plutôt que renoncer au pouvoir.

RICHARD LISCIA

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5 réponses à Mélenchon le subversif

  1. Danielle Passebois- Paya dit :

    Et que fait-on au deuxième tour, où comme moi à Béziers, on doit choisir entre un candidat de Le Pen et un de Mélenchon ?
    Réponse
    Il faut voter blanc.
    R.L.

    • mathieu dit :

      En ce cas précis, un vote RN (parti qui ne peut espérer plus de 30 élus et n’aura dans tous les cas qu’un faible pouvoir de nuisance à l’Assemblée) diminuera le pouvoir de nuisance, bien plus menaçant (par une opposition législative systématique à toute réforme), promis par la NUPES… même si des alliances entre ces deux « extrêmes » ne sont pas à exclure!

      • Jean Wolga dit :

        Tout à fait d’accord.
        Marine Le Pen a déjà reconnu certaines de ses erreurs, et elle est peu dangereuse pour la démocratie.
        L’agitateur professionnel Mélenchon n’a jamais reconnu ses erreurs, il ne supporte pas la contradiction, il est violent et agressif, il est dominateur, il ne faut donner aucune voix à la Nupes !
        Réponse
        À la bonne heure.
        R. L.

  2. Laurent Liscia dit :

    Situation étrange ou l’on retrouve dans un système à majorité absolue les faiblesses de la proportionnelle. Comme tu l’expliques, NUPES, qui est une pure fiction, ne pourrait pas gouverner en tant que tel et une hypothétique majorité NUPES éclaterait le lendemain du scrutin. On se croirait en Italie … Il me semble que cette tactique sera punie au deuxieme tour, ou que les reports ne seront pas evidents.

  3. Doriel Pebin dit :

    Nous sommes devant un cas magnifique d’amnésie temporelle ou d’accident ischémique transitoire. Il y a à peine un mois, le pays a clairement voté pour Emmanuel Macron et LFI a été clairement troisième avec 22 %. Macron versus Mélenchon était ainsi annoncé à 56 versus 44 % par tous les instituts de sondage. Mais, tout cela n’a pas existé ! Nous étions dans un mirage puisque NUPES (ou LFI masqué) serait soudainement majoritaire ! Les Français sont-ils pris pour des idiots ou des versatiles par la NUPES et LFI ? Curieux pays qui oublie ce qu’effort de réflexion veut dire.

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