Un féminisme entêté

Virginie Calmels avec Laurent Wauquiez en 2017
(Photo AFP)

Ceux qui espéraient que la crise féministe retombe comme un soufflé seront déçus : la bataille fait rage, emportant les espoirs de quelques leaders convaincus qu’ils étaient aux portes du pouvoir. Ni Adrien Quatennens, ni Jean-Luc Mélenchon, ni ceux de son staff, y compris les femmes, qui ont vainement tenté de les défendre, n’ont amélioré les perspectives politiques de la Nupes.

IL S’AGIT d’une déroute en rase campagne : c’est toute la gauche qui est prise dans un étau, alors qu’elle s’apprêtait à s’engouffrer dans la brèche laissée par les élections législatives par la majorité relative d’Emmanuel Macron. Ce résultat, la Nupes ne le doit qu’à elle-même, non parce que M. Quatennens aurait commis un crime ineffaçable mais parce que M. Mélenchon demeure incapable de reconnaître qu’il a un problème à résoudre. Son arrogance l’a perdu, un peu à la façon des épisodes précédents, par exemple celui où il s’est situé au-dessus des lois en affirmant que la République, c’était lui.

Entre Trump et Raoult.

Jean-Luc Mélenchon a toujours voulu être président avant l’heure. Personne, en France, ne ressemble à Donald Trump autant que lui. Ses vastes connaissances ne lui ont jamais permis que de voler au-dessus de la Constitution et de s’estimer affranchi de toutes règles. Il n’admet ni ses fautes ni la nécessité de les réparer. Il y a chez lui un peu du Dr Didier Raoult qui a poussé sa science jusqu’au charlatanisme pour se retrouver, penaud, face à des juges. Ce n’est pas le cas de la Nupes, formation de circonstance, qui partage plus sa haine de la longévité politique du président que les idées censées l’animer.

Le départ de Bayou.

Ce n’est pas un hasard si ce sont des femmes et, parmi elles, l’étonnante Sandrine Rousseau, qui ont mis à bas l’hypocrisie du machisme en politique. Non contente d’avoir cloué Mélenchon au pilori, Mme Rousseau n’a eu de cesse que d’avoir la peau de Julien Bayou, qui dirigeait EELV avec elle, et s’est mis en retrait de toutes ses fonctions. Ce qui se passe à gauche devrait être examiné avec attention ailleurs, à droite ou à l’extrême droite.

L’un ne vas pas sans l’autre.

D’une certaine manière, le radicalisme féministe s’est dressé contre celui des Verts. Partagées entre ces deux formes d’activisme, les Danièle Obono et les Clémentine Autain, si vives dans leur lecture de ce monde injuste, n’ont pas su choisir entre eux remèdes : la défense et illustration du féminisme ou l’adhésion fervente à l’extrême gauche. Mais c’est le même combat, Mesdames : il n’y a pas à choisir, la leçon est que l’un ne va sans l’autre et qu’il vous appartenait de le clamer haut et fort, de tenir un langage de femmes, vouées à la transparence.

Les hommes écrivent les règles.

Le sort fait par LR à Virginie Calmels qui, dans un premier temps, n’a pas été acceptée par le parti comme candidate à la présidence du parti, sous le prétexte qu’elle n’était pas à jour de ses cotisations, n’a pu être réglé par un bras-de-fer. Lequel n’a pas vraiment assaini l’ambiance qui règle à droite où personne ne dit la vérité : Mme Calmels a été recalée parce que c’est une femme, parce qu’elle n’a pas les idées de Bruno Retailleau ou d’Éric Ciotti, et parce que les élections internes de LR se font selon les critères édictés par des hommes.

Hommes, un peu de courage !

Les mâles de droite devraient pourtant se faire une raison : le temps est venu d’introduire la démocratie dans leurs manières et d’admettre que les femmes sont des hommes à part entière. LR peut toujours rappeler qu’une autre femme, Valérie Pécresse, l’a conduit à un désastre aux élections législatives, ce n’est pas la raison de son échec. Les Républicains ont perdu cette séquence électorale parce qu’ils n’ont pas grand-chose à dire par rapport à ce que fait la majorité, si relative qu’elle soit. Et ce serait parfait si, à l’occasion d’un examen de conscience, ils reconnaissaient que leurs électeurs attendent d’eux un peu plus de courage.

Démocratie inachevée.

Ce que traduisent ces comportements masculins si critiqués par les femmes, c’est l’inachèvement de notre si chère démocratie. Incomplète, trahie par des complots minables ourdis dans des officines qui, pourtant, ont pignon sur rue, elle vacille, elle est bancale. Normal, dès lors qu’elle n’est pas soutenue avec toute la fermeté requise par ceux qui en dépendent. De Rousseau à Calmels, il y a un monde. Comme quoi, la molécule princeps qui apaise la planète, c’est la liberté. Ils diront tous qu’ils la servent, qu’ils clament leur amour de l’égalité et de la fraternité. Mais ils s’apprêtent à faire avec elle un mariage de circonstance, quittes à la trahir le moment venu.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Un féminisme entêté

  1. Dominique S dit :

    Je vous avais exprimé ma plus profonde réserve sur les différents commentaires, lus dans la presse et concernant l’affaire Quatennens. L’expression « lynchage en ligne » me paraissait même particulièrement adapté. Quel bonheur de découvrir aujourd’hui dans « le Figaro », le coup de gueule d’un juriste parfaitement qualifié: « Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a dénoncé mardi 27 septembre la «justice de droit privé» à l’œuvre dans les récentes accusations de violence et de harcèlement qui ont visé plusieurs élus, jugeant qu’il était «temps de siffler la fin de la récréation». »

    Réponse
    Libre à vous (et au ministre) de penser que la bataille pour la défense des droits des femmes est une récréation. Je ne crois pas, pour ma part, que les comportement des hommes dénoncés et de ceux qui leur tressent des lauriers est à la hauteur de l’enjeu.
    R. L.

  2. Doriel Pebin dit :

    Bonjour, faisons très attention aux risques de confusion. La justice « de droit privé » est tout autant à bannir que le sexisme machiste, apparemment encore prégnant dans le milieu politique. Le problème d’un certain féminisme (dogmatique) est qu’il se comporte comme le machisme qu’il dénonce. Le maître mot doit être respect de la diversité et défense des valeurs universelles (qui l’incluent). Merci pour vos commentaires.

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