Corruption au Parlement européen

Eva Kaili, femme politique belle mais mal inspirée
(Photo AFP)

Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen, a été arrêtée hier par la police de Bruxelles pour corruption, en même temps que trois autres personnes, dont un élu italien. Le scandale est immense, Mme Kaili ayant apparemment reçu des sommes importantes en espèces en provenance du Qatar. 

LA NATURE même du délit (ou du crime) explique l’indignation de tous les Européens. L’Union européenne est censée en effet protéger l’État de droit et être à l’abri des manœuvres en provenance de l’étranger. Le fait que Mme Kaili ait reçu de l’argent en grosses coupures (600 000 euros), qu’elle ait été arrêtée la main dans le sac, qu’elle n’avait aucune explication pour la présence de cet argent indique que la police belge enquête depuis longtemps et a attendu le moment de lui tendre un piège.

Prison probable.

Eva Kaili était connue, en outre, pour ses discours pro-Qatar, forme la plus aboutie du renvoi d’ascenseur. L’affaire éclate pendant la Coupe mondiale de football et, si l’Union européenne est très affaiblie par l’affaire, le comportement des dirigeants du Qatar montre qu’ils n’hésitent pas à défoncer les plates-bandes de la démocratie pour parvenir à leurs fins. Sans doute le sort de Mme Kaili est-il scellé. Il est probable qu’elle fera de la prison.

Ils saccagent les principes.

Mais la leçon tirée par les Européens porte sur les lobbies qui s’agitent constamment à Bruxelles, siège de la Commission européenne. Ils sont prêts à payer pour tout : pour la reconnaissance internationale à laquelle ils aspirent, motivés qu’ils sont par l’énorme montagne de cash que le pétrole et le gaz leur ont permis d’accumuler. De toute évidence, leur accès au club fermé des grandes puissances leur semble trop long à obtenir et ils n’hésitent pas à saccager les principes et les règles pour mieux corrompre les acteurs européens.

Emplois fictifs.

L’Union a connu d’autres scandales, notamment la pratique des emplois fictifs, dont certains partis politiques représentés au Parlement de Strasbourg se sont emparés, et ont donné lieu à des poursuites qui ne sont pas terminées, au grand dam des partis concernés, qui voudraient reprendre les fonctions nationales et européennes dont ils ont été privés par une longue enquête. Il s’agissait d’embaucher des collaborateurs censés aider un élu européen mais qui, en réalité, travaillaient pour son parti.

Le débiteur de Doha.

Le scandale de Bruxelles dépasse en dimension celui des emplois fictifs. Qu’une vice-présidente cède à une tentation de voyou est consternant ; elle n’a pu le faire qu’en reniant tous les principes sur lesquels sont fondées les fonctions qu’elle occupait. Le pire, c’est qu’elle a cédé, avec imprudence, à un État qui a fait de la corruption active l’une de ses activités les fréquentes. Dans les relations commerciales ou diplomatiques avec le Qatar, vous ne pouvez pas commencer à bavarder sans être inondé de cadeaux : il faut que vous soyez le débiteur de Doha.

Un projet de grande puissance.

On peut craindre que l’arrestation d’Eva Kaili ne soit que la partie émergée de l’iceberg. On veut néanmoins espérer que la plupart des élus européens sont horrifiés par de telles pratiques et que, s’ils ne le sont pas, ils ne souhaitent pas courir des risques aussi graves. Le procès de la vice-présidente tiendra lieu de mise en garde adressée au monde entier : n’essayez pas de corrompre l’Union européenne. Ce n’est pas un terrain de jeux où tous les coups sont permis, c’est un projet de grande puissance, à côté duquel les ambitions qataries ne sont que roupie de sansonnet.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Corruption au Parlement européen

  1. Laurent Liscia dit :

    Reconnaissons aux enquêteurs belges leur extrême competence. La leçon est claire : les dirigeants du Qatar sont une source de corruption, et il faut élargir l’enquête aux circonstances de la Coupe du Monde. Il est temps de poser des questions a M. Infantino.

  2. du bouetiez dit :

    Quid des nombreux députés européens achetés par Bayer-Monsanto?

  3. TAPAS92 dit :

    Alors que l’on a tout fait pour décrédibiliser le Qatar avant et pendant sa Coupe du monde et que celle-ci se déroule finalement pas si mal que cela, on nous sort une « affaire » contre le Qatar pendant cette dernière semaine de Coupe du monde … la ficelle est un peu grosse, non ? Ne nous trompons pas de cible : ici, ce n’est pas le Qatar qu’il faut blâmer, mais cette euro-députée et plus largement l’institution européenne qui a permis cela. Viktor Orban, soupçonné par l’Europe de corruption, peut rigoler.

    Réponse
    La corruption de Mme Kaili est passive ; celle du Qatar est active. On ne peut les exonérer ni l’un ni l’autre.
    R. L.

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