L’affaire Quatennens s’aggrave

Mélenchon (centre) et Quatennens (droite)
(Photo AFP)

Avec le soutien particulièrement ferme de Jean-Luc Mélenchon, le député France insoumise Adrien Quatennens semblait tenter, depuis quelques jours, un retour à l’Assemblée nationale. C’est ce qui a déplu à Mme Quatennens, qui a nourri le débat avec de nouvelles informations. 


NOUS en étions au point où le jeune député avait reconnu qu’au cours d’une dispute conjugale, il en était venu à gifler sa femme, le regrettait profondément, mais souhaitait dépasser ce moment très désagréable et, surtout, très menaçant pour sa carrière politique. Il a fait l’objet d’une offensive des forces féministes, conduites par l’implacable Sandrine Rousseau, qui n’a pas caché son souhait de le voir démissionner.

Cécile Quatennens offre sa version.

Il n’en a rien fait et semblait même tenter un comeback politique. N’y tenant plus, Cécile Quatennens a publié hier un communiqué dans lequel elle explique que les relations du couple se sont détériorées depuis plusieurs années et ont donné  lieu à des violences verbales -et parfois physiques- avant le jour fatidique de la gifle. Adrien Quatennens a aussitôt démenti les déclarations de son épouse, mais, cette fois, il n’a pas été soutenu par son parti et encore moins par la gauche.  Bref, on en revient au point de départ : la justice s’étant saisie de l’affaire, il devra s’expliquer et les juges décideront qui, dans cette histoire, est la victime.

Débordements rhétoriques.

La simple idée que le député et son parti ont cru avoir la possibilité d’étouffer l’affaire avant qu’elle ne fût jugée en dit long sur les méthodes de LFI qui, en diverses occasions, a montré qu’elle se croit au-dessus des lois. Il suffit de se souvenir du comportement de M. Mélenchon quand ses locaux ont été perquisitionnés pendant qu’il hurlait : « La République, c’est moi ! », comme si LFI n’avait pas de comptes à rendre à la justice dans le cadre d’une affaire d’emplois fictifs. Ce jour-là ne fut pas le plus glorieux du chef de LFI et le souvenir de son esclandre a sans doute pesé sur sa notoriété : il est connnu pour son art oratoire, mais aussi pour des débordements rhétoriques dont il ne perçoit pas forcément le ridicule.

Erreur ou naïveté.

La Nupes, ou coalition de la gauche à l’Assemblée, n’a pas résisté à ce coup du sort et le chef des socialistes, Olivier Faure, a fait savoir que Cécile Quatennens avait le droit inaliénable d’exprimer son point de vue. Erreur de jeunesse ou naîveté personnelle, M. Quatennens a cru pouvoir dépasser un moment difficile de sa carrière en enjambant la haie. Il a certes subi, de la part de Mme Rousseau, une forme de harcèlement, mais il n’a pas compris que toute violence conjugale est d’une gravité insigne qui passe avant les conséquences politiques d’un geste mal maîtrisé et avant les ambitions personnelles.

L’onction de la justice.

Ce qui conduit à penser que M. Quatennens est protégé par M. Mélenchon, qui voudrait en faire son dauphin, au détriment d’autres talents de LFI. Ce qu’ils n’ont pas vu dans leur complicité un peu trop voyante, c’est qu’on n’efface pas d’un revers de la main un incident qui traduit un accès sévère de machisme. Bien entendu, personne n’est obligé, dans cette affaire malheureuse, de prendre parti. Mais M. Faure a parlé comme il faut quand il a dit qu’il fallait de toute façon entendre les mots de Mme Quatennens. Ce qui veut dire que l’auto-absolution du mari est prématurée et qu’il ne saurait être lavé de ce pour quoi il est blâmé sans avoir au préalable reçu l’onction de la justice.

Des privilèges.

Il semble en tout cas que le communiqué de Mme Quatennens ait donné un coup d’arrêt à la notion d’une gauche immunisée contre la loi. Il est tout de même curieux de voir des élus acharnés dans leur défense d’une éthique qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes. Et de les voir s’arroger des privilèges qu’ils nient à tous les autres, comme si leur programme les rendait invulnérables aux requêtes des juges. Il est encore plus curieux qu’ils aient choisi une méthode consistant à brusquer les choses, une autre manière de procéder à un coup de force là où les suffrages devraient suffire à donner la mesure de leur autorité réelle. Le plus grave, c’est que ni Mélenchon ni son protégé ne semblent avoir compris que le machisme est un comportement insupportable.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à L’affaire Quatennens s’aggrave

  1. Marie Hepburn dit :

    Il ne faudrait pas en revenir, ni à la chasse aux sorcières, ni au lynchage par la voie des réseaux sociaux et des médias. La justice a pour mission de définir l’innocence ou la culpabilité de personnes que la police a jugé susceptibles d’être les auteurs d’actes répréhensibles, ces personnes étant toujours présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire.
    Dans le contexte actuel, il faut se demander quel est le rôle, la compétence et le pouvoir de la police en matière de relations personnelles au sein du couple ou de la famille pour intervenir dans le cadre familial, et plus est dans l’intimité de la chambre à coucher, comme cela est le cas de nos jours dans le cas de viols commis par l’époux à l ‘encontre de l’épouse. La police est-elle habilitée à enregistrer de telles plaintes formulées par n’importe quel membre du public à l’encontre de n’importe qui, qui se trouve alors dans l’obligation de prouver publiquement qu’il n’ est pas coupable, alors que selon la loi, il ne l’est pas, jusqu’ à ce que la justice l’a prouvé. Entretemps, la personne est traînée dans la boue, perd son emploi et quelquefois perd la vie bien avant que la justice se soit prononcée. .

  2. fineltain dit :

    Quand Mme Elisabeth Borne souhaite se protéger des extrémistes de tous bords, Mathilde Panot et Jean-Luc Mélenchon d’une part et d’autre part Marine Le Pen et Jordan Bardella, on peut comprendre ce qu’elle veut dire.

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