La démocratie fait de la résistance

Biden et Poutine en 2021
(Photo AFP)

Les élections de mi-mandat aux États-Unis, l’évolution de la guerre en Ukraine, défavorable pour les Russes, la victoire de Lula au Brésil apportent une bouffée d’oxygène aux démocraties, mises à mal par le populisme.

JOE BIDEN n’a pas eu tort de célébrer dans la nuit de mercredi à jeudi les avancées de son parti, les démocrates. Lesquels ont sans doute perdu la majorité à la Chambre des représentants mais se sont défendus âprement sur d’autres fronts, de manière à garder la majorité au Sénat.  De leir côté, les Républicains avaientt juré de ne pas reconnaître les résutats des élections législatives si elles ne leur apportaient pas la victoire. Ils ont mis une sourdine à leurs proclamations, insistant sur leurs gains mais taisant leurs pertes. C’est l’avantage des législatives : elles aboutissent à des interprétations divergentes.

À la recherche d’un vrai président.

Joe Biden a salué ce retour à l’analyse modérée, enfin lavée des fake news et des imprécations. Il a raison : ce que les élections de 2022 ont démontré, c’est que tous les Républicains n’approuvent les formes maladives de communication et doivent  montrer qu’ils ont encore la tête sur les épaules. Nous ne saurions, de ce côté-ci de l’Atlantique, choisir notre homme-lige et sombrer dans le culte de la personnalité. Ce qu’il faut à l’Amérique, ce n’est pas forcément un Biden ou un Trump, un démocrate ou un républicain, mais un président sérieux, crédible, autoritaire, capable d’accomplir l’une des tâches les plus difficiles.

Deux perdants : Trump et Poutine.

On a déjà compris que Biden trouvera sans effort une majorité mixte au Congrès pour continuer à apporter à l’Ukraine l’aide militaire et humanitaire sans laquelle elle serait déjà conquise par les Russes. Il y a deux perdants dans cette élection : Donald Trump dont l’espoir d’être réélu pour un second mandat est en cours de disparition ; et Vladimir Poutine, qui a déjà perdu la bataille de Kherson, et ne sait comment expliquer aux mères russes pourquoi tant de leurs enfants ont été sacrifiés dans un conflit artificiel que le maître du Kremlin a monté de toutes pièces.

100 000 Russes mis hors de combat.

Même les dictateurs doivent rendre compte au peuple. Le peuple russe n’a pas compris pourquoi cette attaque contre un pays frère était indispensable ; n’a pas compris que Moscou envoie à la mort des conscrits qui n’ont pas été formés ; pourquoi un groupe de près de cinq cents soldats russes a été pratiquement  éliminé par les Ukrainiens, juste retour du boomerang tiré par Poutine. Selon des renseignements britanniques, qui sont souvent les premiers à avancer des faits vérifiés par la suite, l’armée russe a perdu 100 000 recrues, mises hors de combat par les tirs ukrainiens, depuis le début de la guerre le 24 février dernier.

On ne peut pas régner par la peur.

On en connait les raisons. Les Russes se moquent de Poutine tant qu’il leur fiche la paix. Quand il envoie de la chair à canon en Ukraine, sa présence au Kremlin commence à être discutée même si toute contestation est gravement punie. On ne peut pas régner par la peur uniquement. Il faut donner une bonne raison à la jeunesse russe pour qu’elle aille se faire tuer sur le front. En même temps, l’ours des glaces ne fait plus peur. On croyait que, en cas de conflit, les chars russes débouleraient rapidement dans les plaines d’Europe centrale. Il n’en est rien.  Pas de logistique, pas d’approvsionnement, pas vraiment de stratégie, seulement des stratagèmes facilement décelés par Kiev.

Piètre stratège.

L’Europe et l’OTAN ont résisté au chantage nucléaire, à la déportation des Ukrainiens vers la Sibérie, à une mobilisation  russe qui a fourni de piètres résultats. La presque totalité de l’activité russe a été consacrée à une communication mensongère. Mais la vérité finit toujours par montrer le bout de son nez dans un cloaque de mensonges faciles à proférer, impossibles à prouver. Non, la Russie ne possède pas la deuxième armée du monde et le pire, c’est que Poutine ne le savait même pas.

Enfin, il apparaît que Poutine n’est pas le grand stratège pour qui il voulait passer. Il a commis des erreurs considérables là où il avait une chance de gagner. Le voilà qui perd, avec des conséquences insupportables pour le peuple russe. Alors, le système russe est toujours meilleur que celui des démocraties ?

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à La démocratie fait de la résistance

  1. Laurent Liscia dit :

    C’est quand même dommage que Lula da Silva soit un corrompu de première ; on pourrait souhaiter une meilleure alternative au peuple brésilien, qui mérite mieux que lui, et certainement mieux que Bolsonaro, une catastrophe pour la planète entière.
    Quant à Poutine, on voit que son système s’effondre de la même manière que s’effondra le mur naguère. Je crois que le vrai fantasme, néanmoins, c’est l’idée que le système chinois, plutôt que russe, peut faire concurrence à la démocratie occidentale ou asiatique. La vérité, c’est que ce système n’a pas non plus été mis à l’épreuve. Xi ne commet pas les erreurs de Poutine. Mais il en commettra quand même, et parce qu’il ne sera pas puni par le scrutin, ces erreurs feront boule de neige. Quant au scrutin américain, c’est tout de même décevant : rien ne se fera dans les deux prochaines années. Il est grand temps d’avoir partout des leaders qui se concentrent sur le vrai problème: le changement de climat. Toute solution économique et sociale doit être évaluée à l’aune de la viabilité.

    Réponse
    Contre la déforestation, Lula est plus valable que Bolsonaro. Il est bon que Trump ait perdu cette manche. Nous ne pouvons pas faire la fine bouche et avoir tout le temps les meilleurs.
    R. L.

Répondre à Laurent Liscia Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.