Ignoble Poutine

Poutine dans les ors de son palais
(Photo AFP)

Tir de missile à Krementchko, à 200 km du front, sur un centre commercial : 20 morts et des dizaines de blessés. Même opération à Lyssytchansk, 8 morts et des blessés et à Kharkiv, 4 morts et des blessés. Poutine bombarde des cibles civiles. Il est devenu le terroriste le plus dangereux du monde.

CES MASSACRES ne sont ni les premiers ni les derniers. Ils signalent la volonté du maître du Kremlin de mettre à genoux le peuple ukrainien. Ils n’ont pas d’autre objectif que de le démoraliser, de mettre un terme à sa résistance et de compenser les revers de Poutine, qui ne subit pas une contrariété sans se venger au centuple.

Le cessez-le-feu, une plaisanterie.

Inutile de dire que le débat sur la négociation qui aboutirait à un cessez-le-feu est une vaste plaisanterie, elle n’a aucune chance, en l’état actuel du rapport de forces, de se produire. Il me semble que les Ukrainiens et les Européens éprouvent assez de rage et de colère pour penser que les belles images du G7 qui se réunissait en Bavière contrastaient avec les scènes ukrainiennes d’incendie et de destructions massives.

Mourir jusqu’au dernier ?

Que faire ? Nous pouvons tous rêver de la mort physique ou de la disparition politique de Vladimir Poutine, ce ne serait qu’un rêve. Nous pouvons tous, Européens et Américains, augmenter notre aide à l’Ukraine en armements sophistiqués, c’est une bataille au finish dont l’issue est imprévisible : Poutine peut lâcher le premier, Zelensky aussi. Il y a donc de la prétention à suggérer une négociation prématurée, de la même manière qu’il y en a à proposer la victoire de l’Ukraine, comme si c’était un résultat facile à obtenir. Finir la guerre est impossible, la poursuivre, c’est demander aux Ukrainiens de mourir jusqu’au dernier, ce qu’ils sont d’ailleurs en train de faire et non sans panache.

L’Ukraine amputée.

La crise remonte à 2014, quand les forces russes se sont emparées de la Crimée sans coup férir. Le crime est d’avoir amputé l’Ukraine et de continuer à le faire, ville par ville, membre par membre, civil par civil. Pourquoi le cacher ? L’Occident a courbé l’échine à ce moment-là, encourageant de la sorte Poutine à récidiver.  Il a cru qu’il pouvait rééditer l’exploit et s’est heurté à une résistance ukrainienne que personne n’avait prévue, à un leadership de Zelensky qui a laissé Moscou pantelante, et les Occidentaux agréablement surpris.

La guerre ou la russification ?

Des milliers de morts dans l’armée ukrainienne et chez les civils, des villes rasées, l’exil de 4 millions d’Ukrainiens, le pays est en train de disparaître sous le rouleau compresseur  de l’armée russe tandis que Poutine hâte la russification du Donbass et de la Crimée, en enseignant le russe aux enfants, en distribuant des passeports russes aux Ukrainiens envahis. Son idée consiste à mettre tout le monde devant le fait accompli, à justifier ses crimes en atteignant ses buts affichés, en interrogeant ses ennemis : préférez-vous la guerre ou le russe ?

L’imprécation ne suffit pas.

Il faudra qu’il paie un jour, mais ce jour est lointain. Il agit comme s’il n’avait plus rien à perdre et comme s’il devait finir la tâche qu’il s’est assignée avant de mourir de quelque maladie dont on colporte la rumeur. Le comportement de Poutine est tellement immonde, cynique et imprévisible que l’idée même de négocier avec lui donne des sueurs froides aux Ukrainiens. Il ne faut pas céder à l’imprécation. Nous avons certes le devoir de ne pas déclencher un conflit nucléaire. Mais nous avons aussi celui de payer n’importe quel prix pour donner à Zelensky les armes indispensables à sa victoire.

Deuil et chagrin.

