Le dernier combat

Mélenchon en campagne
(Photo AFP)

Il est temps que se termine cette campagne électorale, qui a introduit dans le débat, peut-être plus qu’auparavant, des accusations infondées, des mensonges outranciers et des jugements  inacceptables. Avant même d’être au pouvoir, la Nupes a donné un exemple édifiant de ses méthodes.

IL EST préférable de se concentrer sur ce qui, désormais, apparaît clairement : la Nupes n’aura pas la majorité absolue, mais disposera d’un groupe imposant (jusqu’à 200 députés) capable d’empoisonner les débats ; M. Mélenchon ne sera pas « élu » Premier ministre ; il pourra exercer son opposition jusqu’à faire une somme nulle des projets de la majorité.

Cinq ans de galère.

Dans le camp de Macron, le président a été brillamment réélu pour un second mandat ; il n’est pas sûr d’obtenir la majorité absolue et il doit se préparer à tenter d’organiser une coalition (plus à droite qu’à gauche, par la force des choses) pour engager les réformes dont l’opposition ne veut pas. Il n’est pas impossible que, à terme, il se sépare d’Élisabeth Borne. Il affronte donc cinq années de galère, avec de forts partis d’opposition de plus en plus frustrés et de plus en plus agressifs, dans un contexte de crise mondiale, de crise alimentaire, de famine dans certains pays, d’inflation, de baisse du pouvoir d’achat, d’argent beaucoup plus cher.

Un complot imaginaire.

On se souvient comment son élection en 2017 semblait lui ouvrir la voie royale d’une gouvernance tranquille et réformiste et ce qu’il en a été en vérité. Le paradoxe qui a conduit le peuple français à lui retirer sa confiance après l’avoir élu à raison de deux Français sur trois, est à l’œuvre aujourd’hui encore : si Mélenchon a un talent, c’est celui d’avoir déjà renversé l’ordre des choses. Il s’est donné le droit d’exprimer ses réflexions les plus insolentes et les plus méprisantes non seulement à l’égard de Macron, mais à l’égard de la fonction présidentielle. Il se réclame d’un droit qui n’est écrit dans aucun de nos textes, mais qui lui permettrait d’attribuer chaque mot et chaque geste de Macron à un sordide complot anti-France dont on se demande bien en quoi il serait utile au président.

Accusations contradictoires.

Comme Alexis Corbière et Marine Le Pen (mais où va la calomnie ?), qui ont présenté le voyage à Kiev en compagnie de Mario Draghi (Italie) et Olaf Scholtz (Allemagne) comme un élément illégal de la campagne électorale. Ce sont les mêmes qui reprochaient hier encore à Macron de quitter le sol français en pleine campagne. Les mêmes qui jugeaient monstrueux qu’il lance un appel à l’unité avant de partir. Ces commentaires sournois se fracassent sur la logique et ils n’ont pas été plus tôt présentés qu’ils sont corrigés par des faits nouveaux.

Sa petite entreprise.

En réalité, le choix est clair : Mélenchon a monté sa petite entreprise avec ses matériaux de démagogue, mensonges, calomnies, procès faits à ses adversaires, face auxquels il montrerait, lui, une vertu immaculée. Ce serait idiot si ça ne marchait pas aussi bien. Ce serait à pleurer si les larmes étaient une arme électorale. On dit que le premier parti de France est l’abstention, on peut dire que le premier parti est la bêtise de quelques millions d’électeurs pris au piège du populisme.

Le problème n’est pas la gauche.

Mais aucun groupe, aucune tendance, aucun parti ne peut triompher : l’exécutif est affaibli, contre toute attente ; l’opposition s’est incarnée dans une sorte de monstre improbable fait de bric et de brac ; le problème n’est pas du tout que la gauche redevienne populaire, ce qui, d’ailleurs n’est pas le cas : unie ou désunie, ses effectifs électoraux ne dépassent pas 32 %. Le pays est à droite. Le problème, c’est que cette gauche-là, c’est Mélenchon, pas la social-démocratie ; la démagogie, pas la démocratie ; et la métamorphose du pays, qui ne sera plus européen, dont le rôle mondial sera réduit à néant, dont le rayonnement s’éteindra et où, à force de faire des dépenses et d’augmenter les impôts, on ne cessera de créer des délits qu’il faudra sanctionner.

