La guerre s’étend au Bélarus

Le vassal et son suzerain
(Photo AFP)

Le raid ignoble lancé par Vladimir Poutine contre des cibles logistiques ukrainiennes était hélas prévisible. Les Ukrainiens ont accompli un coup de maître en endommageant le pont reliant la Russie à l’Ukraine. La fureur du maître du Kremlin s’est traduite par d’atroces représailles. Mais le pire, c’est l’entrée en guerre de la Biélorussie.

PRÉCISONS : il s’agit de l’entrée en guerre officielle d’Alexander Loukachenko, servile vassal de Poutine,  qui a vite appris de son maître l’art de la communication. Avant d’attaquer, il faut annoncer qu’on a été agressé. De la même façon, Poutine prétend que l’Ukraine est devenu un  État terroriste, alors que le terrorisme vient de Moscou et de Minsk. On voit mal l’intérêt de Loukachenko à entrer dans un conflit déjà désastreux pour la Russie, sinon qu’il n’ose pas compliquer ses relations avec Poutine, dont il dépend sur tous les plans. Les deux dictateurs se livrent à un concours pour savoir qui fera la plus grosse bêtise. Je parierais sur Loukachenko, dont l’impopularité est plus grande.

Un prétexte pour les représailles.

Poutine n’hésitera pas,  si les forces ukrainiennes entrent en Biélorussie, à établir un savant calcul juridique qui servira de prétexte à de nouvelles représailles. Il édicte le droit tous les jours, ce qui lui permet atrocités et abominations. Peut-être ne faut-il pas sous-estimer les qualités de l’armée biélorusse, mais Loukachenko n’est au pouvoir qu’après avoir truqué les élections législatives et il affronte un immense mouvement d’hostilité de sa population.

Ils se battent pour nous.

Ce qui signifie qu’il aurait mieux fait de rester en dehors d’un conflit dont il ne maîtrise aucun des facteurs. Il suit Poutine comme un petit chien et il va vers son destin avec fatalisme. Cela n’empêche pas Volodymyr Zelensky de se battre sur plusieurs fronts. Loin de perdre le moral, il excipe de ses progrès militaires tout en réclamant encore plus d’armes modernes américaines. Il n’y a pas de temps à perdre : la guerre est livrée par le Kremlin à l’ensemble de l’Occident et les Ukrainiens se battent pour nous.

L’option nucléaire.

Cette solidarité est indispensable en dehors de la sympathie que nous inspire la cause de l’indépendance de l’Ukraine. Ne nourrissons aucune illusion :  d’échec en échec, Poutine arrivera très vite au point de l’option nucléaire. Ses bombardements ne semblent pas avoir entamé le moral des Ukrainiens, notamment les civils qui, pourtant, sont abrutis de fatigue et d’horreur. Le gouvernement américain doit se préparer à la prochaine folie de Poutine et donner à Zelensky les moyens d’une riposte éventuelle à un bombardement nucléaire tactique qui donnerait un avantage artificiel à la Russie mais la transformerait aussitôt en monstre à abattre.

Avec Poutine, s’attendre au pire.

On a le vertige quand on pense à tout ce dont les Russes sont capables et aux dangers qu’ils nous font courir. Cependant, il fallait s’attendre à ce degré de violence depuis le 24 février. Même si les Ukrainiens avaient été paralysés par la terreur, ils se seraient battus non pas sur un front mais dans la clandestinité. Avec Poutine, à chaque phase du conflit, on doit toujours s’attendre au pire : plus de bombardements et plus de lois de la guerre violées ; la menace nucléaire ; l’alliance déjà toute faite avec Loukachenko, le soutien du boucher Kadyrov (Tchétchénie) ; le mépris de l’humanité, la barbarie, les exécutions sommaires, la dévastation systématique d’un pays beau et fier ; cet affreux anachronisme qui nous renvoie au siècle dernier.

Hitlérisme et mafia.

Le crime des Ukrainiens, c’est la volonté de rester libres ; l’innocence des Russes résulte d’une propagande qui accuse leurs ennemis de faire ce qu’ils font eux-mêmes. L’enjeu est immense parce que la reconstruction du glacis soviétique nous renverrait un siècle en arrière et menacerait nos sociétés qui ne savent se battre qu’en respectant les règles. L’hitlérisme n’est pas mort. Il a laissé une leçon selon laquelle il fonctionne davantage comme une mafia que comme un parti politique. Poutine, ses oligarques, ses amis vulgaires, la corruption de son entourage, tout cela fait penser à une bande de gangsters qui se sont emparés du pouvoir et ne l’abandonneront que lorsque leur clique aura été démantelée.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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Une réponse à La guerre s’étend au Bélarus

  1. Doriel Pebin dit :

    bonjour, rien à rajouter. C’est clair cette alliance entre hitlérisme et stalinisme du XXe. Cela semble séduire encore une frange (heureusement minime) de la population. Merci de continuer à rappeler les valeurs des démocraties et de l’Europe.

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