Poutine, maître-chanteur

Poutine tel qu’en lui-même
(Photo AFP)

Dans un discours prononcé à Vladivostok, Vladimir Poutine a rejeté toute notion d’isolement de la Russie, a loué ses rapports avec l’Inde, la Chine et la Corée du Nord, et annoncé aux pays européens qu’ils passeraient un très mauvais moment l’hiver prochain car il entend bien maintenir la coupure de l’approvisionnement en gaz.

 

CE DISCOURS a été conçu pour améliorer l’image d’une Russie vacillante, plongée dans une guerre  qui l’affaiblit considérablement et percluse de sanctions économiques, celles dont il affirme qu’elles ne font aucun mal à son pays, dont l’industrie automobile et de guerre est, pourtant, bloquée par le manque de pièces détachées, habituellement importées de l’Occident. Il n’est pas question ici de minimiser la force militaire de la Russie, puissance nucléaire qui a déjà envisagé de mettre les Occidentaux à genoux en utilisant la bombe et qui continue à essayer de terroriser les peuples européens et américain en leur promettant des lendemains terribles.

L’apeuré sème la peur.

Chaque fois qu’il monte d’un cran ses menaces, c’est parce qu’il est mis en difficulté. En Ukraine, lentement, mais sûrement, ses forces reculent et risquent de perdre la ville de Kherson d’ici à quelques semaines ; les difficultés de recrutement par une armée qui manque de bras sont légion ; plus la Russie déporte des Ukrainiens, russifie les territoires ukrainiens occupés, naturalise les habitants du Donbass, commet des crimes de guerre pour anéantir le moral des Ukrainiens et plus Poutine accuse ses ennemis d’être, eux, coupables de ces crimes.

Une chape de plomb.

En effet, il n’y a pas de limites à la propagande russe. Non seulement une partie de l’Ukraine est occupée, mais la Russie est enfermée sous une chape de plomb où n’existent que les mensonges du Kremlin. Ce sont les forces vives du pays qui sont atteintes, l’armée bien sûr, mais aussi la population qui ne comprend pas à quel jeu sinistre se livre le pouvoir et qui a peur de prononcer la moindre critique. La Russie s’est transformée en quelques semaines en pays hitlérien qui n’a même pas eu la chance de remporter une seule victoire militaire.

Ne nous laissons pas impressionner.

Il faut donc mettre en perspective les mensonges que Poutine prononce tous les jours : oui, les sanctions sont efficaces, mais leurs effets sont différés ; oui, l’agression militaire contre l’Ukraine est une régression historique du droit international ; oui, la guerre et ses conséquences sont le fait d’un seul homme qui s’appuie pour le moment sur une population muette et craintive, mais ne sait pas comment crier victoire et mettre un terme à la folie qu’il a commise. Cet homme-là ne peut pas nous impressionner. Sa vision du monde est périmée. Il n’a même pas réalisé qu’il n’avait pas les moyens militaires d’envahir l’Ukraine et, quand il a vu qu’il s’enlisait, il n’a cessé de raconter qu’il possédait des missiles invulnérables et capables de détruire l’ensemble de l’Occident, comme si celui-ci n’avait pas la capacité nucléaire de vitrifier la moitié ouest de la Russie.

L’Occident n’a pas pipé mot.

Il est tellement pétri de haine qu’il augmente la tension internationale tous les jours. Il considère comme une forme d’agressivité anti-russse le seul fait de chercher des ressources alternatives au pétrole et au gaz. Il coupe tous les robinets après avoir engrangé une manne qui fondra vite avec les dépenses de guerre. Les Occidentaux ont très bien réagi au discours de Vladivostok. Ils n’ont pas pipé mot. Ils n’y ont vu qu’un concentré épais de propagande mensongère. Leur sérénité affichée prouve qu’ils n’ont pas peur.

Poutine s’enlise.

Ils opposent à la haine du Kremlin la sobriété verbale et le calme olympien, façon de lui rappeler qu’il n’est qu’un pantin, dont certes les gestes sont rares mais les paroles outrancières. Nous devons poursuivre collectivement ce qui  fait aujourd’hui la force de l’OTAN et de l’Union européenne : réagir le moins possible aux provocations de Poutine et le laisser s’enliser dans les sables mouvants où il a cru pouvoir s’aventurer sans dommages. Il ne fait aucun doute qu’il a changé en quelques semaines l’équilibre des forces dans le monde et déclenché un ré-aménagement des rapports entre les nations. Mais Poutine représente le mal à l’état brut. Et il est dévoré par une passion criminelle qui, tôt ou tard, assurera sa déroute.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Poutine, maître-chanteur

  1. Dominique S dit :

    Nous attendons sa déroute avec impatience !

  2. Laurent Liscia dit :

    Poutine doit être grand amateur de dessins animés, car il se comporte comme une caricature de méchant. Comme Cruella de Ville, il a ses chiens de chevet : la Corée du Nord, la Chine (ni l’un ni l’autre trop surprenants), et l’Inde du nationaliste hindou Narendra Modi qui montre à quel point sa compréhension des valeurs démocratiques est … flexible. On se souviendra de ces tristes sires.

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