Je suggère à tous les électeurs de s’accorder cinq minutes de méditation avant d’aller voter. Cinq minutes pour mesurer leur propre responsabilité. Cinq minutes pour comprendre enfin la vraie nature de la Nupes, la plus grosse escroquerie politique que Mélenchon ait inventée.

RICHARD LISCIA

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6 réponses à Le dernier combat

  1. Laurent Liscia dit :

    100 % d’accord. Juste un point: le rayonnement de la France, qui me semble être une survivance de son passé colonial, me parait moins important que son rôle central dans la construction moderne d’une souveraineté planétaire plutôt que nationale. Ça, c’est l’anathème à l’extrême-droite comme à l’extrème-gauche. Les deux extrêmes veulent sortir de tout accord supra-national (UE mais aussi OTAN et traitès économiques etc.) pour mieux « rayonner ». C’est ce même rayonnement auquel Poutine aspire pour sa patrie aux dépens de l’Ukraine. Le rayonnement impèrial, totalement obsolète.

  2. WENZEL dit :

    Je suis bien emmerdé !
    Dans ma circonscription, c’est bulletin NUPES (28 % au 1er tour) ou RN (22,7 % au 1er tour).
    Un vote blanc ou nul ne sert pas à grand-chose.
    Dans ce cas de figure, vais-je, pour la 1ere fois de ma vie, grossir le rang des abstentionnistes ?
    Réponse
    Votez RN, si je peux me permettre.
    R. L.

    • WENZEL dit :

      Vous êtes sérieux ou est-ce de l’humour en dérision ?
      TSN ? (« tout sauf NUPES » ?)
      Ce serait bien la première (et dernière j’espère) fois de ma vie que je voterai FN/RN.

      PS : je vous adore, vous et vos billets quotidiens

      Réponse
      Vous affrontez, avec d’autres un dilemme. « Tout sauf » n’est pas ma tasse de thé. Un vote en faveur du RN, en cette occasion très particulière, contribuerait à la majorité absolue de Macron. Mais on peut aussi voter blanc. Je n’ai de conseils à donner à personne.
      R. L.

  3. Doriel Pebin dit :

    Commentaire très pertinent. Escroquerie de la NUPES + paresse intellectuelle d’une majorité de Français sont les deux clés de ces élections. Nous sommes dans la tambouille électorale au niveau de la gauche qui ne représente qu’un tiers de Français et n’est d’accord que pour avoir des postes de députés et le financement qui va avec ! Valeurs et éthiques ne valent curieusement plus grand chose ! Mélenchon veut qu’une minorité (LFI) impose ses vues sinon ce sera avec la « rue » si cela ne leur sied pas. C’est un jeu de dupes à tous les niveaux mais les Français (enfants trop gâtés) ne pourront s’en prendre qu’à eux mêmes !

  4. FRANCOIS TIROUVANZIAM dit :

    Chaque pays a le gouvernement qu’il mérite.

  5. Dominique S dit :

    Pour moi, c’est fait. J’ai voté selon mes convictions. Entre LREM et NUPES, je n’avais pas besoin d’hésiter. Tant mieux. J’ai également horreur de l’abstention, des votes blancs et des votes nuls. J’avoue qu’entre RN et NUPES, la décision n’aurait pas été facile. J’ai vu que R.L. avait un peu changé d’avis, tout en faisant un calcul stratégique très pertinent. Pour revenir à mon candidat, j’avais deux raisons de voter pour lui. En 2017, j’ai fait comme beaucoup de gens, j’ai voté pour un candidat inconnu aux couleurs LREM. Cette fois çi, j’ai eu l’occasion de le connaître un peu (rencontre à la sortie de l’école maternelle de mon petit fils). C’est un monsieur particulièrement aimable et d’abord très simple. Oui, mais voilà, va-t-il récupérer suffisamment de voix du RN pour l’emporter ? Une précision: mon candidat est d’origine africaine.

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