L’équilibre entre la retenue et l’audace est plus qu’instable. Mais, jusqu’à présent, le camp occidental ne s’est pas divisé. Il reste uni sur les moyens à consacrer à la guerre et sur la vigilance nécessaire pour empêcher un conflit mondial. Le renoncement à cette politique serait incalculable. Il va y avoir une famine dans les pays qui manquent de céréales, une inflation galopante partout dans le monde, des journées de deuil et de chagrin.

Si nous avons épousé avec tant d’ardeur la cause ukrainienne, c’est parce que nous n’avons pas le choix. Si Poutine occupe toute l’Ukraine, il ne s’en contentera pas, il ira agresser les pays baltes, la Moldavie, la Pologne peut-être. Certes, les États voisins font partie de l’OTAN, ce qui signifie ceci : il ne faut pas que, pour empêcher une guerre atomique, nous laissions Poutine parvenir au moment inéluctable où il faudra l’arrêter par une guerre atomique.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Ignoble Poutine

  1. Picot dit :

    Vous n’avez pas écouté les discours de Poutine. Il n’a jamais dit qu’il allait envahir toute l’Ukraine. Quel intérêt aurait-il à le faire? Pour l’instant, cela paraît peu probable. Et pourquoi envahir les autres pays alors que la Russie possède la plus grande surface nationale au monde ? Nous ne sommes plus face à une URSS communiste. Quant aux bombardements de cibles civils, cela demande vérification. Au début du conflit les Russes avaient, soi-disant, bombardé un hôpital, on nous a dit qu’il y avait eu seulement trois morts. Si c’est vrai cela signifie que cet hôpital était vide ou que les Russes tirent comme des pieds. Peu probable.

    Réponse
    Non, il ne tirent pas comme des pieds. S’il vous convient de défendre les agresseurs les plus cruels depuis la Seconde guerre mondiale, je vous plains sincèrement.
    R. L.

  2. Jean Wolga dit :

    Nous ne sommes plus face à une URSS communiste ?
    Nous sommes face à pire ! À un autocrate qui décide tout tout seul.
    Au moins au temps de l’URSS communiste, il y avait un politburo, et un présidium du Soviet suprême où ils se craignaient tous les uns les autres.
    Poutine, lui, ne craint personne car tous le craignent.
    Même au temps de l’URSS communiste, il n’y avait pas à la radio et à la TV officielle les discours d’une violence inouïe contre l’Ukraine et contre l’Occident comme ceux que l’on entend aujourd’hui prononcés par Soloviev et ses collègues journalistes à la solde de Poutine.
    Cela fait 4 mois que les bombardements de cibles civiles, y compris des hôpitaux et des écoles, sont largement prouvés, ainsi que les autres crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés à Boutcha et ailleurs.

  3. doriel pebin dit :

    Commentaire lucide. M Picot raisonne comme le RN et Le Pen et LFI avec Mélenchon. Il trouve « normal » qu’un dictateur agresse un pays indépendant (une petite partie comme l’Alsace-Lorraien par exemple) avec des crimes de guerre répétés (de simples erreurs de tir toutes bêtes !) constatés par d’innombrables observateurs indépendants. Une telle cécité est navrante. Curieux dans ce cadre de constater que Le Pen Mélenchon et consorts s’égosillent de façon répétée devant la soi-disant « dictature » de Macron. Tous ces lepénistes et mélenchonistes « défenseurs du peuple et de la démocratie » restent très silencieux devant les ruptures répétées du droit international. Cela suffit à « imaginer » quelle serait la situation démocratique s’ils arrivaient au pouvoir en France (pour le plus grand plaisir de M. Picot). C’est du même registre que toutes ces féministes qu’on n’entend jamais défendre la soumission des femmes et des filles dans les pays musulmans rigoristes. Même silence unidirectionnel. On ne peut que leur conseiller d’appliquer les règles philosophiques connues depuis Socrate: « Pense contre toi même ». Manifestement, cela leur ferait le plus grand bien en termes de lucidité et de rationalité.

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