L’affaire Quatennens

Adrien Quatennens quand tout allait bien
(Photo AFP)

« Coordonnateur » de la France insoumise, Adrien Quatennens est ce jeune homme talentueux qui mène avec efficacité le combat pour les idées de son parti. Il est tombé dans un mini-scandale qui compromet ses chances politiques.

LES FAITS sont sérieux puisque, en instance de divorce, il a giflé sa femme et confisqué son portable, comme n’importe quel macho qui croit encore que son épouse lui appartient. La nature du délit est confirmée et Adrien Quatennens s’est hâté de démissionner de ses fonctions actuelles. Il a reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon qui souhaiterait en faire son successeur, ce qui signifie que, dans l’esprit du leader de la France insoumise, son lieutenant pourrait un jour briguer la présidence de la République. Dans ces conditions, la sanction paraît excessive, mais le sacrifice personnel de M. Quatennens pourrait être une façon de disparaître pour mieux rebondir ensuite.

Deux messages.

De son côté, M. Mélenchon, une fois de plus, s’est mêlé les pinceaux. Il a fait un premier tweet, éloge dithyrambique de son jeune ami, dont les talents l’exonèreraient de toute culpabilité dans l’affaire. Critiqué pour ne pas avoir dit un mot de la victime, Mélenchon s’est rattrapé avec un second message pour décrire la peine que Mme Quatennens lui inspire. La première idée qui vient à l’esprit, c’est que l’extrême gauche vit les affaires de harcèlement à sa manière qui n’est pas celle que l’on réserve à tous les autres partis. LFI, par exemple, s’efforce de protéger Éric Coquerel, impliqué dans un affaire de drague lourde.

Les pieds dans le plat.

C’est tellement vrai que la tempête est venue de Sandrine Rousseau, EELV, qui n’est pas réputée pour la discrétion de ses messages et a soumis M. Quatennens à un tir de barrage. Elle souhaite tout simplement qu’il renonce à sa carrière politique. Elle a fait exactement à son allié de la Nupes ce qu’elle aurait fait à un membre du gouvernement. Elle a ainsi montré qu’elle est aussi exigeante avec les hommes de gauche qu’elle l’est avec les gens associés au pouvoir, ou de la droite ou de l’extrême droite. Curieusement, on a entendu Olivier Faye exprimer quelques mots d’indulgence à l’endroit de M. Quatennens, conformément à une règle nouvelle et pernicieuse selon laquelle les membres socialistes de la Nupes, coalition des gauches, marchent au son du tambour mélenchoniste.

Deux choses sur Mme Rousseau.

Ce qui est intéressant dans l’affaire, ce n’est pas qu’un membre de LFI haut placé ait giflé sa femme, même si c’est tout à fait condamnable. C’est que la condamnation soit venue de ses alliés, d’une femme, en l’occurrence, au sujet de laquelle on peut dire deux choses : son exigence de vertu masculine n’est pas excessif dès lors que, si on accepte le machisme parce qu’il vient d’un homme capable d’avoir une belle carrière politique, la bataille est perdue ; en même temps, Mme Rousseau poursuit ses batailles sans se soucier de ses diverses appartenances et sans faire la moindre concession à son statut d’alliée de M. Quatennens.

Mensonges et compromissions.

De fait, la pasionaria écologiste donne une leçon à la Nupes, dont le ciment est resté friable depuis les législatives et qui n’a jamais été qu’une façon de glaner quelques sièges de plus à l’Assemblée, pas de diffuser un credo dont on constate ici qu’il dépend complètement des circonstances. C’est le moment pour la majorité et la droite de montrer que les professions de foi vertueuses de l’extrême gauche ne sont que mensonges et compromissions. Conformément au dicton « Rira bien qui rira le dernier », les plus virulents des détracteurs du pouvoir devraient se souvenir qu’on risque de traîner quelques casseroles dans tous les camps et même qu’on a (souvent) un squelette dans le placard.

Il est en va de même pour le Rassemblement national dont les dérapages éthiques ont nombreux (financements occultes, emplois fictifs et complaisances avec Poutine), mais qui n’arrête pas de dire aux Français qu’avec lui, l’honnêteté, l’intégrité, la sainteté, quoi,  sont des valeurs si fortes que ce serait la première partie de son programme. Pour la seconde, il est déjà moins affirmatif.

RICHARD LISCIA

 

PS- J’apprends que Sandrine Rousseau signale aujourd’hui un nouveau cas de brutalité au sein d’un couple. On en conclurait que les radicaux ont un fort penchant pour le machisme si la délation ne venait systématiquement des femmes radicales !

R. L.

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3 réponses à L’affaire Quatennens

  1. Dominique S dit :

    Je suis content que vous abordiez ce sujet. J’ai bien lu la presse ces jours. Je suis scandalisé par les commentaires concernant cette affaire. Les scènes de ménage ont toujours existé et les agressions physiques ne sont à l’honneur de personne. Dans la rubrique « Google actualités », je note que l’information voisine concerne un journaliste qui a longtemps présenté le journal télévisé d’une grande chaine de télévision. Régulièrement des célébrités masculines font les gros titres sur ce même thème. Faut il les mettre dans le même sac ?

  2. Dr VULCAN dit :

    Excellente analyse de ce cas d’école. Les violences, agressions sexuelles et surtout les féminicides sont, si l’on en croit la presse et les statistiques officielles, en nette progression y compris parmi nos édiles politiques! Qui, paradoxalement, ne semblent pas donner l’exemple dans cette affaire Quatennens.

  3. Dominique S dit :

    Cette affaire Quatennens n’en finit pas de faire des vagues. Manuel Bompard a proposé de nuancer la gravité de la gifle. Et c’est le tollé ! Quelle hypocrisie dans ces réactions ! Craignant de ne pas être objectif, j’ai demandé l’avis d’une dame de mon entourage qui a connu la même agression physique que Madame Q. Je suis rassuré par sa réponse. Dans ma profession, on m’a appris à établir des certificats de coups et blessures en fonction de la gravité des lésions. La gifle n’est pas un évènement banal dans la vie d’un couple, mais il me semble que l’adultère aboutit beaucoup plus souvent à une procédure de divorce.

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